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Un chien est jugé comme un humain après avoir défiguré une femme. Laetitia Dosch s’empare de cette idée absurde pour livrer une comédie à la fois drôle et cruelle. Kodi, le héros du film et croisé Griffon, parvient à voler la vedette à ses partenaires et a même remporté la Palm Dog 2024 au festival de Cannes.
Dans Le Procès du chien, Dosch remet en lumière un concept que l’on pensait révolu : le jugement d’animaux. La comédie acide a été dévoilée lors du festival de Cannes et a reçu un prix pour son scénario au festival d’Angoulême. Le film explore les conséquences des actions d’un chien ayant mordu plusieurs personnes et défiguré une femme, qualifiant ce dernier de manière ironique sur le banc des accusés, tandis que son maître, un marginal campé par François Damiens, lutte pour sa défense.
Kodi superstar
Le procès se concentre sur Cosmos, le chien, qui, dans la réalité, répond au nom de Kodi. Laetitia Dosch, qui occupe également le rôle d’une avocate engagée à sauver l’animal menacé d’euthanasie, a coécrit ce film avec Anne-Sophie Bailly. Son personnage souffre d’un handicap qui la rend vulnérable dans sa profession ; elle perd le contrôle de sa voix lors des plaidoiries, ce qui affaiblit même ses arguments les plus judicieux.
Ce récit, tiré librement d’une histoire vraie, surprend et provoque des réflexions. « Je me suis intéressée à la cause animale dès mon spectacle Hate, où j’avais un cheval comme partenaire », se souvient Dosch. Le procès, où le chien est au centre du débat, questionne la place des animaux dans une société où ils sont encore perçus comme des « choses ».
Une comédie révélatrice
Les enjeux du film se déploient autour de questions sociétales importantes. Doit-on juger un chien comme un adulte ? Est-il responsable de ses actes ? Pourquoi les attaques semblent-elles cibler des femmes ? Laetitia Dosch souligne que son film est profondément politique et féministe, cherchant à susciter autant des rires que de la réflexion chez le spectateur.
Le suspense monte autour des différentes thématiques abordées, avec un mélange de moments délirants, comme l’interrogatoire du chien, qui alimentent les débats entre les partisans et les détracteurs du canidé. La réalisatrice ne prend pas position, laissant le public interpréter la situation comme un jury.
Kodi, le héros à quatre pattes, joue un rôle fondamental. « C’est un chien des rues, un pur bâtard qui a grandi seul avant d’être adopté. Il représente les laissés-pour-compte de notre société », explique Dosch. Sa performance est si impressionnante qu’elle lui prédit une belle carrière à l’instar du fameux Border Collie Messi d’Anatomie d’une chute, récompensé précédemment.
Humour et humanité
Le Procès du chien mélange habilement humour et sujets sérieux, sans jamais tomber dans la mièvrerie. « Ce chien est très mignon mais il est dangereux car il mord les femmes », insiste la réalisatrice, reconnaissant que la situation provoque de vifs débats entre féministes, animalistes et la population en général. La fin du film, audacieuse, est une véritable réflexion sur sa vision du monde : « Je voulais garder une certaine légèreté mais je ne pouvais pas me montrer plus optimiste que l’époque », conclut-elle.
Avec un mélange d’originalité et d’intelligence, Laetitia Dosch présente un film qui interroge et divertit, émouvant tant par son propos que par ses personnages hauts en couleur.