Les moments les plus gênants des inaugurations présidentielles

par Angela
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Les moments les plus gênants des inaugurations présidentielles
États-Unis

Les investitures présidentielles américaines ont souvent été des moments où les enjeux politiques, les conditions climatiques et les gestes protocolaires se mêlent de façon inattendue. Quand deux figures publiques s’affrontent publiquement sur fond de cérémonie, l’ambiance peut virer au comique involontaire ou à l’orage sale. Voici un tour d’horizon des épisodes les plus maladroits de l’histoire des inaugurations américaines.

1789 : l’inauguration de George Washington frôla le désastre

Portrait de George Washington
Inauguration de George Washington, proche du désastre

Non seulement l’investiture de Washington arriva 57 jours après l’élection, faute de quorum au Congrès, mais au moment où il allait être assermenté, on dut emprunter une Bible à une loge maçonnique voisine — Bible qui demeure en possession des Archives nationales. Des témoins contemporains rapportent que Washington était anxieux, embarrassé et agité: il tremblait et chuchotait son discours, presque inaudible. Le texte lui-même reconnaissait que cet événement avait provoqué chez lui de fortes anxiétés. Malgré tout, Washington fut confirmé par 100 % des électeurs, ce qui ouvrit une longue tradition, même si ce premier acte fut singulier et malaisé.

1801 : John Adams skippe l’investiture de Thomas Jefferson

Portrait de Thomas Jefferson
John Adams s’abstint d’assister à l’investiture de Thomas Jefferson

Les tensions entre John Adams et Thomas Jefferson pendant leur campagne furent fortes, et Adams choisit de ne pas assister à l’investiture de Jefferson. Cette rupture reflétait une relation personnelle et politique complexe: après l’élection de 1796, Adams et Jefferson, alors adversaires, se virent imposer une dynamique où le second candidat devenait vice‑président, peu après, et où les années suivantes ne virent plus d’allégeance naturelle entre eux. Adams quitta la ville avant l’événement et ne reparla plus à Jefferson durant douze années.

1829 : l’inauguration d’Andrew Jackson devint une fête tumultueuse

Portrait d'Andrew Jackson
Inauguration d’Andrew Jackson, une foule chaotique

Pour comprendre l’ampleur de l’agitation autour de l’investiture d’Andrew Jackson, il faut savoir que c’était le deuxième duel politique majeur face à John Quincy Adams et qu’il y avait près de 20 000 personnes présentes. La fête prit des airs de réception ouverte à la Maison-Blanche: des invités en bottes boueuses s’installèrent sur les meubles, la vaisselle fut cassée, la nourriture se dispersa et des domestiques durent attirer les convives sur la pelouse en promettant du whiskey. Jackson fut même coincé contre un mur et dut être extrait pour être conduit à l’hôtel National.

1841 : William Henry Harrison parla deux heures dans le froid mordant

Portrait de William Harrison
William Henry Harrison prononce un discours long et glacial

Ce n’était pas une querelle politique qui présidait ce jour-là, mais le froid et une mise en scène qui se dégageait d’une certaine vanité personnelle: son discours, d’environ 8 445 mots, est resté le plus long de l’histoire, prononcé par temps très froid. Harrison refusa même de porter un manteau ou un chapeau afin de paraître viril. Peu après, malade, il mourut 31 jours plus tard, ce qui reste le bref mandat le plus court de l’histoire des États-Unis. Le contenu exact de son discours n’était pas exceptionnel: c’était surtout une longue réflexion sur le processus politique.

1853 : Franklin Pierce refuse de jurer sur la Bible après un drame personnel

Portrait de Franklin Pierce
Pierce refuse d’utiliser la Bible après le décès de son fils

Événement tragique pour le président lui-même: Franklin Pierce avait vu son fils unique de 11 ans décédé dans un accident ferroviaire peu avant l’investiture; il refusa de jurer sur la Bible, percevant cette épreuve comme une punition divine. La femme de Pierce n’assista pas non plus à l’événement, partageant l’idée que la famille était marquée par le malheur. Pierce était le quatorzième président et son mandat demeure l’un des moins marquants, en partie à cause de ce contexte personnel lourd.

1865 : le vice-président Andrew Johnson était visiblement ivre lors de son investiture

Portrait d'Andrew Johnson
Andrew Johnson, ivre lors de son investiture

Même les politiciens de longue date peuvent être nerveux: lors de la seconde investiture d’Abraham Lincoln, Andrew Johnson bu quelques whiskies médicinaux et parla sans cesse, en retenant mal ses propos devant l’assemblée. Lincoln consulta plus tard, déplorant ce comportement. Johnson avait grandi dans une cabane en bois et s’était construit une carrière de tailleur avant de s’imposer politiquement. Il finit par reprendre ses esprits, embrassa la Bible et prit le serment, puis se guida envers les nouveaux sénateurs pour que le processus se poursuive.

1873 : la seconde investiture de Ulysses S. Grant dans le froid saisissant

Portrait d'Ulysses S Grant
Second investiture d’Ulysses S. Grant dans un froid extrême

La planification d’une grande fête était plus complexe sans application météo: les inaugurations ont toujours lieu en hiver, mais celle de Grant, le 4 mars 1873, fut particulièrement froide. La température mesurée était de 16 °F (-9 °C), et avec le vent, le ressenti dépassait largement ce chiffre, rendant les conditions presque insupportables pour les invités. Des cadets furent envoyés à l’hôpital pour des gelures, et la salle de bal, mal isolée, laissa les convives au froid toute la soirée. En outre, des canaris placés au-dessus du bal moururent du froid, ou, selon une rumeur du Washington Post, des lampes à gaz auraient pu être impliquées; le bâtiment temporaire en bois fut gelé et projetait une atmosphère sinistre.

1933 : l’investiture de Franklin D. Roosevelt, lourde de tensions et d’irritations

Photo de FDR
Roosevelt et Hoover durant l’investiture, tendus et contrariés

Les esprits furent loin d’être apaisés: Roosevelt et Hoover passèrent la majeure partie de l’investiture dans un silence glacial, se détestant au sujet de ce que deviendraient les propositions du New Deal. Hoover avait décrit Roosevelt comme étant « un caméléon sur un tissu à motif » — une critique qui prenait tout son sens dans le contexte économique de la Grande Dépression. La tension entre les deux camps s’étendit même au-delà du jour de l’investiture, qui marqua une période de transition politique particulièrement délicate au cours des mois qui suivirent.

1953 : Eisenhower casse plusieurs traditions lors de son investiture

Photo d'Eisenhower
Eisenhower rompt avec certaines coutumes lors de son investiture

Le jour de l’investiture, Dwight D. Eisenhower esquiva plusieurs codes: il refusa de saluer la Bible et présida une grande parade inaugurale, même que le Secret Service autorisa une mise en scène peu orthodoxe où un cowboy et un manipulateur l’emmenèrent par une corde. Cette année-là, les journalistes en parlaient aussi avec ironie et, après l’événement, certains ont présenté des excuses pour les attaques un temps portées contre Truman au cours des années passées. L’épisode témoigne d’un changement de mentalité et d’ironie du calendrier républicain.

1961 : le pupitre de John F. Kennedy prend feu

JFK au pupitre
Le pupitre de Kennedy prend feu lors de l’investiture

Les événements de l’investiture de John F. Kennedy furent balayés par la neige qui avait recouvert les rues, mais des soucis techniques surgirent aussi: lors du serment, le vice‑président fit une erreur; le pupitre prit feu à cause d’un court‑circuit; le poète Robert Frost n’a pas pu lire le poème prévu à cause d’un reflet lumineux. Malgré tout, l’investiture de Kennedy reste l’un des moments les plus marquants et les plus condensés d’espoir pour l’Amérique nouvelle, et son discours, d’environ quatorze minutes, est souvent considéré comme l’un des plus mémorables.

1973 : Nixon et l’inauguration perturbée par un coq

Nixon et le coq
Un coq perturbe l’inauguration de Nixon

La cérémonie tenait lieu au Musée national d’histoire et de technologie, et un coq s’échappa d’une exposition fermée, embrouillant une héritière d’un haut rang social avant d’être maîtrisé par un employé du musée. L’épisode est une anecdote parmi d’autres sur les épisodes insolites des investitures présidentielles; rappelons aussi qu’en 1969, des manifestants avaient apporté un cochon sur le National Mall pour protester, et que certains billets amicaux de “Counter Inaugural Ball” proposaient des places « meilleures » pour quelques dollars.

2017 : le discours de Trump, langage et surprises

Trump prononçant son discours
Discours de Trump, un déluge de langage inhabituel

Lorsqu’on élit quelqu’un de « non traditionnel », on peut s’attendre à une investiture non conventionalisée: le discours initial a été perçu comme apocalyptique et sombre, avec la célèbre phrase « This American carnage stops right here and stops right now ». Après le discours, des remarques sur la réaction de l’ancien président George W. Bush furent rapportées, décrivant la réponse comme évasivement critique, et une anecdote a circulé sur un cadeau inattendu offert à Michelle Obama par Melania Trump: un cadre Tiffany vide, qui causa une certaine confusion. D’autres détails ont aussi circulé quant au reste de la transition et à l’atmosphère générale.

Qu’il s’agisse de cris de joie, de controverses ou de gestes surprenants, ces moments rappellent que les inaugurations, au-delà de leur sacralité, restent des moments où les tensions humaines et les aléas matériels peuvent prendre le dessus sur le décor officiel.

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