Comment Charlemagne a transformé l’écriture moderne

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Comment Charlemagne a transformé l'écriture moderne
France, Allemagne

La manière surprenante dont Charlemagne continue d’influencer l’écriture moderne

Imaginez un instant que cet article soit dépourvu de points, de virgules, de lettres minuscules et d’espaces entre les mots. Imaginez également qu’il n’y ait ni marges régulières, ni paragraphes, ni moyen de distinguer visuellement les phrases ou les sujets. Les lettres se chevauchent même de ligne en ligne. Voilà à quoi ressemblait l’écriture à la fin de l’Antiquité, une période qui relie le déclin de l’Empire romain aux « Moyen Âges », c’est-à-dire l’Europe médiévale (IVe – VIIe siècles de notre ère, approximativement).

La partie occidentale de l’Empire romain s’est progressivement effondrée vers 476 de notre ère, laissant le pouvoir entre les mains de tribus gothiques originaires de Pologne, qui fuyaient les Huns à l’est. Ces tribus avaient négocié leur migration vers Rome et avaient adopté certaines coutumes romaines, tout en conservant des aspects « barbares » de leur culture, tels que le port de la barbe.

L’empereur Dioclétien avait tenté de sauver l’Empire romain en le divisant en deux moitiés vers 285 de notre ère. Alors que la moitié orientale prospérait avec Constantinople comme centre chrétien, la moitié occidentale s’était fragmentée en régions similaires à l’Espagne, la France et l’Allemagne modernes. L’Europe évoluait alors sous l’ombre d’un passé romain glorieux.

C’est dans ce vide qu’est intervenu Charlemagne, le Franc, surnommé le « Père de l’Europe ». Parmi ses nombreuses réformes, il a révolutionné l’écriture pour lui donner une forme plus lisible.

IDOLÂTRE LE PASSÉ ROMAIN

Le Panthéon romain

Charlemagne (fin des années 740 – 814 de notre ère), également connu sous le nom de « Charles le Grand », est devenu le premier empereur de la dynastie carolingienne. Cette dynastie a arraché le pouvoir aux Mérovingiens (457-751 de notre ère), qui avaient dominé l’ouest de l’Europe après le déclin de l’Empire romain. Charlemagne fut le premier dirigeant carolingien et bien que ses fils aient rivalisé, diminuer ses accomplissements, il a réussi à unir une grande partie de l’Europe occidentale sous un règne fragile et à initier la « Renaissance carolingienne ».

Parmi les réformes majeures de Charlemagne, on trouve la standardisation de la monnaie et le développement des structures de pouvoir de l’Église chrétienne. Il était un fervent admirateur du passé gréco-romain et souhaitait que les gens maîtrisent le « vrai » latin, loin de la langue hybridée qu’ils parlaient, à savoir l’ancien français. Charlemagne a rassemblé des érudits à sa cour en Francia, comprenant des figures telles qu’Alcuin, un érudit anglais, le poète Angilbert, le théologien espagnol Théodulphe et l’historien italien Paul le Lombard.

Ce groupe d’experts n’avait pas pour objectif de refaire complètement la typographie, mais plutôt de créer « les copies les plus belles et les plus précises des plus beaux manuscrits existants ». Il voulait témoigner du respect envers les textes anciens. Ce processus allait finalement aboutir à une transformation de l’écriture, lui donnant la forme que nous connaissons encore aujourd’hui.

Des écoles publiques gratuites d’un homme illettré

Écriture minuscule carolingienne

Il est important de préciser à ce stade que Charlemagne était lui-même illettré. Il s’exerçait à écrire en secret, la nuit, utilisant des « tablettes de cire qu’il cachait sous son oreiller ». Malgré cela, il reconnaissait l’importance de la lecture, de l’écriture et de l’éducation générale, non seulement pour l’aristocratie et sa propre famille, mais pour tous. Il a ordonné aux évêques et aux diacres de mettre en place des écoles gratuites des « arts libéraux » pour les paysans, où chacun pouvait apprendre les rudiments de la lecture et de la doctrine chrétienne.

Avant l’arrivée de Charlemagne, l’écriture avait été préservée par le clergé dans les monastères pendant environ 300 ans, après la chute de l’Empire romain d’Occident. De nombreux anciens textes avaient accumulé des erreurs au fil des copier-coller. De plus, le texte – entièrement en majuscules, sans ponctuation, sans espace entre les mots – était difficile à lire, surtout pour un apprenant comme Charlemagne.

La clé de ce renouveau de l’écriture est le savant Alcuin de York, qui a commencé ses travaux en 781 pour améliorer l’écriture. Deux ans plus tard, en 783, Alcuin produisait le premier livre écrit dans une nouvelle police normalisée, la « minuscule carolingienne ». Ce livre intégrait tout : espaces, ponctuation, lettres minuscules, marges appropriées, un énoncé complet. Cet ouvrage, le magnifique Évangile de Godesalc, écrit à l’encre lumineuse, a établi un nouveau standard d’excellence.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire