Sommaire
Qui était le mentor de Vladimir Poutine ?
Pour ceux qui ne connaissent pas intimement Vladimir Poutine, il apparaît comme un mélange complexe d’éléments à la fois évidents et indéchiffrables, évitant le conflit tout en étant provocateur, et prêt à jouer avec des vies et des principes éthiques fondamentaux. Son règne, qui dure depuis 2000, témoigne de ces tactiques ; il a réussi à maintenir le pouvoir même quand il n’était pas président, en préparant son successeur, Dmitry Medvedev, à le réélire après avoir été contraint de quitter ses fonctions suite à des limitations de mandat.
Poutine soutient ses ennemis lorsque ces derniers menacent ses propres intérêts, comme lorsqu’il a offert son soutien aux États-Unis après les attentats du 11 septembre. Récemment, il a déclaré l’indépendance des États séparatistes de Donetsk et de Louhansk, malgré leur rattachement formel à l’Ukraine, qu’il considère comme faisant partie de son territoire.
Si Poutine semble manipuler et manigancer, c’est en partie dû à son passé en tant qu’espion et agent du KGB en Allemagne de l’Est durant cinq ans, directement après l’obtention de son diplôme en 1975. Toutefois, en contraste frappant, son mentor, Anatoly Sobchak, était un fervent partisan des idéaux de démocratie et de liberté, qui a finalement exprimé ses craintes face aux inclinations autoritaires de Poutine.
Une icône bien-aimée du gouvernement démocratique
Pour clarifier, c’est Anatoly Sobchak, le mentor de Poutine, qui incarne l’idéal démocratique et non celui qui a appris à Poutine à envahir ou à manipuler. Sobchak était un « réaliste radical », inspiré par Martin Luther King Jr. Il était opposé à l’usage de la force pour renverser le gouvernement et prônait la « glasnost », un principe de grande transparence gouvernementale, emblème des changements décidés par Mikhail Gorbachev dans les années 1980. Sobchak a été un acteur clé aux côtés de Gorbachev, participant à des batailles idéologiques tant avec l’ancienne garde qu’avec les nouveaux réformateurs, tout en étant soutenu par le peuple.
Déjà populaire en 1991, pendant les dernières heures de l’U.R.S.S., il a risqué son arrestation pour soutenir Boris Eltsine dans sa quête présidentielle, tout en devenant maire de Saint-Pétersbourg la même année. Depuis le début des années 1970, Sobchak enseignait le droit à l’Université de Léningrad, où il avait rencontré Poutine, alors étudiant en droit.
Un mentor et un élève aux chemins divergents
Il est difficile de cerner la nature exacte de la relation entre Poutine et Sobchak. Les preuves suggèrent qu’elle a pu débuter sur des bases amicales, mais s’est progressivement détériorée à mesure que l’idéologie de Poutine évoluait. Sobchak, qui avait soutenu la candidature présidentielle de Poutine à la fin des années 1990, a commencé à se montrer inquiet quant aux tendances autoritaires de ce dernier.
Les raisons pour lesquelles Sobchak a soutenu Poutine pourraient aller de l’ignorance à un malentendu de caractère ou même à une pression. On peut cependant douter qu’un partisan sincère comme Sobchak ait voulu porter au pouvoir quelqu’un d’aussi Machiavélique que Poutine, incitant à diverses spéculations, comme une possible collaboration secrète avec le KGB pour créer un vide de pouvoir dont Poutine pourrait profiter.
En dépit de leur alliance initiale, les inclinations de Poutine étaient déjà visibles. Pendant son service au KGB, il s’imprégnait des récits héroïques, rêvant de la mainmise des espions sur les nations, tout en prenant exemple sur des films et des romans qui glorifiaient les héros confrontés aux nazis. Ces références pourraient corroborer certains de ses récents discours sur la « dé-nazification » de l’Ukraine, laissant place à l’interprétation.