Les funérailles et leurs détails surprenants
À la chute du jour du 22 janvier 1901, la reine Victoria s’éteint après près de 64 ans de règne. Agée de 81 ans, elle avait déjà traversé de lourdes pertes personnelles, dont le décès du prince Albert, et sa santé déclina fortement : presque aveugle et amaigrie, elle restait toutefois l’incarnation d’une ère qui voyait le soleil ne jamais se coucher sur son empire.
Sa disparition posa une question inhabituelle pour l’époque : comment organiser les funérailles d’une souveraine qui, jusque-là, n’avait connu qu’un seul modèle de départ ? Victoria avait cependant prévu nombre de détails. Elle souhaitait un service funèbre militaire complet plutôt qu’une mise en terre discrète. Fidèle à ses instructions, on n’entretint pas l’idée d’une embaumement ; du charbon fut même disposé au fond du cercueil pour atténuer les odeurs.
Elle refusait qu’on réalise un masque mortuaire, mais l’habitude fut malgré tout respectée par certains, illustrant le dilemme entre ses volontés personnelles et les pratiques funéraires de l’époque.
Objets et intimité : ce que révélait le cercueil
Les choix opérés pour garnir le cercueil éclairent la vie privée de la reine. Plutôt que des reliques de sa propre famille, on y plaça des souvenirs liés à John Brown, son fidèle serviteur et confident après la mort du prince Albert. Ces gestes traduisent une intimité peu conforme aux attentes publiques d’alors.
- On glissa à son doigt la bague de mariage de la mère de John Brown.
- Une mèche de cheveux de John Brown et un de ses mouchoirs furent également inclus.
- On trouva enfin une photographie de John Brown, attestant de l’attachement particulier de la reine.
Le cortège funèbre eut lieu le 1er février et dura environ deux heures. Après un incident où les chevaux se détachèrent du char funéraire, l’état-major naval dut prêter main-forte pour tirer le convoi jusqu’à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor. Le 4 février, Victoria fut inhumée dans le mausolée de Frogmore, près de Windsor.
Le coût total des funérailles s’éleva à 35 500 livres sterling, somme considérable pour l’époque — de l’ordre de 4,5 millions de livres en valeur actuelle —, témoignant de l’ampleur solennelle et protocolaire de cet adieu royal.
Ces éléments forment un épisode marquant autour des funérailles de la Reine Victoria, mêlant rigueur militaire, choix personnels et affichage public, et offrent un éclairage singulier sur la frontière parfois ténue entre vie privée et représentation monarchique.