Parcours et engagements de Mary Edwards Walker

Poursuivant l’exploration des figures marquantes de la guerre civile, Mary Edwards Walker (née en 1832) incarne une rare combinaison de compétences médicales et d’engagement social. À une époque où les femmes étaient rarement admises en faculté de médecine, elle s’impose comme médecin et chirurgienne, brisant des barrières professionnelles considérables.
Engagée aussi bien sur le plan social que politique, Walker devient une militante infatigable : féministe, abolitionniste et défenseure de la tempérance. Enseignante un temps, elle choque certaines personnes en adoptant le port du pantalon — souvent caché sous une jupe — invoquant la praticité plutôt que la provocation. Comme elle le déclarait : « Je ne porte pas des vêtements d’homme. Je porte mes propres vêtements. »
Son action pendant la guerre civile reflète cette détermination. Les étapes clés de son engagement sont :
- Maintien d’une pratique médicale privée avant et pendant le conflit.
- Multiples offres de service au profit de l’Union : refus initial, proposition de rôle d’infirmière qu’elle décline, puis service comme chirurgienne civile non rémunérée.
- Intervention au-delà des lignes militaires pour soigner soldats et civils, sans se laisser arrêter par la distinction entre personnel militaire et personnel civil.
- Capture par les troupes confédérées après avoir assisté un chirurgien adverse ; détention pendant cinq mois avant d’être libérée dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Dr. Mary Walker dans sa tenue personnelle

Après la guerre, Mary Edwards Walker poursuit une carrière dédiée au service social : direction d’un établissement pénitentiaire féminin, gestion d’un orphelinat et conférences publiques sur les droits des femmes et la tempérance. Elle multiplie les interventions publiques en faveur de la liberté vestimentaire et du statut des femmes.
Souhaitant obtenir une reconnaissance militaire officielle pour valider son engagement, elle se voit refuser toute commission — l’institution ne disposant pas de précédent pour une femme. À défaut, la plus haute décoration militaire des États-Unis lui est attribuée : la Médaille d’Honneur, saluant son dévouement envers les « malades et blessés » avec un « zèle patriotique… au détriment de sa propre santé ». Bien que cette distinction ait été contestée et retirée en 1917, Mary Walker continua de la porter jusqu’à sa mort. En 1977, la Médaille d’Honneur lui fut rétablie, au motif de sa « bravoure distinguée, son sens du sacrifice, son patriotisme et sa loyauté inébranlable envers son pays, malgré la discrimination apparente liée à son sexe ».
La trajectoire de Mary Edwards Walker illustre les tensions entre service, reconnaissance institutionnelle et lutte pour l’égalité des sexes au cœur du XIXe siècle, offrant un cas d’étude précieux pour qui s’intéresse à l’histoire sociale et militaire.
