Histoire
Qui peut résister à une bonne histoire de trésor englouti ? Sous les eaux méditerranéennes au large de la Sardaigne, un plongeur a miraculeusement découvert en novembre 2023 une véritable caverne d’Ali Baba : un trésor composé d’un impressionnant nombre de pièces en bronze et en cuivre. Le nombre de pièces, estimé par le Ministère italien de la Culture entre 30 000 et 50 000 d’après leur poids, est un indice saisissant qui attise l’imagination.
Ces pièces, datant de 324 à 340 après J.-C., appartiennent à la période tardive de l’Empire romain, sous le règne de l’empereur Constantin Ier. Ce dirigeant, figure emblématique ayant converti Rome au christianisme, a profondément marqué l’histoire de l’Occident. Le bon état de conservation des pièces, décrit comme « excellent et rare » par des spécialistes, témoigne de l’ingéniosité des méthodes de conservation employées à l’époque.
Au-delà de leur valeur monétaire, ces monnaies offrent un véritable regard sur le passé. Elles illustrent le quotidien des peuples de l’Antiquité et révèlent des aspects religieux et politiques cruciaux à travers leurs inscriptions et les symboles portés. Par exemple, des pièces de la même période montrent la représentation d’un empereur triomphant en abattant un serpent, symbole qui évoque également la dimension chrétienne de son règne.
Les enquêteurs avancent que ces pièces étaient habituellement contenues dans des sacs en cuir appelés « follis ». Introduites pour stabiliser l’économie romaine par l’empereur Dioclétien, ces monnaies servaient à normaliser la monnaie et attester de la richesse administrative d’une époque où chaque dirigeant faisait valoir sa propre monnaie.
La remarquable préservation de ces pièces, malgré la corrosion habituelle du cuivre en milieu salé, révèle des techniques de stockage ingénieuses qui leur ont permis de défier le temps. Seules quatre pièces sur des dizaines de milliers présentent des signes d’altération, un résultat qui étonne autant qu’il fascine les experts.
Plus intrigant encore est le mystère entourant l’origine de ce trésor. Trouvées en un amas de herbes marines non loin d’Arzachena, les pièces soulèvent la question de savoir comment elles ont fini dans ces profondeurs. L’hypothèse dominante pointe vers l’épave probable d’un navire marchand, corroborée par la découverte à proximité de jarres à col étroit, connues sous le nom d’amphores, utilisées pour stocker des produits tels que le vin, l’huile ou les céréales.
Ce trésor englouti nous rappelle à quel point les vestiges du passé peuvent renfermer des récits fascinants. Chaque pièce et chaque amphore retrouvées permettent d’enrichir notre connaissance d’un système économique complexe et de la dynamique d’un empire en pleine mutation.