En 1957, Frank « The Irishman » Sheeran travaillait depuis deux ans pour le chef du crime Russell Bufalino en tant que simple chauffeur, ignorant la véritable étendue de son pouvoir à la tête d’une organisation criminelle qui gérait un vaste réseau allant du trafic de stupéfiants à la prostitution, en passant par le jeu et le prêt usuraire dans des régions telles que la Pennsylvanie et l’ouest de New York. Pour Sheeran, il s’agissait uniquement d’un accompagnement routier, sans qu’il ne se doute des affaires occultes qui se déroulaient en coulisse – des affaires dont il fut témoin sans en comprendre la dimension.
La donne changea après une descente de police lors d’une réunion de plus de 100 membres mafieux organisée par Bufalino. À la suite de ce raid, Sheeran fut confronté à la réalité de la relation qui l’unissait à son patron. C’est alors qu’il rapporte avoir reçu une promotion inattendue, passant du rôle de chauffeur à celui que les membres de la mafia désignent sous le terme de « peintre de maisons » – une appellation détournée pour désigner un tueur à gages.
Quelques éléments clés de cette transformation incluent :
- Suite aux événements de la fameuse réunion d’Apalachin, Bufalino, d’origine sicilienne, faisait face à une éventuelle expulsion vers l’Italie. C’est grâce à l’intervention de Sheeran, qui mit en place un stratagème en obtenant pour lui un avocat véreux ayant versé des pots-de-vin aux responsables italiens, que Bufalino put éviter ce sort.
- En reconnaissance, Bufalino requalifia les fonctions de Sheeran et l’introduisit dans le monde obscur des assassinats pour le compte du crime organisé, tissant ainsi une alliance marquée par la loyauté et le sang.
- L’Irishman fut mis en relation avec le leader syndical Jimmy Hoffa. Selon Sheeran, il aurait exécuté le contrat qui fit de lui le tueur attitré du président du syndicat des Teamsters, allant jusqu’à affirmer qu’il aurait éliminé Hoffa lorsque celui-ci ne servait plus les intérêts de la mafia – une version qui, malgré son impact dramatique, n’a jamais pu être corroborée de manière indépendante.
Ainsi se dessine l’image d’une relation complexe et ambiguë entre Frank Sheeran et Russell Bufalino, mêlant trahison, loyauté et des alliances fatales qui ont marqué l’histoire du crime organisé. Ce récit offre un éclairage fascinant sur l’envers du décor mafieux, un monde où les apparences sont souvent trompeuses et où chaque décision pouvait avoir des répercussions lourdes de conséquences.