C’est une idée classique : un enfant, mécontent de sa situation, s’imagine que ses vrais parents sont en réalité des membres de la royauté. Un jour, ils viendront le chercher et il deviendra un prince ou une princesse, libre de choisir son destin sans contraintes liées au genre. Mais qu’en était-il vraiment d’être un enfant d’Henry VIII, ce roi d’Angleterre célèbre et redouté ?
La réalité était loin d’être idyllique. Même comparée aux normes du XVIe siècle, la vie des enfants d’Henry VIII fut marquée par la tragédie. Sur ses six premiers enfants, quatre furent mort-nés ou moururent peu après la naissance, et le duc de Cornouailles, Henry, ne survécut que deux mois. Parmi les enfants conçus avec Anne Boleyn, trois furent des fausses couches. Ce n’était que le prélude à des destins souvent bien sombres pour ceux qui survécurent.
Henry VIII eut trois enfants légitimes qui parvinrent à dépasser l’enfance. La première, Mary I, grandit dans un luxe considérable jusqu’à ce que les difficultés d’Henry à concilier ses rôles de souverain et de père ne la fassent déclarer illégitime. Elle fut alors rétrogradée au rang de dame de compagnie auprès de sa demi-sœur cadette, Elizabeth, une position qu’elle refusa d’accepter. Leur relation avec leur père fut compliquée, notamment parce qu’il la maintint enfermée et lui interdit de voir sa mère sur son lit de mort.
Elizabeth, de son côté, connut un début de vie chaotique. Sa mère fut décapitée alors qu’elle avait moins de trois ans. Après la mort d’Henry, son beau-père, Thomas Seymour, eut un comportement déplacé envers elle, contribuant à son rejet durable du mariage.
Quant à Edward VI, seul héritier masculin légitime d’Henry, il monta sur le trône à neuf ans. Malgré la lourde responsabilité et les turbulences politiques, son existence fut relativement confortable, bien que courte, puisqu’il ne vécut que quinze ans.