Né sur une table de cuisine en Grèce le 10 juin 1921, l’enfance du Prince Philip fut marquée par une succession incessante de bouleversements et de drames. Fils du prince André de Grèce et de la princesse Alice de Battenberg, il était le benjamin et le seul garçon parmi cinq frères et sœurs. En 1922, son oncle, le roi Georges II, fut contraint d’abdiquer à la suite de la guerre gréco-turque, un conflit sanglant ponctué d’épuration ethnique perpétrée par les deux camps. La famille royale, avec le tout jeune Philip, dut fuir son pays vers la France, amorçant ainsi huit longues années d’exil.
Cet exil eut des répercussions lourdes sur la famille, affectant particulièrement le jeune Philip. Au début des années 1930, ses quatre sœurs épousèrent des nobles allemands et s’installèrent en Allemagne, tandis que son père, emporté par une liaison tumultueuse, abandonna la famille pour rejoindre sa maîtresse à Monte-Carlo. Cette accumulation de douleurs mena sa mère, la princesse Alice, à une dépression grave qui la conduisit à un internement en Suisse, coupant Philip de tout contact avec elle pendant près de cinq ans. Abandonné à Paris, Philip fut recueilli par les membres de la famille maternelle, les Mountbatten, et envoyé en Angleterre où il vécut temporairement chez sa grand-mère, tragiquement décédée peu après son arrivée. C’est alors que George Mountbatten, deuxième Marquis de Milford Haven, prit sous son aile le jeune prince.
Incapable de s’enraciner véritablement, Philip reçut une éducation dispersée à travers l’Europe : il commença en Angleterre, passa brièvement en Allemagne chez son beau-frère, avant de revenir en Écosse dans un pensionnat. Mais la malchance poursuivit le jeune prince : en 1937, sa sœur Cecilie, son mari et leurs enfants périt dans un crash aérien, et quelques mois plus tard, son protecteur George Mountbatten mourut prématurément d’un cancer. À seulement 16 ans, Philip était désemparé. Il passa alors sous la tutelle de Lord Louis Mountbatten, surnommé « Oncle Dickie », capitaine de la marine, qui entrevit son potentiel.
C’est grâce à Lord Mountbatten qu’en 1939, le jeune Philip de 18 ans fit la rencontre décisive avec la princesse Elizabeth âgée de 13 ans, marquant le début d’une histoire qui allait profondément marquer le destin de la monarchie britannique.
