Les raisons de l’effondrement de l’Empire ottoman

par Olivier
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Les raisons de l'effondrement de l'Empire ottoman
Turquie, Russie

Mosquée impériale ottomane

Si les cours d’histoire au lycée vous semblent appartenir à une époque lointaine, l’expression « l’homme malade de l’Europe » peut paraître aujourd’hui un simple vestige abandonné dans un coin obscur de votre mémoire. Pourtant, cette expression était au cœur des débats géopolitiques européens au milieu du XIXe siècle, à une époque où Florence Nightingale sauvait des vies pendant la guerre de Crimée, et où la Charge de la Brigade légère se soldait par un carnage.

Le tsar Nicolas Ier de Russie est à l’origine de ce terme pour désigner l’Empire ottoman en déclin. En réalité, il aurait déclaré : « Nous avons un homme malade entre les mains, un très malade ». L’image était frappante : cet empire turc, jadis invincible, avait connu un essor fulgurant environ cinq siècles plus tôt. En conquérant des territoires à un rythme impressionnant, les Ottomans avaient suscité des croisades chrétiennes en 1336, 1396 et 1440 visant à stopper leur avancée, sans succès.

Les Ottomans avaient détruit l’Empire byzantin et vaincu Vlad l’Empaleur, dont la tête conservée dans du miel fut envoyée en trophée au sultan Mehmed II pour orner les portes de Constantinople conquise. Alors, comment cet empire, autrefois si puissant, s’est-il laissé affaiblir au point de sombrer ?

Sultan Süleyman Ier le Magnifique

Selon l’Encyclopædia Britannica, au XVIe siècle, l’Empire ottoman atteignit son apogée avant de s’engager dans un déclin progressif. Le sultan Süleyman Ier, dit le Magnifique, se fatigua des conflits et des responsabilités administratives. Il préféra se retirer dans son harem, déléguant toujours plus de pouvoirs à son grand vizir, qui contrôlait les finances et possédait une autorité quasi absolue, devenant ainsi le véritable décideur. Ce dernier sema la division, fragilisant ainsi la cohésion du gouvernement.

Le système du devşirme, consistant à enlever des enfants chrétiens dans les territoires conquis pour les convertir en soldats-esclaves ou bureaucrates, devint un facteur déterminant dans la décadence ottomane. Dès le milieu du XVIe siècle, ces « recrues » dépassèrent la noblesse turque et prirent le contrôle, imposant un régime de népotisme et de corruption. Les sultans eux-mêmes durent soudoyer le grand vizir et la caste du devşirme, tout en exacerbant les luttes internes entre factions.

Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale

Le XVIIIe siècle marqua une chute rapide du poids politique ottoman. Les décennies précédentes avaient été marquées par une succession de guerres contre la Russie, conflits qui se poursuivirent durant le XVIIIe et le XIXe siècle. Pendant la guerre de Crimée, la Russie, la Grande-Bretagne et la France se disputèrent l’influence au Moyen-Orient, notamment sur l’Empire ottoman. Le tsar Nicolas Ier vit là une opportunité de « mettre fin aux souffrances de l’homme malade de l’Europe » en lançant en 1853 une offensive contre les troupes ottomanes. La France et la Grande-Bretagne entrèrent alors en guerre contre la Russie.

Les soulèvements à la fin du XIXe siècle ébranlèrent un empire affaibli qui entama difficilement le XXe siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman choisit de s’allier aux Empires centraux, une erreur fatale. L’histoire relate que l’Empire ottoman cessa définitivement d’exister en 1922 avec la disparition du titre de sultan. Ce récit explique comment le géant ottoman s’effondra, une réalité déjà connue depuis longtemps mais désormais mieux comprise.

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