Le crépuscule d’un roi : ses derniers instants
Pour saisir les dernières heures d’Henri VIII, il faut d’abord revenir sur la trajectoire qui l’a mené au crépuscule de sa vie. Jeune, il était réputé pour sa beauté et son tempérament sportif ; plus tard, l’excès et les blessures ont transformé ce roi athlétique en un homme lourdement affaibli.

Plusieurs facteurs expliquent ce déclin progressif :
- Une grave blessure à la jambe lors d’un tournoi de joute qui le rendra beaucoup plus sédentaire.
- Un régime extrêmement calorique, riche en viandes et en vin, qui a conduit à une prise de poids importante.
- Une mauvaise circulation, des ulcères et des varices sévères affectant principalement les jambes.

À mesure que son poids augmentait, sa mobilité diminuait : on le portait en chaise, et les chasses traditionnelles furent transformées en parties où le gibier était amené à portée de tir. Les soins médicaux de l’époque — saignées et remèdes empiriques — eurent peu d’effet sur son état général.
Le 27 janvier 1547, tous reconnaissaient que le roi touchait à sa fin, même si pronostiquer la mort d’un souverain était considéré comme téméraire. On s’attacha alors à ses dernières dispositions spirituelles : confesseur, confession et communion. Henri déclara croire que « le Christ, dans sa miséricorde, lui pardonnerait tous ses péchés ». Dans le même temps, certains historiens rappellent qu’au cours de son règne des exécutions massives eurent lieu — les estimations varient, certaines évoquant des chiffres très élevés.

Les récits contemporains décrivent une chambre où l’on s’affairait autour du roi : on appliquait onguents et potions, on fermait les tapisseries pour protéger de l’humidité et on entretenait un grand feu pour « chasser les humeurs mauvaises ». Une odeur âcre tentait de masquer la putréfaction physique; l’atmosphère était lourde et suffocante.
Des recherches médicales modernes attribuent souvent la mort d’Henri VIII à une insuffisance rénale et hépatique aggravée par son mode de vie. Dans la nuit du 28 janvier 1547, alors âgé de 55 ans, il perdit finalement connaissance après avoir appelé l’archevêque Thomas Cranmer. Cranmer rapporta avoir senti un léger serrement de main, signe ambigu de confiance religieuse, puis le roi expira dans les premières heures du jour.

Cette chronique des derniers instants d’Henri VIII éclaire comment la combinaison d’une blessure, d’excès alimentaires et de soins médicaux limités a transformé la fin d’un règne autrefois vigoureux en un lent dépérissement — un épisode marquant de l’histoire anglaise qui trouve sa place entre les récits de pouvoir, de foi et de fragilité humaine.
