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L’homme qui inspira Sherlock Holmes

J.M.E. Saxby / Wikimedia Commons
Poursuivant notre enquête historique, rappelons qu’au moment où Sir Arthur Conan Doyle écrivait et publiait les récits qui allaient nourrir l’image populaire de Sherlock Holmes, la figure ayant inspiré ce héros était bien vivante. Ces histoires allaient ensuite inspirer des générations d’auteurs et de fans, mais l’énigme reste : qui était réellement le modèle de ce détective quasi surhumain ?
Contrairement à l’idée reçue, la personne à l’origine de cette figure n’était pas avant tout un détective professionnel. Dr. Joseph Bell exerçait principalement la médecine et n’était pas détective dans l’exercice quotidien de sa profession. Sa réputation tient plutôt à une méthode d’observation et de déduction appliquée au diagnostic médical.
Il n’avait peut‑être pas la ressemblance de Robert Downey Jr., et il est probable qu’il ne partageait pas la dépendance à l’opium attribuée à Sherlock Holmes, mais Bell présentait des similitudes frappantes avec le personnage de fiction. Tous deux faisaient preuve d’un sens aigu de l’observation et d’une capacité à tirer des conclusions rapides et précises à partir d’indices apparemment insignifiants.
En résumé :
- Joseph Bell fut une source d’inspiration directe pour Sherlock Holmes.
- Il utilisait ses talents d’observation principalement en médecine, non en tant que détective de métier.
- La ressemblance entre les méthodes de Bell et les procédés narratifs de Doyle illustre le mélange entre science et récit qui a façonné Holmes.
Ce portrait de Bell comme praticien-observateur jette une lumière historique sur la genèse de Sherlock Holmes et prépare le terrain pour la suite de sa vie, où se mêlent médecine, enseignement et interventions ponctuelles dans des enquêtes.
La jeunesse du Dr Joseph Bell

Né en 1837 et élevé à Édimbourg, Joseph Bell grandit dans un environnement religieux strict, où l’instruction biblique occupait une place centrale. L’engagement de son père au sein de la Free Church — une Église indépendante de l’État — permit à Bell et à ses frères et sœurs de recevoir une éducation solide axée sur les textes sacrés.
Cette piété et ce sens du devoir conservèrent une influence durable sur Bell et orientèrent, plus tard, une part importante de son action philanthropique. Dès son plus jeune âge, il se distingua par une attitude studieuse et disciplinée, rarement mêlée aux incidents de discipline qui marquaient parfois l’époque.
Parmi ses professeurs figura James Gloag, maître de mathématiques à l’Edinburgh Academy, connu pour punir ses élèves avec une sorte de lanière en cuir appelée « tawse ». Selon les récits de l’époque, Bell fut rarement la cible de ces punitions, preuve de son sérieux scolaire et de sa maîtrise de soi.
Il ressortit de ses études avec une formation complète :
- une culture linguistique étendue (plusieurs langues);
- une éducation rigoureuse et structurée;
- un parcours sportif riche, qui nourrira plus tard un intérêt intellectuel pour la boxe.
Ces traits — rigueur, curiosité et discipline physique — annonçaient déjà le caractère méthodique de Bell, des qualités que l’on associe souvent au mythe de Sherlock Holmes et qui faciliteront son influence future dans le domaine de l’observation et du raisonnement clinique.
La chirurgie : la véritable vocation de Joseph Bell

Portrait de Joseph Bell — Wikimedia Commons
Poursuivant l’examen de sa vie, on constate que Joseph Bell s’engage très tôt dans des études médicales. Il s’inscrit à l’université de Leyde à seulement 17 ans, mais une forte nostalgie le pousse à revenir en Écosse avant de reprendre ses études à l’université d’Édimbourg, où il obtient son diplôme à 22 ans. Cet âge relativement jeune pour un chirurgien explique l’étonnement de ses contemporains face à la confiance qu’on lui accorda pour intervenir sur des patients.
Après ses études, Bell se distingue rapidement dans le milieu chirurgical. Il publie plusieurs ouvrages médicaux et occupe des fonctions de premier plan au sein d’établissements hospitaliers d’Édimbourg, y compris des services pour enfants où il fut notamment le premier chirurgien en poste. Sa réputation grandit autant pour son habileté technique que pour sa rigueur intellectuelle.
Plusieurs éléments de son parcours expliquent cette trajectoire exceptionnelle :
- Admission très précoce aux études de médecine et diplôme obtenu à 22 ans.
- Publications médicales qui renforcent sa notoriété professionnelle.
- Postes de responsabilité dans des hôpitaux d’Édimbourg, y compris dans la chirurgie pédiatrique.
- Une lignée familiale de chirurgiens : son père, son grand-père et son arrière-grand-père exerçaient déjà la chirurgie.
Cette combinaison de jeunesse, d’excellence technique et d’héritage familial a façonné un chirurgien remarquable, dont la méthode d’observation et l’acuité diagnostique contribueront plus tard à inspirer le personnage de Sherlock Holmes.
De chirurgien à professeur : la rencontre qui inspira Sherlock Holmes

Poursuivant sa carrière médicale, Joseph Bell devint professeur de médecine à l’université d’Édimbourg en 1876. C’est là qu’un étudiant venu pour devenir chirurgien croisa sa route et vit son destin basculer : Arthur Conan Doyle rencontra Bell, et cette rencontre allait profondément influencer la littérature.
Bell enseignait des méthodes d’observation rigoureuses qu’il considérait essentielles au diagnostic médical. Plutôt que de se fier uniquement aux questions posées, il montrait que l’usage attentif des sens révélait souvent autant, sinon plus, d’informations.
- Observation systématique : discerner les détails visibles et auditifs pour établir des faits.
- Imagination structurée : relier des indices disparates pour formuler des hypothèses plausibles.
- Démonstrations déductives : surprendre les étudiants en reconstituant l’histoire d’un patient à partir de signes subtils.
- Comportement réservé : une attitude froide et calculée qui renforçait l’aura d’autorité et d’objectivité.
Ces méthodes — sens aigu de l’observation, pouvoir de l’imagination et démonstrations analytiques, alliés à un tempérament distant — constituent, selon des sources historiques, la matrice du personnage de Sherlock Holmes (National Galleries Scotland; Stanford University).
En retraçant ces enseignements, on comprend mieux comment un professeur de médecine put inspirer l’un des détectives les plus célèbres de la fiction, préparant la suite de cette histoire singulière.
Même la reine Victoria fut impressionnée par le véritable Sherlock Holmes

Pour faire suite aux éléments précédents sur la vie de Joseph Bell, il suffit d’un épisode pour mesurer l’ampleur de sa réputation. Bell n’était pas un simple chirurgien : son habileté et sa méthode clinique attirèrent l’attention au plus haut niveau de la société.
Dans les années 1860, une épidémie de diphtérie frappa la Grande-Bretagne. La maladie provoquait notamment l’apparition de poches purulentes dans la gorge, que les médecins de l’époque peinaient à traiter efficacement.
- Face à l’urgence, Joseph Bell conçut une pipette spéciale destinée à aspirer le matériau infecté, une solution pratique aux difficultés thérapeutiques de l’époque.
- Alors qu’il soignait les malades pendant l’épidémie, Bell contracta lui-même la diphtérie, témoignant des risques auxquels il s’exposait pour ses patients.
- Sa bravoure et son dévouement suscitèrent l’admiration : la reine Victoria vint le voir et, en marque d’honneur, donna le nom de « The Victoria » à son service hospitalier.
Ces faits concourent à expliquer pourquoi la figure de Bell est souvent associée au mythe de Sherlock Holmes : son sens de l’observation et son engagement face aux maladies ont laissé une empreinte durable dans l’histoire médicale et culturelle.
Joseph Bell, l’inspiration de Sherlock Holmes — et Conan Doyle, le Dr Watson (en quelque sorte)

Poursuivant notre exploration historique, il est essentiel de souligner le lien direct entre le médecin écossais Joseph Bell et la figure légendaire de Sherlock Holmes. Bell excellait dans l’art de l’observation et de la déduction, des qualités qui deviendront la marque de fabrique du détective fictif.
Lorsque Arthur Conan Doyle était en deuxième année de médecine, Bell le choisit pour travailler comme aide dans son service. Cette proximité offrit à Doyle une occasion unique d’étudier la méthode et la personnalité de Bell au quotidien. Il emporta ces observations, minutieuses et souvent cliniques, qu’il réutilisera plus tard sous la forme littéraire que nous connaissons.
- Observation fine : Bell enseignait que l’observation était la clé d’un bon diagnostic — principe repris par Sherlock Holmes.
- Déduction méthodique : la façon dont Bell reliait signes cliniques et conclusions inspira les raisonnements du détective.
- Le rôle du secrétaire : comme Watson consignait les enquêtes de Holmes, Doyle prenait des notes sur Bell avant de transformer ces notes en récits.
En transposant ces éléments dans ses histoires, Doyle joua en quelque sorte le rôle de Dr Watson dans la réalité : il documenta et raconta les exploits du modèle qui l’avait formé. Ce passage du terrain médical à la fiction illustre parfaitement comment une méthode scientifique appliquée en médecine a pu nourrir l’un des personnages les plus durables de la littérature policière.
Cette transition entre observation clinique et création littéraire éclaire à la fois l’origine de Sherlock Holmes et l’importance des méthodes empiriques dans l’histoire de la science et de la médecine.
Les pouvoirs d’observation de Sherlock (Bell) révélés

Poursuivant l’examen de sa méthode, ce qui paraissait être de la magie chez Joseph Bell tenait en réalité à une discipline rigoureuse de l’observation. Beaucoup pensaient qu’il devinait la vie des gens comme un prestidigitateur, mais son art reposait sur l’entraînement des sens et de l’esprit plutôt que sur un don surnaturel.
Bell enseignait à ses élèves à relier « une chaîne brisée » : assembler de petits indices pour reconstituer une histoire complète. Parmi les techniques qu’il mettait en pratique :
- utiliser les yeux et les oreilles pour repérer des signes physiques et des inflexions de voix;
- observer les détails mineurs — callosités, usure des vêtements, bosses dans une poche — pour déduire un métier, une habitude ou un vice;
- mobiliser un large corpus de connaissances pour interpréter ces indices et en tirer des conclusions plausibles.
En classe, il aimait démontrer ces méthodes en « décodant » des patients invités, montrant ainsi comment une attention méticuleuse aux détails mène à des diagnostics ou des portraits sociaux étonnamment précis. Son oreille entraînée lui permettait même de percevoir la plus petite variation d’intonation, utile pour situer une personne géographiquement.
Ces compétences — observation minutieuse, culture générale étendue et logique déductive — furent au cœur de l’inspiration qui donna naissance au personnage de Sherlock Holmes, symbole de l’analyse attentive et du raisonnement clinique appliqué aux énigmes humaines.
Enquête : l’activité secondaire de Joseph Bell

Pour mieux situer son rôle, rappelons que Joseph Bell était avant tout chirurgien et professeur. Contrairement au célèbre Sherlock Holmes, dont l’identité repose principalement sur son travail d’enquêteur, Bell n’a exercé l’investigation qu’à temps partiel. Son activité de détective demeure secondaire dans la trajectoire de sa vie professionnelle.
Au XIXe siècle, il n’y avait ni caméras de surveillance aux carrefours ni bases de données ADN, si bien que la police d’Édimbourg devait s’appuyer sur la déduction et l’observation minutieuse. Bell brillait précisément dans cet art du raisonnement logique, et, d’après Mount Sinai Journal, il appréciait ces enquêtes et se considérait volontiers comme un enquêteur amateur.
Lorsqu’il acceptait des affaires, il s’agissait généralement de crimes majeurs, souvent en collaboration avec le médecin légiste Sir Henry Duncan Littlejohn. Parmi les dossiers notables figurent :
- Le meurtre d’Elizabeth Chantrelle (1877) — initialement attribuée à une inhalation de gaz, l’affaire révéla que la victime avait en réalité été empoisonnée par son mari, selon Scottish Field.
- Le mystère d’Ardlamont (1893) — ce qui semblait être un suicide fut requalifié en meurtre par Littlejohn et Bell, mais les procureurs n’obtinrent pas de condamnation contre le suspect.
Même si ces dossiers restent peu connus du grand public, ils illustrent la méthode et la réputation de Bell en tant qu’enquêteur. Et, pour ceux qui s’intéressent aux grands épisodes criminels victoriens, sachez qu’il a également été associé à des enquêtes liées à l’affaire de Jack the Ripper.
Ces éléments préparent la suite du récit en montrant comment les compétences médicales et l’esprit déductif de Bell ont inspiré, à leur manière, la figure littéraire de Sherlock Holmes.
Joseph Bell, l’un des premiers pionniers de la médecine légale

Pour bien comprendre son influence, il faut replacer Joseph Bell dans le contexte scientifique de la fin du XIXe siècle. À l’instar du personnage de Sherlock Holmes, Bell a appliqué des méthodes d’observation rigoureuses et des principes scientifiques aux enquêtes criminelles et à l’examen des cadavres.
Il cherchait d’abord les faits concrets, puis formulait des hypothèses à partir de ces éléments — une démarche qui peut sembler évidente aujourd’hui, mais qui était loin d’être la norme à son époque. Avant l’avènement de la médecine légale moderne, les condamnations dépendaient souvent d’aveux ou de témoignages oculaires.
- Observation minutieuse des indices sur la scène de crime
- Examen scientifique et systématique des victimes
- Construction d’hypothèses fondées sur les preuves recueillies
De nombreux historiens considèrent Bell comme l’un des pionniers de la criminalistique pour avoir introduit cette approche fondée sur l’observation scientifique dans le travail policier. Par ailleurs, les récits autour de Sherlock Holmes ont contribué à populariser ces techniques en mettant en lumière leur efficacité.
Cette évolution méthodologique marque un tournant durable dans l’histoire de la police scientifique et éclaire le lien étroit entre pratiques réelles et fiction autour de Sherlock Holmes.
L’implication de Joseph Bell dans l’affaire Jack l’Éventreur

Dans la continuité des enquêtes qui secouèrent l’Angleterre victorienne, le Dr Joseph Bell fut sollicité parmi d’autres spécialistes pour apporter son expertise face à une série de meurtres particulièrement brutaux. Plutôt que de travailler ensemble, Bell et Sir Littlejohn menèrent chacun une investigation indépendante, s’appuyant sur leurs propres méthodes d’observation et de raisonnement.
Bell lui‑même résuma bien leur approche : lorsque deux enquêteurs étudient un mystère, c’est à l’intersection de leurs travaux que se trouvent souvent les pistes les plus fructueuses. Cette idée nourrit encore aujourd’hui l’intérêt des historiens et des amateurs de mystères, d’autant que certains éléments de leur démarche semblent suggérer une avancée notable dans l’affaire.
- Deux enquêtes parallèles, menées séparément par Bell et Littlejohn.
- Échange rapporté des conclusions : chacun aurait noté le nom d’un suspect sur un billet.
- Selon les témoignages contemporains, les deux billets portaient le même nom.
- Les meurtres cessèrent peu de temps après, sans qu’aucune preuve irréfutable n’ait été produite.
Cette hypothèse — que les investigations de Bell et Littlejohn aient effectivement identifié un coupable — demeure intrigante mais non vérifiée. En l’absence de preuves formelles conservées jusqu’à aujourd’hui, la question de l’identité du meurtrier reste ouverte, alimentant la fascination autour de figures comme Joseph Bell, dont l’acuité d’observation inspira le personnage de Sherlock Holmes.
Transition vers la suite : la piste suivie par Bell illustre à la fois les forces et les limites de l’enquête médico‑légale à la fin du XIXe siècle, un thème que nous approfondirons dans la section suivante.
Joseph Bell et l’attention médiatique entourant Sherlock Holmes

Dans les premières années de la carrière littéraire de Sherlock Holmes, Joseph Bell se retrouva soudainement plongé au centre de l’attention publique à Édimbourg. Les interviews et la curiosité des journalistes s’accumulèrent, et cette notoriété locale finit par agacer un homme occupé et discret.
Bell confiait se sentir « hanté par mon double, Sherlock Holmes », une formule qui traduit bien son malaise face à l’onde de célébrité déclenchée par les récits inspirés de ses méthodes. La réception initiale fut si vive qu’il qualifiait un temps ces histoires de véritable « cataracte d’inepties » et se disait surpris que tant de bruits tombent sur sa personne.
- Notoriété imprévue : Bell subit une visibilité médiatique qu’il n’avait pas souhaitée.
- Réactions contradictoires : irritation d’abord, puis acceptation progressive.
- Évolution personnelle : il en vint finalement à apprécier l’impact culturel du personnage.
Au fil du temps, son sentiment évolua. Bell reconnut que le personnage incitait le public à observer et à raisonner — deux qualités qu’il estimait rares — et se montra finalement plus bienveillant envers la figure de fiction. Vers la fin de sa vie, il alla même jusqu’à proposer des idées d’histoires à l’auteur.
Cette évolution, de la contrariété à l’appropriation, illustre la complexité du lien entre une personne réelle et l’icône culturelle qu’elle a inspirée, et éclaire d’un jour nouveau la genèse de Sherlock Holmes.
Joseph Bell, précurseur dans la défense des droits des femmes

Poursuivant notre regard sur sa vie, Dr Joseph Bell — l’homme qui inspira le personnage de Sherlock Holmes — se distingue par son engagement en faveur des droits des femmes à la fin du XIXe siècle. À une époque où l’admission des femmes en faculté de médecine était loin d’être acquise, il milita avec fermeté pour qu’elles puissent suivre une formation médicale complète.
Parallèlement à son action militante, Bell rédigea un manuel pratique destiné au personnel infirmier, Notes on Surgery for Nurses, l’un des premiers ouvrages médicaux pensés pour les soignants. Il dédia ce livre à Florence Nightingale, reflet de son souci d’améliorer la formation et la reconnaissance des femmes dans les professions de santé. Consulter l’édition originale.
Engagé localement, il participa à la création d’un institut de formation pour infirmières à Édimbourg et y exerça des fonctions de direction. Controversé pour l’époque, il accepta d’enseigner officiellement la médecine à des étudiantes, une décision qui s’inscrivait naturellement dans son soutien plus large au suffrage et à l’émancipation féminine.
Principales contributions de Bell :
- Promotion de l’admission des femmes dans les études de médecine.
- Publication d’un des premiers manuels destinés aux infirmières.
- Mise en place et direction d’initiatives locales de formation pour le personnel soignant.
Ces actions montrent que son influence dépassait la simple pratique clinique : elle touchait aussi l’éducation et la place des femmes dans la médecine, des thèmes qui éclairent d’un jour nouveau la figure de Sherlock Holmes et son modèle historique.
Joseph Bell se lia d’amitié avec Florence Nightingale

Poursuivant l’exploration de sa vie, on trouve chez Joseph Bell une relation marquante avec Florence Nightingale, figure majeure des réformes sanitaires du XIXe siècle. Les vues relativement progressistes de Bell favorisèrent une proximité intellectuelle avec Nightingale, dont la philosophie du soin a posé les bases des pratiques infirmières modernes.
Parmi les faits saillants de leur lien :
- Florence Nightingale a développé une approche du soin fondée sur le confort et la science ; en 1860 s’ouvrit à Londres la première école de formation infirmière structurée autour de ces principes.
- Connue pour ses rondes nocturnes avec une lampe à huile, elle fut surnommée la « dame à la lampe », image qui symbolise son engagement auprès des malades.
- Bell et Nightingale se rencontrèrent dans le cadre de l’organisation de cycles de conférences médicales destinées aux infirmières. Ils entretenaient une correspondance assidue ; Nightingale remercia notamment Bell pour la dédicace de son manuel médical pour infirmières (lettre conservée dans les archives : https://contentdm.lib.byu.edu/digital/collection/SCMisc/id/2/).
Cette amitié professionnelle éclaire un pan important de l’influence de Bell — qui, tout en inspirant des éléments du personnage de Sherlock Holmes, contribua aussi concrètement à l’avancement des pratiques infirmières et à la diffusion d’une approche plus scientifique du soin.
Un chirurgien au parcours littéraire

Poursuivant une facette moins connue de son parcours, Joseph Bell développa une véritable carrière littéraire, principalement axée sur la médecine. Ses publications techniques et pédagogiques rencontrèrent un accueil favorable auprès des professionnels et des étudiants de son époque. Cette activité d’écriture complète l’image d’un praticien soucieux de transmettre son savoir.
Parmi ses ouvrages les plus marquants :
- Notes on Surgery for Nurses — un manuel qui connut un succès durable tout au long des années 1890.
- Manual of the Operations of Surgery — ouvrage de référence qui atteignit sept éditions, attestant de son utilité pédagogique.
- Plusieurs thèses médicales et articles couvrant des sujets variés, ainsi qu’une longue direction éditoriale : Bell assura la responsabilité d’un journal médical pendant vingt-trois ans.
En dehors de la littérature médicale, Bell s’essaya également à la poésie, souvent inspirée par la nature ou par des thèmes religieux. Ces poèmes ne firent pas sa renommée commerciale, mais ils révèlent une sensibilité complémentaire à ses activités scientifiques.
Bien qu’il n’ait pas recherché la célébrité romanesque comme Sir Arthur Conan Doyle, l’étendue de ses écrits et son rôle d’enseignant éclairent le personnage historique qui a contribué à façonner l’image de Sherlock Holmes. Ce mélange d’expertise clinique et d’appétence pour l’écriture aide à comprendre l’homme derrière la légende et permet une transition naturelle vers les sections suivantes.
