Histoire
Au cœur de la Grande Dépression, une rumeur audacieuse a rapidement captivé l’imagination d’un pays en quête d’espoir. En 1931, Lorenzo D. Buchanan, un épicier texan, lança la nouvelle farfelue selon laquelle le défunt William Buchanan, un homme prétendument immensément riche, aurait laissé un héritage colossal évalué à 850 000 000 dollars. À une époque où cette somme paraissait inouïe, l’idée d’obtenir une part d’un tel trésor réveilla l’avidité et le désespoir d’une population en difficulté.
La situation était d’autant plus intrigante que la fortune se trouvait enfermée dans plusieurs baux fonciers de 99 ans, tous récemment arrivés à échéance. Pour prétendre à une part de ce pactole inexistant, il fallait prouver un lien de parenté avec le mystérieux Buchanan. Sous l’effet de cette rumeur, des journaux de tout le pays rapportèrent l’existence de prétendus héritiers, prêts à tout pour toucher ne serait-ce qu’une petite part d’un héritage miraculeux.
Au fil des semaines, l’histoire gagna en ampleur et en crédibilité. Les terrains en question se transformèrent en emplacements immobiliers convoités, notamment dans des quartiers prestigieux de Manhattan. La rumeur se complexifiait : le défunt Buchanan se voyait même associé à la lignée de James Buchanan, président des États-Unis de 1857 à 1861, conférant à cette légende un semblant de véracité malgré l’impossibilité généalogique.
Même après que des investigations minutieuses et des décisions de justice aient réfuté l’existence d’un quelconque héritage, la croyance en cette escroquerie héritage Buchanan persistait. Des centaines de personnes, persuadées d’être les descendants du mythique Buchanan, inondèrent archives et tribunaux de leurs revendications. Ce stratagème, qui perturba pendant près de cinq ans l’administration et la justice, demeura l’un des canulars les plus célèbres du XXe siècle, témoignant de la capacité des esprits en détresse à se raccrocher à des illusions d’un avenir meilleur.