Dans les années 1950, le vaccin contre la polio de Jonas Salk a marqué une étape décisive dans la lutte contre une maladie dévastatrice qui paralysait près de 35 000 enfants chaque année aux États-Unis. Conçu sans brevet, ce vaccin a été développé en s’inspirant de techniques mises au point par les virologues John Franklin Enders, Frederick C. Robbins et Thomas H. Weller – lauréats du Prix Nobel de Physiologie ou Médecine en 1954 – afin de cultiver le virus de la polio sur des fragments de tissus. Cette méthode innovante a permis à Salk de produire un vaccin utilisant un virus inactivé, auquel était ajouté du formol pour empêcher sa reproduction.
Dans un entretien télévisé historique avec Edward R. Murrow en 1955, Salk expliqua que la propriété de son invention appartenait au peuple, refusant ainsi de breveter une découverte qui, selon les estimations de Forbes, aurait pu lui rapporter jusqu’à 7 milliards de dollars. Cette décision vise à rendre le vaccin accessible au plus grand nombre. Le financement de la recherche et des essais cliniques a largement été assuré par des dons, dont une contribution majeure de 7,5 millions de dollars organisée par la Fondation National Infantile Paralysis, créée sous l’impulsion du président Franklin D. Roosevelt.
La lutte contre la polio ne s’est pas arrêtée là. Peu après la mise au point du vaccin de Salk, Albert Sabin développa une version orale basée sur un virus vivant, qu’il mit également à disposition sans recours à un brevet. Ces deux approches complémentaires ont permis de réduire drastiquement l’incidence de la polio : aux États-Unis, la maladie a presque disparu dès le début des années 1960, et elle n’est aujourd’hui présente que sporadiquement dans certaines régions du monde, telles que le Pakistan, l’Afghanistan ou le Nigeria.
Quelques points clés à retenir :
- Le vaccin de Salk a été développé à l’aide d’une méthode novatrice exploitant des tissus pour cultiver le virus.
- La libre diffusion de cette invention a permis un vaste déploiement à l’échelle nationale, avec environ deux millions d’enfants inoculés dès 1954.
- Le financement de la recherche a notamment été soutenu par un important fonds public destiné à combattre la paralysie infantile.
Ce triomphe scientifique et humanitaire, fondé sur un esprit de partage, demeure une référence en matière de recherche médicale et de lutte contre les maladies infectieuses, en particulier en ce qui concerne le vaccin contre la polio.