Disparition des champignons : une menace pour les écosystèmes

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Disparition des champignons : une menace pour les écosystèmes
France
Avatar

L’essentiel

  • D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 411 des 1 300 espèces de champignons recensées sont menacées, principalement par la destruction de leurs habitats.
  • Ces chiffres doivent être nuancés en raison d’une connaissance limitée des champignons, mais ils soulignent l’urgence liée aux rôles essentiels que jouent ces organismes dans les écosystèmes.
  • Les champignons sont des acteurs majeurs de la décomposition, structurent les sols et contribuent à la santé nutritionnelle de nombreuses plantes.

Pour de nombreux cueilleurs, l’automne évoque pluie, froid et la recherche de girolles, cèpes, morilles ou chanterelles. Mais la disponibilité de ces espèces pose question depuis la publication d’un inventaire mené par l’UICN. Sur 1 300 espèces de champignons répertoriées mondialement, 411 — soit près d’un tiers — figurent sur la liste des espèces en danger, un signal d’alarme pour la biodiversité et le phénomène des champignons menacés.

Des chiffres incertains

Ces statistiques méritent toutefois des précautions : elles ne concernent qu’une fraction des champignons décrits (environ 155 000 espèces nommées) et les scientifiques estiment qu’il pourrait exister jusqu’à 6 millions d’espèces. L’effort de recensement est récent et se heurte à un manque d’experts et de financements. Les premières évaluations ont ciblé les espèces suspectées d’être en déclin afin d’identifier leurs causes et de proposer des mesures de protection.

Étudier les champignons est difficile : il est souvent délicat d’évaluer le nombre d’individus ou de distinguer des organismes dissimulés sous le sol, parfois étendus sur plusieurs hectares.

Un groupe d’êtres vivants très diversifié

En France, un inventaire mené en 2024 sur trois groupes (bolets, lactaires et tricholomes) a montré que 28 espèces sur 319 recensées sont menacées ou quasi-menacées. Certaines observations remontent à plusieurs décennies, voire au milieu du XXe siècle, illustrant la rareté de certaines espèces.

Les champignons forment un ensemble extrêmement varié : ce que l’on voit en forêt ou dans les jardins n’est souvent que l’organe reproducteur qui libère des spores. Levures, moisissures, lichens, parasites et agents pathogènes végétaux entrent aussi dans cette catégorie distincte des plantes ou des animaux.

Par ailleurs, pour environ 25 % des champignons évalués en France, les données sont insuffisantes : les spécialistes soupçonnent certains déclin, mais manquent d’éléments pour le confirmer.

Les champignons, acteurs de la décomposition

La principale menace identifiée est la destruction des habitats : conversion de forêts en prairies ou monocultures, urbanisation et surfertilisation des sols en milieu agricole. Ces transformations éliminent les plantes-hôtes de nombreux champignons ou modifient les sols au point de rendre ces milieux hostiles aux espèces qui prospèrent en sols pauvres en nutriments.

La disparition des champignons a des conséquences écologiques majeures. Ils assurent la décomposition de la matière organique et le recyclage des nutriments indispensables au fonctionnement des écosystèmes. Sans cette décomposition, les éléments nutritifs ne seraient plus rendus disponibles pour les autres organismes.

Un intérêt croissant

Le déclin des champignons mycorhiziens, qui forment des associations symbiotiques avec les plantes, peut affaiblir ces dernières : ces champignons prélèvent des nutriments dans le sol et les transmettent aux végétaux, contribuant à leur santé et à leur nutrition. Les réseaux de mycélium, présents sous terre, jouent aussi un rôle structural essentiel pour la qualité des sols, base de toute vie terrestre.

Malgré ces enjeux, des signes positifs apparaissent : l’intérêt du public pour les champignons s’intensifie et la vulgarisation scientifique se développe. Les scientifiques communiquent davantage et la liste rouge contribue à mieux faire connaître ces organismes. L’étape suivante consiste à transformer ces connaissances en actions de protection concrètes pour limiter l’extension des champignons menacés.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire