Si vous pensez que les pirates des siècles passés n’étaient que des pillards ivres de rhum, maniant l’épée sans aucun sens de l’organisation, vous sous-estimez leur discipline surprenante. Certes, ils étaient bien ces choses-là, mais pour survivre en mer et réussir dans leurs aventures de vol d’or, de bijoux et de navires, ils devaient impérativement fonctionner comme une réelle équipe.
En quelque sorte, les pirates formaient une société autonome, et comme toute société, ils avaient besoin de règles pour se guider. Selon le site The Way of the Pirates, chaque membre de l’équipage devait signer un code de conduite et prêter serment de respecter ses principes. Lors de la prestation de serment, ils posaient la main sur une Bible ou une arme, et ce code signé était affiché en évidence à bord, afin que nul n’oublie les engagements pris.
À l’aune des normes actuelles, ce code de conduite pirate apparaît étonnamment juste. Il prône l’égalité et la loyauté tout en infligeant des sanctions sévères à ceux qui bafoueraient les règles. Un excellent exemple nous vient des Articles de bord de Bartholomew Roberts, également connu sous le nom de « Black Bart », datant de 1721, disponibles sur le site Elizabethan Era.
Selon ce code, chaque membre de l’équipage disposait d’un droit de vote sur les décisions importantes. Chacun pouvait boire autant d’alcool que voulu, à condition que les réserves suffisent, et chaque pirate se voyait promettre une part égale du butin. Cette organisation démocratique interne révèle une société bien plus structurée qu’on ne l’imagine communément.
Des règles strictes pour assurer la cohésion
Le code imposait des règles équitables, mais la sanction pour infraction était implacable. Il était interdit de voler dans la « compagnie » : tout contrevenant risquait d’être abandonné à la première terre venue. Un pirate surpris à dépouiller un camarade encourait la mutilation, notamment la coupure du nez et des oreilles, suivi d’un abandon dans des lieux dangereux, selon le code de Bartholomew Roberts.
L’introduction de femmes ou de jeunes garçons sur le navire était strictement prohibée, la peine encourue étant la mort. Les conflits entre pirates ne pouvaient éclater à bord : ils devaient se résoudre à terre, au moyen de l’épée ou du pistolet, une façon de préserver la discipline à bord.
Le jeu était interdit et le couvre-feu fixé à 20 heures. Une exception toutefois : ceux désirant boire à la belle étoile après l’heure officielle devaient rester sur le pont ouvert, sans allumer de lumière. Après tout, les pirates n’étaient pas des enfants de chœur.
Ce code intégrait même une forme de « sécurité sociale » avant l’heure. Comme le signale encore The Way of the Pirate, « si un homme perdait un membre ou devenait invalide dans le service, il recevait huit cents dollars du fonds commun, et pour des blessures moins graves, une compensation proportionnelle ». Une approche pragmatique qui assurait une certaine solidarité.
Historiquement, Captain Bartholomew Roberts fut l’un des pirates les plus prospères grâce à ce code, incarnant un modèle réussi d’organisation démocratique et d’équité.