Histoire
William Shakespeare écrivit l’une de ses plus grandes tragédies, « Macbeth », dès 1606 dans le but de séduire son mécène, le roi Jacques Ier. L’auteur y inséra des éléments qui plairaient au souverain, notamment un trio de sorcières prophétiques, répondant ainsi à l’intérêt du monarque pour le surnaturel. Par ailleurs, Shakespeare évoqua un ancêtre du roi, le noble écossais Banquo, réintégrant dans l’œuvre une rivalité royale qui s’est étendue sur plusieurs générations et déclencha maintes luttes sanglantes.
En effet, la réalité historique regorgeait de rivalités intenses pour le contrôle de l’Écosse, autrefois désignée Alba, au cours des années 1000. Ces combats de pouvoir ont inspiré Shakespeare pour raconter les destins de rois tels que Duncan I et Macbeth. Comme l’explique David Brown, historien à l’Université de Glasgow, ces temps étaient marqués par une brutalité sans égale, où la vengeance et les assassinats faisaient partie intégrante de la politique.
Voici quelques points clés pour mieux comprendre cette époque :
- Le règne de Duncan I : Aussi connu sous le nom de Donnchad mac Crínáin, il succéda à Malcolm II en 1034 à l’âge de 30 ans. Bien que son grand-père l’ait établi à Strathclyde, son autorité fut rapidement remise en question en raison d’une gouvernance jugée faible.
- Ses alliances matrimoniales : En 1030, Duncan épousa Suthen, parente d’un earl de Northumbria, et eut deux fils, Malcolm III Canmore et Donald Bane, renforçant ainsi les liens politiques de son époque.
- L’arrivée d’un rival : La faiblesse perçue de Duncan ouvrit la voie à la montée en puissance de Macbeth, cousin du monarque, qui ambitionna de s’emparer du pouvoir.
Dans la tragédie de Shakespeare, Macbeth ourdit un complot avec sa femme, Lady Macbeth, pour renverser Duncan et s’emparer du trône. Toutefois, dans la réalité, Macbeth se distingua plutôt comme un dirigeant solide, héritant de son père, Findlaech, en tant que chef régional dans la province de Moray. Son mariage avec Gruoch – petite-fille de Kenneth III – renforça davantage ses prétentions au trône.
Macbeth, qui devint roi en 1040 après la défaite de Duncan dans une bataille près d’Elgin, affinait sa légitimité en consolidant son soutien au christianisme. Son long règne, bien plus étendu que ce que dépeint la pièce, fut marqué par un voyage en pèlerinage à Rome en 1050, signe de stabilité pour le royaume. Ce n’est qu’en 1054 qu’un conflit s’annonça, lorsque l’Earl de Northumbria, appuyant Malcolm Canmore, se révolta contre lui.
Pour résumer :
- Duncan I fut un souverain plutôt faible dont le manque de charisme politica ouvrit la voie à l’ambition de Macbeth.
- De son côté, Macbeth, loin du portrait du vilain tyran proposé par Shakespeare, se révéla être un dirigeant avisé, consolidant son pouvoir par des alliances stratégiques et son adhésion au christianisme.
Dès lors, si l’œuvre théâtrale privilégie le drame et l’intrigue familiale, l’histoire réelle se voulait un récit complexe de rivalités sanglantes et de luttes pour le pouvoir, illustrant l’ambiguïté des figures historiques qui ont inspiré « Macbeth ». Ce panorama historique offre aux amateurs d’histoire et de culture un éclairage fascinant sur les véritables enjeux politiques d’une époque révolue.