Immortalisée dans la littérature shakespearienne, les œuvres artistiques et le cinéma, Cléopâtre reste sans doute la souveraine féminine la plus célèbre de l’histoire égyptienne, suivie de près par la reine Néfertiti et la reine Hatchepsout. Dans une époque largement dominée par des dirigeants patriarcaux, ces femmes de pouvoir ont réussi à régner sur l’Égypte ancienne, démontrant que la société égyptienne accordait aux femmes des droits et des pouvoirs importants, à l’inverse de nombreuses autres civilisations contemporaines comme la Grèce antique.
Selon la World History Encyclopedia, les femmes de l’Égypte ancienne jouissaient de droits supérieurs à ceux conférés dans d’autres civilisations de l’époque : elles pouvaient posséder des terres et des commerces, recourir à l’avortement, consommer de l’alcool, initier le divorce et accéder à des postes de pouvoir tels que celui de pharaon. Cependant, le nombre exact de pharaonnes reste sujet à débat en raison du manque de preuves écrites. L’égyptologue Joann Fletcher estime qu’environ douze femmes pharaons ont régné au cours de l’histoire pharaonique.
Pharaonnes emblématiques
Cléopâtre, née en 69 av. J.-C., est l’une des figures les plus marquantes. Elle monta sur le trône à 18 ans à la mort de son père, Ptolémée XII Aulète. Après une co-régence brève avec son frère cadet, elle s’imposa seule à la tête du royaume. Dernière souveraine avant qu’Égypte ne devienne une province romaine, Cléopâtre régna durant 21 ans. Sa puissance politique s’accompagna d’une vie amoureuse tumultueuse, épousant notamment ses deux frères cadets et entretenant des relations influentes avec Jules César et Marc Antoine, qu’elle séduisit en se déguisant en Vénus, déesse de l’amour.
Hatchepsout fut une autre pharaonne emblématique. À seulement 12 ans, elle devint reine en épousant son demi-frère Thoutmôsis II. Quand ce dernier mourut, le trône revint à son fils encore enfant, et Hatchepsout exerca la régence. Elle alla plus loin qu’une simple régente en s’octroyant les pleins pouvoirs de pharaon, adoptant une représentation masculine avec kilt et barbe postiche, symboles du pouvoir traditionnel. Précédant Cléopâtre de près de quatorze siècles, elle fut la première femme à régner pleinement en Égypte ancienne, ouvrant la voie aux pharaonnes suivantes.
Pharaonnes méconnues
Si certaines pharaonnes sont célèbres, d’autres restent relativement oubliées. Sobeknéferou, première femme à régner en pharaon, fut la dernière de la XIIe dynastie. Montée sur le trône à la mort de son père Amenemhat III et de son demi-frère, elle régna pendant quatre ans. Comme Hatchepsout, les représentations la montrent avec les attributs masculins du souverain. Son nom, lié au dieu crocodile Sobek, signifie « celle qui montre la beauté de Sobek », lui valant le surnom de Reine Crocodile d’Égypte. Peu d’informations subsistent sur elle, notamment concernant les circonstances de sa mort, qui demeurent mystérieuses.
Quant à la reine Merneith, son nom se traduit par « la bien-aimée de Neith ». Elle aurait régné environ une décennie après la mort de son mari, le roi Djet, durant la période prédynastique dite « Période dynastique précoce ». Deux tombes royales lui sont attribuées, l’une à Abydos, l’autre dans l’actuelle ville de Memphis. Initialement, sa deuxième tombe fut attribuée à un roi masculin, mais la découverte d’un sceau la désignant comme « Mère du roi » a révélé son statut privilégié de souveraine. Malgré son importance, Merneith reste une figure oubliée de l’histoire égyptienne.