Un proverbe anglais dit : « un chat peut regarder un roi ». Traditionnellement, cela signifie que même les plus modestes membres de la société ont des droits. Appliquons cela à la France du début du XVe siècle, et l’on imagine une jeune paysanne qui non seulement regarde un roi en face, mais lui parle — et il l’écoute. Tel est le destin de Jeanne d’Arc, une figure historique dont le récit continue de fasciner depuis des siècles.
Même Mark Twain, dont la relation avec la religion fut souvent ambiguë, fut profondément touché par son histoire. Selon Catholic World Report, son dernier roman complet fut Les Souvenirs personnels de Jeanne d’Arc. Dans son autobiographie, il déclara que ce livre était son préféré parmi tous ceux qu’il avait écrits — venant de l’auteur de Huckleberry Finn — une œuvre faite « par amour, non pour l’argent ».
Jeanne naquit vers 1412 dans une région rurale de France, au sein d’une famille paysanne. Elle ne semble pas avoir appris à lire ou à écrire. À cette époque, une grande partie de la France était sous contrôle anglais, conséquence de la guerre de Cent Ans. Jeanne, elle, affirma avoir eu des visions prophétiques et entendu des voix divines, celles de Dieu et de saints, qui lui ordonnaient de sauver son pays.

Vers l’âge de seize ans, Jeanne parvint à rejoindre le camp de Charles, le roi de France non couronné. Contre toute attente, elle obtint une audience avec lui et réussit à le convaincre qu’elle avait été envoyée par Dieu pour libérer la France et assurer son accession au trône. Elle l’entretint également de la nécessité de lever le siège d’Orléans, et obtint une armée à cette fin. Après la victoire à Orléans, d’autres succès militaires suivirent. Bien qu’il n’existe aucune preuve qu’elle ait combattu directement, Jeanne inspirait les soldats et participait à l’élaboration des stratégies.
Lors d’une bataille, Jeanne fut capturée par des troupes françaises alliées aux Anglais, puis vendue à ces derniers. Jugée pour hérésie et sorcellerie, ses prétentions de guidance divine furent retournées contre elle. Après un an d’emprisonnement et d’interrogatoires incessants, elle fut déclarée coupable. À 19 ans, elle fut condamnée à être brûlée vive sur le bûcher à Rouen, le 30 mai 1431.

Il faudra près de vingt ans avant que les Anglais ne soient définitivement chassés du territoire français. Mark Twain eut le temps de voir Jeanne béatifiée par l’Église catholique, le 18 avril 1909. Elle sera canonisée un an plus tard, seulement un mois après la mort de Twain.
