Le monument Christ Rédempteur, symbole incontournable de Rio de Janeiro, s’impose avec majesté au sommet du Corcovado, dominant la baie de Guanabara. Achevé en 1931 après cinq années de travaux, il représente la plus récente des « Sept Merveilles du Monde Moderne » et figure parmi les icônes les plus célébrées du Brésil, évoquée dans d’innombrables chansons et traditions festives.
Conçu dans un style Art déco, le Christ Rédempteur se distingue par ses dimensions impressionnantes : 30 mètres de hauteur pour la statue, des bras déployés sur près de 28 mètres et une base élevée de 8 mètres. Selon différents témoignages, l’œuvre est perçue tantôt comme un symbole spirituel, tantôt comme un accueil chaleureux offert aux visiteurs.
Quelques étapes marquantes de son histoire :
- En 1850, l’idée naît d’ériger un monument chrétien sur le sommet du Corcovado pour honorer la princesse Isabel, régente du Brésil, projet qui ne verra jamais le jour.
- Durant la Première Guerre mondiale, face à la prolifération d’une culture perçue comme dénuée de spiritualité, un groupe de Brésiliens envisage la construction d’une immense statue de Jésus, alors que Rio était la capitale du pays.
- Le choix du site se porte finalement sur le Corcovado, privilégié au détriment d’un projet initialement envisagé sur le Pain de Sucre.
- Le 4 avril 1922, la pose de la première pierre de la base est célébrée, précédant la sélection finale de l’architecte Heitor da Silva Costa, qui proposera un monument aux multiples symboliques.
Les concepteurs s’appuient sur la collaboration de plusieurs talents : le célèbre artiste brésilien Carlos Oswald aurait inspiré l’idée des bras ouverts, tandis que le sculpteur Paul Landowski, requis pour réaliser la tête et les mains de la statue, a façonné ces éléments depuis la France sans jamais admirer l’œuvre grandeur nature.
Le chantier débute en 1926 et recourt à une infrastructure ferroviaire pour acheminer matériaux et ouvriers sur le sommet du Corcovado. Initialement, le projet envisageait une statue en bronze représentant Jésus tenant une croix et un globe, dans l’idée de signifier la rédemption universelle. Toutefois, d’autres propositions, comme celle illustrant Jésus lui-même sous forme de croix, ont également été étudiées.
La réalisation technique du monument fut tout aussi impressionnante. L’architecte Costa, désireux de créer une statue visible à plus de 4 kilomètres, décide d’opter pour du béton armé renforcé. En quête d’expertise, il se rend en France et collabore notamment avec l’ingénieur Albert Caquot, qui conçoit la structure interne. De son côté, le sculpteur français Paul Landowski réalise depuis son atelier la tête et les mains du Christ.
Afin d’achever son œuvre, Costa opte pour une finition innovante : inspiré par une fontaine ornée d’un mosaïque argentée sur les Champs-Élysées, il recouvre la statue d’un mosaïque composé de petites pièces d’ardélite, renforçant ainsi l’aspect prestigieux du monument.
La conservation du Christ Rédempteur demeure une priorité. Des travaux de restauration réguliers, incluant un nettoyage en profondeur pour la visite du pape Jean-Paul II en 1980 et des améliorations d’accès comme l’installation d’escalateurs et d’un ascenseur panoramique, garantissent la pérennité du monument. La chapelle située sur le site, dédiée à Notre-Dame d’Aparecida, fut inaugurée pour marquer le 75e anniversaire de l’œuvre, tandis que des rénovations récentes préparent la célébration de son 90e anniversaire.
Enfin, certaines anecdotes témoignent de la fascination qu’inspire le monument; par exemple, en 2014, un amateur audacieux réussit à capturer depuis l’intérieur du Christ une vue panoramique saisissante, bien que l’accès à l’intérieur soit traditionnellement réservé aux ingénieurs, architectes et techniciens spécialement mandatés.