Tragédies des Premières Dames Veuves aux États-Unis

par Olivier
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Tragédies des Premières Dames Veuves aux États-Unis
États-Unis

L’histoire américaine met souvent l’accent sur les vies célébrées et les morts tragiques des présidents — en particulier ceux tombés sous une balle d’assassin, comme Abraham Lincoln, James Garfield, William McKinley ou John F. Kennedy — mais on parle moins des destins malheureux des Premières Dames veuves qui leur ont survécu. Plusieurs d’entre elles ont connu des épreuves déchirantes avant et après la mort de leur mari, illustrant la vulnérabilité et la souffrance des « Premières Dames Veuves ».

Jacqueline Kennedy lors des funérailles de John F. Kennedy

Mary Todd Lincoln fut internée

Mary Todd Lincoln en tenue de deuil

Dès avant son rôle de Première Dame, Mary Todd Lincoln avait traversé des tragédies familiales : en 1850 son fils Edward, appelé Eddie, mourut de tuberculose avant d’avoir 4 ans. Les épreuves se multiplièrent après l’arrivée à la Maison-Blanche. Lors de la guerre de Sécession, ses origines dans une famille d’esclavagistes du Kentucky suscitèrent des doutes sur sa loyauté auprès de certains Nordistes, et ses dépenses pour redécorer la résidence firent d’elle la cible de critiques.

En 1862, leur fils Willie succomba à la fièvre typhoïde à 11 ans. Trois ans plus tard, Mary se trouvait aux côtés de son mari quand John Wilkes Booth lui tira une balle dans la nuque. Dans les années qui suivirent, leur autre fils Tad mourut à 18 ans d’une maladie, et Mary s’engagea davantage dans le spiritisme, pratique qu’elle avait adoptée après la perte de Willie.

En 1875, son dernier fils vivant, Robert, la fit internée contre son gré dans un établissement psychiatrique — décision dont la nécessité fait encore débat. Après sa libération, elle séjourna en Europe, se blessa au dos lors d’une chute, puis regagna l’Illinois. Mary Todd Lincoln s’effondra, tomba dans le coma et mourut en juillet 1882 chez sa sœur, à 63 ans.

Lucretia Garfield souffrait du paludisme lorsque son mari fut abattu

Portrait de Lucretia Garfield

Lucretia et James Garfield connurent déjà la perte d’enfants avant l’accession de James à la présidence. Leur première fille, Eliza — surnommée « Little Trot » d’après un personnage de Dickens — mourut de diphtérie avant ses quatre ans. Treize ans plus tard, leur fils Edward succombait à la coqueluche à près de deux ans.

Lucretia n’était pas favorable à l’idée que son mari devienne président, mais elle le soutint pleinement après son élection. Leur séjour à la Maison-Blanche fut bref : au bout de quatre mois, un politicien mécontent nommé Charles Guiteau tira sur le président au dos dans une gare de Washington D.C. Au moment de la fusillade, Lucretia se remettait du paludisme dans un hôtel de la station balnéaire d’Elberon (New Jersey). Elle retourna à la Maison-Blanche et resta aux côtés de son mari tandis qu’il souffrait d’une balle proche de la rate que les médecins ne purent extraire.

Les médecins transférèrent ensuite le président vers un hôpital d’Elberon, où il succomba à un empoisonnement du sang et à d’autres complications le 19 septembre 1881. Après sa mort, Lucretia regagna l’Ohio avec ses enfants, se tint à l’écart de la vie publique, veilla à la mémoire de son mari et mourut en 1918.

Ida McKinley dut composer avec une maladie invalidante

Ida McKinley assise dans un fauteuil

Ida McKinley connut une série de malheurs avant et après l’arrivée de William McKinley à la présidence. Après la mort de sa mère, elle traversa une grossesse difficile avant de donner naissance à une fille prénommée Ida, qui mourut quelques mois plus tard. Deux ans plus tard, une autre fille, Katie, décéda à 3 ans.

Par la suite, Ida souffrit de violents maux de tête et de crises convulsives — troubles mal compris à l’époque et peut‑être liés à l’épilepsie. Les médicaments prescrits eurent des effets délétères et renforcèrent sa dépendance envers son mari. Pendant la campagne présidentielle, les adversaires s’acharnèrent contre elle, l’accusant notamment d’espionnage pour les Britanniques ou de troubles mentaux. En raison de sa maladie, son rôle à la Maison-Blanche resta discret.

Le 6 septembre 1901, alors que William McKinley se trouvait à Buffalo pour l’Exposition panaméricaine, un anarchiste nommé Leon Czolgosz l’abattit. Le président mourut huit jours plus tard des complications. Ida, accablée de deuil, retourna en Ohio ; elle n’assista pas aux obsèques mais rendit visite quotidiennement à la tombe de son mari et supervisa la construction d’un mémorial en son honneur. Ida McKinley s’éteignit en 1907, probablement des suites d’une grippe.

Jacqueline Kennedy assista à l’assassinat de JFK

John F. Kennedy et Jackie peu avant l'attentat

Le destin tragique de Jacqueline Kennedy débute avant l’assassinat de John F. Kennedy et se poursuit ensuite. Enfant, la séparation de ses parents la marqua profondément, à une époque où le divorce était moins courant. Après son mariage avec Jack Kennedy, elle dut renoncer à son emploi de journaliste et de photographe. Selon certains historiens, elle eut connaissance et souffrit des nombreuses infidélités de son mari.

Jackie connut aussi plusieurs grossesses difficiles : une fausse couche en 1955, un mort-né l’année suivante, puis, en août 1963, la naissance d’un fils, Patrick, qui mourut deux jours après sa naissance. Deux autres enfants, Caroline et John Jr., survécurent jusqu’à l’âge adulte.

Le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas), Jackie se trouvait aux côtés de son mari dans une limousine décapotable lorsque Lee Harvey Oswald tira sur le président à deux reprises, l’un des projectiles l’atteignant à la tête. Elle l’accompagna à l’hôpital, où les médecins constatèrent le décès. Dans les années qui suivirent, elle fut harcelée par la presse. Elle se remaria en 1968 avec Aristotle Onassis, qu’elle survécut (lui mourut en 1975). Jacqueline Kennedy décéda d’un lymphome non hodgkinien à l’âge de 64 ans. Elle fait partie des Premières Dames veuves ayant subi la tragédie d’un mari assassiné, en plus d’autres calamités avant et après cet événement.

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