Le pacte tragique de mort entre Rudolf et Maria Vetsera
Cette histoire raconte un pacte suicidaire qui aurait pu précéder la Première Guerre mondiale. En 1889, l’archiduc Rudolf, prince héritier d’Autriche âgé de 30 ans, était le fils de l’empereur conservateur François-Joseph. Écarté des décisions gouvernementales, Rudolf était également contraint d’épouser la princesse belge Stéphanie, dont le mariage se révéla malheureux. Infidèle, Rudolf eut de nombreuses maîtresses, et la maladie qu’il transmit à Stéphanie la rendit stérile. Avec l’une d’elles, la baronne Maria Vetsera, âgée de 17 ans, il fut retrouvé mort d’une balle dans la tête dans un pavillon de chasse à Mayerling. Les notes laissées par le couple alléguèrent un meurtre-suicide, provoquant un choc à travers l’Europe et une crise de succession en Autriche-Hongrie.
La royauté chercha à dissimuler la vérité, annonçant d’abord que Rudolf était mort d’une crise cardiaque avant que les détails horrifiants ne soient révélés. Ils tentèrent de réhabiliter son image en persuadant un médecin de rédiger un certificat attestant qu’il n’était pas dans son bon sens au moment des faits. Pendant ce temps, Maria Vetsera reçut une sépulture discrète, tandis que le pavillon où se déroula le drame fut transformé en couvent pour prier pour l’âme de Rudolf.
Au fil des ans, des rumeurs persistèrent, suggérant que le meurtre-suicide n’était pas ce qu’il semblait. Pour le centenaire du scandale en 1989, des théories alternatives furent avancées, incluant l’idée que Rudolf se serait donné la mort seulement après la mort de Maria, suite à un avortement raté, ou qu’ils avaient été assassinés par des membres de la famille Vetsera ou des extrémistes politiques. À cette époque, les royautés européennes étaient en grand danger, François-Joseph ayant perdu sa mère assassiné par un anarchiste italien quelques années plus tard.
La théorie prédominante reste que Rudolf et Maria avaient convenu de se suicider ensemble. Cette version fut renforcée en 2015 lorsque la Bibliothèque nationale autrichienne découvrit des lettres d’adieu de Vetsera à sa famille, exprimant son amour pour Rudolf et son souhait d’être enterrée à ses côtés. Rudolf avait également laissé une lettre à sa femme, révélant l’intensité de leur liaison.
Toutefois, cette tragédie ne correspondait pas à une simple histoire d’amour. Selon Brigitte Hamann, auteure d’un ouvrage sur l’incident de Mayerling, Rudolf avait envisagé le suicide pendant plusieurs mois avant de passer à l’acte.
Le décès des deux amants marqua un tournant indéniable dans l’histoire autrichienne. Après la mort de Rudolf, la succession échut à son oncle, Charles-Louis, qui mourut de la fièvre typhoïde moins de dix ans plus tard. C’est alors le fils aîné de Charles-Louis, l’archiduc François-Ferdinand, qui hérita du trône, avant d’être assassiné en 1914, un événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.