Une figure emblématique de la conquête de l’Ouest
Pour comprendre le parcours de Kit Carson, il faut replacer sa vie dans le contexte impitoyable de l’expansion vers l’Ouest. Né le 24 décembre 1809, Christopher Houston « Kit » Carson est issu d’une fratrie de dix enfants. Orphelin de père à neuf ans, il entra très tôt dans la vie active pour aider sa famille, trajectoire qui le conduisit des montagnes à l’armée et des pistes de trappeur aux négociations diplomatiques.
Sa réputation se forgea au gré d’expéditions et d’aventures : exploration et colonisation de la côte Ouest, piégeage dans les montagnes, contribution à l’installation de colonies au Nouveau-Mexique, et une longue carrière d’officier de l’armée. Il survécut à des blessures, aux conditions extrêmes et à des affrontements souvent mortels — y compris un duel à cheval au sein d’une assemblée de mountain men, qui lui valut finalement la main de la femme en cause.
Carson entre héros, trappeur et médiateur
Kit Carson explora et mena des expéditions qui ont façonné la Californie et l’Oregon, et il joua un rôle important dans la pacification du Sud-Ouest. S’il combattit à certaines occasions des tribus amérindiennes, il négocia aussi des traités et manifesta, plus tard, une vive indignation face aux massacres perpétrés contre des villages indiens, y compris des femmes et des enfants. L’essayiste Hampton Sides rapporte son effarement devant de tels actes et sa question : comment qualifier ces soldats et ces victimes devant Dieu ?
Son rapport aux peuples autochtones évolua avec l’âge. Il eut dix enfants au cours de trois mariages, et ses liens familiaux reflètent la diversité culturelle des territoires où il vécut :
- Première épouse : d’origine arapaho.
- Deuxième épouse : d’origine cheyenne.
- Troisième épouse : Josefa, d’origine mexicaine ; sa mort dans les bras de Carson le bouleversa profondément.
Une chute de cheval, survenue quelque temps auparavant, lui avait causé un anévrisme et des douleurs persistantes. Pour soulager ses souffrances, il prenait un mélange contenant de l’opium et se reposait à Fort Lyon, dans le Colorado. D’après Hampton Sides, l’après-midi du 23 mai 1868, après avoir mangé un steak de bison, bu un grand café et fumé sa pipe, son anévrisme finit par céder.
Ses derniers mots, adressés au médecin qui l’assistait, furent : « Doctor, compadre, adios! » Il mourut moins d’un mois après la perte de Josefa, concluant ainsi la vie tumultueuse d’un homme indissociable de l’histoire du Far West.


