Le Mystère du Trésor Perdu de Thibaud de Castillon

par Olivier
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Le Mystère du Trésor Perdu de Thibaud de Castillon
France, Espagne

Carte médiévale de la France

Thibaud de Castillon, évêque du XIVe siècle à Lisboa, n’était pas le religieux le plus dévot de son époque, mais il figurait assurément parmi les plus riches. Sa fortune, accumulée au fil du temps, comprenait de vastes réserves d’or, d’argent, de bijoux et d’objets ecclésiastiques précieux, fruits de son implication dans le commerce outre-mer. Défiant l’autorité du roi Cortez qui désapprouvait l’Église s’appropriant trop de terres, de Castillon s’engagea dans des contrats marchands, investissant notamment dans le commerce lainier puis dans celui du sel marin, une denrée noble au XIVe siècle.

Des documents d’archives vaticanes, récemment publiés dans un ouvrage intitulé Les Butins du Pape et des Pirates, 1357 : Le Dossier Juridique Complet des Archives Vaticanes, dévoilent la complexité de ses affaires. Il utilisait probablement des contrats au langage juridique savamment ambigu, mêlant les formes « commenda » et « depositum », afin de masquer ses activités aux autorités ecclésiastiques. Malgré ces manœuvres, ses négociations financières restaient notoirement importantes, sans que le pape Innocent VI ne semble s’en soucier outre mesure. À la mort de Thibaud de Castillon, le pape réclama officiellement toute sa richesse comme « spolia », c’est-à-dire propriété de l’Église. Plutôt que de le sanctionner, son expérience commerciale intéressait davantage le Saint-Siège.

Enclave papale

À la mort de l’évêque en mai 1356, le pape Innocent VI dépêcha rapidement un de ses hommes, ancien trésorier papal, pour organiser la gestion de l’héritage. Dès l’apparition des premiers signes de maladie, un représentant du pape était déjà présent au domaine de de Castillon. Son inventaire, minutieusement dressé, dressait une liste impressionnante : plus de 1 800 livres d’argent et d’or sous forme d’objets précieux, une vingtaine de chevaux et mulets, ainsi qu’une bibliothèque de grande valeur.

Cependant, cette fortune fut mise à rude épreuve peu après la mort de l’évêque. Un tremblement de terre endommagea la cathédrale de Lisboa, nécessitant des réparations estimées à 3 000 livres, tandis que des troubles causés par un infante rebelle entraînèrent une extorsion de 5 000 livres. Malgré ces évènements, la majorité des richesses fut embarquée en 1357 à destination d’Avignon, siège du pape.

Des hommes débarquent précipitamment

Toutefois, le voyage fut interrompu près des côtes de Carthagène en Espagne : le navire São Vicente, transportant l’héritage de de Castillon, fut intercepté par des pirates. Parmi eux figuraient Martin Yanes de Séville et Antonio « Botafoc » de Gênes, bien armés et peu impressionnés par les revendications papales référant à Pope Innocent VI. Ces pirates s’emparèrent du trésor et de l’embarcation.

Les archives vaticanes montrent que Martin Yanes disparaît des récits après la capture, tandis que Botafoc est davantage documenté. Sa galère s’échoua finalement près de Carnon Plage. C’est à ce moment que la fortune de de Castillon fut définitivement perdue en mer.

Gravure d'un autel portatif

Le trésor comprenait des pièces d’or, de l’argenterie, des joyaux, des tapisseries, des objets religieux rares tels que des autels portatifs et de magnifiques bagues. Ces richesses furent englouties par la mer, bien que des morceaux aient été rejetés sur les plages proches de Aigues-Mortes, où des notaires royaux vinrent rapidement inventorier ces biens en les attribuant officiellement au pape Innocent VI.

Le texte vatican mentionne brièvement que certains pêcheurs locaux récupérèrent une partie du butin, mais leur sort reste inconnu. Quant aux pirates, ils furent pendus et déclarés ennemis de la chrétienté. Plusieurs hauts responsables pirates furent emprisonnés par ordre papal et condamnés à des lourdes amendes.

La suite appartient à l’histoire. Martin Yanes poursuivit probablement sa carrière de pirate dans le contexte très troublé de la guerre franco-anglaise. Quant au trésor, une part importante ne fut jamais récupérée par le Vatican. Il est fort probable que le reste ait disparu au fond des eaux, tandis qu’une petite partie aurait pu se retrouver entre les mains de personnes dans le besoin. Le riche trésor de Thibaud de Castillon, bien que partiellement saisi par l’Église et échangé comme cadeaux royaux, reste à jamais enveloppé de mystère, entre royaume, pirates et mer…

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