Si l’expression « Tu ressembles à un ange » est souvent perçue comme un compliment, un examen approfondi des textes bibliques révèle qu’elle est plutôt inappropriée, voire trompeuse. En effet, l’image stéréotypée des anges dans la culture populaire – beaux humains à la peau claire, vêtus de robes blanches, dotés d’ailes délicates et parfois d’auréoles – diverge nettement de leur véritable description dans la Bible.
Dans les Écritures, les anges sont décrits comme des êtres souvent étranges, parfois terrifiants, qui inspirent crainte et respect. L’iconographie moderne a adouci leur apparence, alors que les textes anciens évoquent des créatures hybrides et même des figures mécaniques, évoquant plus un mystère divin qu’une simple beauté angélique.
Une des descriptions les plus marquantes apparaît dans la vision inaugurale du prophète Ézéchiel (Ézéchiel 1), qui présente deux types d’anges : les chérubins et les ophanim. Les chérubins ne sont pas de mignons nourrissons dodus, comme ils sont souvent représentés aujourd’hui, mais de redoutables êtres composites. Chaque chérubin porte sur son corps plusieurs visages : celui d’un homme, celui d’un lion à droite, celui d’un bœuf à gauche, et celui d’un aigle. Ces créatures possèdent également deux paires d’ailes – l’une pour le vol et l’autre pour couvrir leur corps – ainsi que des jambes droites terminées par des sabots étincelants, évoquant la puissance et la solennité.
Les ophanim, de leur côté, tirent leur nom hébreu qui signifie « roues ». Ézéchiel décrit ces anges comme des roues entrelacées, couvertes d’yeux tout autour de leurs bords. Elles brillent comme du topaze et flottent en reproduisant les mouvements des chérubins, gardant le trône de Dieu avec une vigilance impressionnante.
Un autre type angélique, les séraphins, est évoqué dans le Livre d’Isaïe (Isaïe 6). Ces êtres majestueux possèdent six ailes : deux couvrent leur visage, deux couvrent leurs pieds et deux autres leur permettent de voler. Contrairement aux chérubins jugés gardiens, les séraphins ont pour fonction principale de chanter les louanges de Dieu autour de son trône, proclamant avec ferveur : « Saint, saint, saint est le Seigneur tout-puissant ; toute la terre est pleine de sa gloire. »
Enfin, les anges messagers, souvent plus familiers pour nous, apparaissent sous des formes plus humaines, illustrant un contraste avec leurs homologues anciens et fantasmagoriques. Des figures telles que l’archange Michel dans le Livre de Daniel ou Gabriel annonçant à Marie la naissance de Jésus, prennent l’apparence d’hommes semblables à ceux que nous connaissons. Cette humanité relative se retrouve aussi dans le Nouveau Testament, où les anges au tombeau de Jésus sont décrits comme « deux hommes en vêtements éclatants ».
En dépit de cette apparence humaine, il convient de noter que, contrairement aux idées reçues, selon les textes, seuls les chérubins et les séraphins sont dotés d’ailes. Les ailes des anges messagers sont une invention artistique médiévale visant à distinguer visuellement les anges des humains dans les œuvres d’art. Quant aux bercements angéliques et aux harpes souvent associés à leur image, ils sont venus plus tard, notamment avec l’épopée « Le Paradis perdu » de John Milton en 1667.