Le Mystère des Joyaux de la Couronne d’Irlande

par Olivier
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Le Mystère des Joyaux de la Couronne d'Irlande
Irlande, Royaume-Uni

Joyaux de la Couronne irlandaise sur le buste d'un monarque

En 1831, les joyaux de la couronne d’Irlande ont été créés pour symboliser le pouvoir de la Couronne britannique sur l’île. Ces joyaux comprenaient une étoile ornée de pierres précieuses de l’Ordre de Saint-Patrick, une broche en diamant, ainsi que cinq colliers en or. Selon History Ireland Magazine, ils étaient destinés au souverain lors de ses visites officielles en Irlande. À l’époque, la monarchie britannique régnait sur l’Irlande jusqu’en 1922, le roi ou la reine portant également le titre de Souverain Grand Maître de l’Ordre de Saint-Patrick. Ces joyaux étaient liés à l’exercice de fonctions officielles, notamment pour adouber des membres de cet ordre. En dehors de ces cérémonies, ils étaient conservés en toute sécurité au château de Dublin.

Cependant, la sécurité autour de ces richesses laissait à désirer. Ironiquement, en 1903, lors de la construction d’une nouvelle salle forte à Dublin Castle, un problème inattendu apparut : le coffre destiné à protéger les joyaux était trop grand pour y être installé. Arthur Vicars, l’Ulster King of Arms responsable de leur protection, proposa alors de déplacer le coffre dans sa bibliothèque, un choix qui allait s’avérer désastreux.

Arthur Vicars en tenue officielle avec bâton

Arthur Vicars avait une carrière remarquable, mais il était loin d’être irréprochable pour le poste qu’il occupait. Connu pour exhiber les joyaux à ses visiteurs, il avait également tendance à perdre ses clés, y compris celles du coffre. Selon le château de Dublin, une fois, les joyaux auraient même été subtilisés lors d’une plaisanterie alors qu’il était ivre. À l’été 1907, alors que les joyaux étaient enfermés en vue de la venue du roi Édouard VII, Vicars perdit la clé de la tour Bedford et ne prit aucune mesure quand la porte fut trouvée ouverte par une femme de ménage. Le 6 juillet, cette dernière découvrit une clé coincée dans la serrure du coffre, tandis qu’une autre était accrochée à un trousseau. Peu de temps après, la garde trouva la salle forte vidée de ses trésors : les joyaux avaient disparu.

Le roi Édouard VII et la reine consort

À mesure que l’enquête avançait, les circonstances aberrantes se dévoilaient : Vicars, un fêtard notoire, était souvent ivre, ce qui nuisait à son devoir de protéger les joyaux. Soupçonné, il chercha à prouver son innocence, allant jusqu’à participer à une séance spirite suggérée par un médium. Avec l’espoir d’identifier l’emplacement des joyaux, il fouilla même un cimetière après avoir appris qu’ils pourraient y être enterrés, sans succès. En désespoir de cause, il envisagea de faire appel à son cousin Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock Holmes, pour élucider ce mystère. Malgré tous ses efforts, Vicars fut discrédité, contraint à l’exil, et sa carrière ruinée par ce scandale qui priva les joyaux de leur apparition à l’exposition internationale d’Irlande cette année-là, au grand embarras du roi Édouard VII.

Certains historiens estiment toutefois que Vicars fut un bouc émissaire injustement accusé et que, malgré son comportement débridé, il ne fut pas responsable de la disparition des joyaux.

Affiche de recherche pour les joyaux de la couronne d'Irlande

À ce jour, le sort ultime des joyaux de la couronne d’Irlande demeure un mystère : ils n’ont jamais été retrouvés, malgré la prime initiale de 1 000 livres sterling offerte pour leur récupération. L’identité du ou des voleurs n’a jamais été établie, bien que l’affaire ait suscité un vif intérêt, y compris celui du détective de Scotland Yard John Kane, dont le rapport officiel fut mystérieusement occulté.

Certaines théories évoquent la suppression de l’enquête en raison de la découverte d’un climat de débauche et de comportements inappropriés au château de Dublin, ce qui aurait alimenté un scandale plus grand encore. Parmi les nombreuses hypothèses, des hommes politiques ont accusé des unionistes irlandais d’avoir dérobé les joyaux et de les avoir ensuite introduits clandestinement aux États-Unis. Par ailleurs, certains suspectent la maîtresse d’Arthur Vicars, qui aurait fui avec les joyaux en France. Vicars lui-même incrimina finalement Francis Shackleton, frère de l’explorateur Ernest Shackleton, affirmant qu’il avait une clé du coffre et avait utilisé les joyaux pour régler ses dettes. Plusieurs chercheurs contemporains considèrent cette version plausible, suggérant que le voleur aurait profité de l’état d’ébriété de Vicars pour commettre le vol.

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