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La plupart des années, Noël suit un schéma bien établi : commencer les achats tôt, oublier en chemin, se précipiter pour des cadeaux de dernière minute, dépenser beaucoup trop d’argent et regarder les enfants — ou les animaux de compagnie — s’amuser avec la boîte vide plutôt qu’avec le cadeau lui-même. Sapins, cartes de vœux, biscuits et festins abondants rythment cette période festive. Le visage du Père Noël est omniprésent, les classiques de Noël passent à la télévision, et chaque série propose son épisode annuel sur le thème des fêtes. Les bases de Noël sont connues de tous, ainsi que ce qu’on peut en attendre.
Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. À une époque pas si lointaine, Noël prenait un tout autre visage. Même si de nombreuses traditions actuelles ont vu le jour durant l’ère victorienne, les célébrations de part et d’autre de l’Atlantique étaient, au départ, pour le moins singulières.
Pour être juste, certaines de ces traditions mériteraient un retour en grâce, tandis que d’autres devraient rester bien enfouies dans le passé. Elles constituent néanmoins un précieux témoignage, nous rappelant que, peu importe les imperfections de Noël aujourd’hui, certaines coutumes d’autrefois ont heureusement disparu, nous permettant d’apprécier pleinement nos festivités modernes.
Les conifères ont longtemps tenu une place importante dans les célébrations du solstice d’hiver. Selon la Société horticole de New York, de nombreuses cultures considéraient les feuillages persistants tels que les sapins, le houx ou le gui comme liés de manière sacrée aux cycles naturels de naissance, de mort puis de renaissance.
La première tradition d’introduire un arbre à feuilles persistantes à l’intérieur provient des guildes d’artisans du nord de l’Allemagne. À la Renaissance, ces guildes décoraient leurs arbres non seulement pour les enfants, mais aussi pour leurs apprentis, marquant ainsi un geste de partage et de célébration.
Cette coutume a ensuite traversé l’Atlantique et s’est diffusée vers l’Ouest notamment grâce au prince Albert, époux de la reine Victoria. Passionné de traditions, il envoyait de nombreux arbres décorés dans les écoles et les casernes militaires. Toutefois, c’est une image précieuse qui fit réellement connaître cette pratique au grand public : la photo de la famille royale décorant son propre arbre de Noël, publiée en 1848, déclencha une véritable engouement populaire.
Ce succès ne relevait pas seulement d’un habile coup de publicité. La BBC rapporte que Victoria et Albert prenaient eux-mêmes plaisir à préparer leurs sapins et à surprendre leurs enfants avec leur décoration finale. Cette scène touchante contribua à ancrer la tradition dans le cœur des amoureux de Noël, qui la diffusèrent rapidement bien au-delà des frontières britanniques. Ainsi, tout au long de l’ère victorienne, le sapin de Noël devint un symbole incontournable de la fête, adopté par un nombre croissant de foyers.
Les récits de fantômes à Noël à l’époque victorienne

À l’époque victorienne, la magie de Noël se teinte souvent d’une atmosphère mystérieuse et parfois inquiétante. Contrairement aux films modernes de Noël comme Les Dix Commandements ou Le Magicien d’Oz, les familles victoriennnes préféraient se réunir la veille de Noël pour partager les récits de fantômes les plus effrayants possibles.
Le conte le plus emblématique de cette tradition demeure Un chant de Noël de Charles Dickens. À première vue, cette histoire paraît étrange, presque morbide, pour une narration de Noël contemporaine. Pourtant, en 1843, ces récits fantasmagoriques étaient à la mode et captivaient les foules. L’association entre fantômes et Noël remonte en réalité à plusieurs siècles, car cette période sombre et froide de l’année se prêtait idéalement aux histoires d’apparitions et de mystères.
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement singulier pour les contes de Noël à cette époque :
- La montée de la classe moyenne, dont beaucoup vivaient dans des maisons anciennes pleines de passages secrets et de grincements inquiétants.
- Une spiritualité largement pratiquée, avec la croyance que certains pouvaient percer le voile entre le monde des vivants et celui des morts.
- L’éclairage aux lampes à gaz à l’intérieur des maisons, générateur d’ombres mouvantes propices aux hallucinations et à l’imagination.
Vers la fin de l’ère victorienne, cette tradition s’est étendue jusqu’aux États-Unis. L’écrivain américain Henry James a, par exemple, écrit The Turn of the Screw, une histoire de fantômes pour Noël, devenue un classique adapté récemment en série par Netflix sous le titre The Haunting of Bly Manor.
À l’époque victorienne, les cartes de Noël, aujourd’hui symbole de joie et de festivités, présentaient une face bien plus sombre et étrange. Selon la BBC, Sir Henry Cole fut le pionnier de la production commerciale de cartes de Noël en 1843, mais ce n’est qu’à partir de 1870, avec l’introduction d’un timbre postal abordable, que la majorité des Britanniques purent s’offrir ce geste d’échange.
Avant l’avènement des cartes, les échanges de vœux familiaux et amicaux se faisaient principalement par lettres manuscrites, relayant des souhaits et des récits de l’année écoulée. La popularisation des cartes facilita cette tradition, au point que certains imprimeurs utilisaient n’importe quelle image à leur disposition, donnant lieu à des créations incongrues comme des chevaux mélancoliques, des chatons posés sur des assiettes ou même des chiens portraiturés par des singes. En 1880, plus de 11,5 millions de cartes de Noël étaient envoyées chaque année.

Une des traditions les plus étranges portant sur ces cartes fut l’inclusion fréquente d’oiseaux morts. Cette coutume, expliquée par Hyperallergic, trouve son origine dans le « Wren Day » célébré le 26 décembre. Selon cette croyance populaire, tuer un petit oiseau comme le rouge-gorge ou la grive ce jour-là apportait chance et prospérité. Ainsi, recevoir une carte ornée d’un oiseau mort revenait à un vœu enthousiaste de bonheur et de fortune — une intention charmante, bien que quelque peu inquiétante pour nos sensibilités actuelles.
À l’époque victorienne, en l’absence de Netflix ou des grands matchs de football qui rythment aujourd’hui nos soirées, les festivités de Noël se poursuivaient autour de jeux de salon destinés à divertir les convives après le dîner, lorsque le feu de cheminée crépitait doucement.
Parmi ces jeux, certains étaient particulièrement insolites, comme les « exercices prussiens ». Ce divertissement consistait à aligner les participants, tandis qu’un « capitaine » leur donnait des ordres à suivre — plier les bras, sauter sur place, ou toute autre consigne farfelue. Au climax du jeu, les joueurs devaient s’agenouiller, bras tendus devant eux, avant que le « soldat » situé à une extrémité ne pousse la rangée, provoquant ainsi une chute collective, source d’hilarité générale.
Plus dangereux encore, un autre jeu nommé « Snapdragon » faisait appel à un sens du risque certain. Des raisins secs baignés de brandy étaient placés dans un bol, puis enflammés dans la pénombre. Le but ? Attraper et manger le maximum de raisins sans se brûler et sans laisser le feu se propager ailleurs. Le courage – ou l’inconscience – était donc de mise pour remporter cette épreuve audacieuse.
D’autres divertissements mêlaient mystère et humour, comme Es-tu là, Moriarty ?, où les participants, les yeux bandés, devaient éviter les coups portés par des journaux roulés, et Squeak, Piggy, Squeak, un jeu dans lequel une personne aveugle devait deviner qui imitait le cri d’un cochon. Ces scènes de fête révèlent une facette méconnue de Noël victorien, où traditions et excentricités s’entremêlaient dans une ambiance tout à la fois chaleureuse et surprenante.
À l’époque victorienne, la remise des cadeaux a pris une tournure bien plus complexe qu’auparavant. Si aujourd’hui, trouver le cadeau idéal pour Noël peut s’avérer un véritable défi, durant les premières années de cette ère, les échanges étaient beaucoup plus simples et moins onéreux.
Initialement, selon les archives historiques, notamment celles de la BBC, les présents étaient principalement offerts à l’occasion du Nouvel An. Toutefois, au fil du temps, alors que Noël prenait de l’ampleur dans la société, cette tradition a évolué vers un échange de cadeaux spécifiquement à Noël. Dans les familles victoriennes, il était courant d’accrocher de petits présents directement sur le sapin — souvent des décorations artisanales, des fruits, des noix, ou encore des douceurs.
Avec l’avancée des années, les cadeaux sont devenus plus volumineux et coûteux, incitant les familles à poser désormais leurs présents sous l’arbre. L’engouement croissant pour les échanges impliquait également des règles sociales strictes, notamment pour les femmes. D’après la chercheuse et écrivain Mimi Matthews, les dames étaient tenues de limiter leurs cadeaux aux hommes de leur famille ou à leur époux, en veillant à ce que ces présents ne soient ni trop chers, ni trop personnels.
Les recommandations des publications victoriennes suggéraient alors des cadeaux pratiques comme des coffrets de rasage, des savons, des stylos en or, des boîtes à tabac ou des ensembles de bureau. Une autre option appréciée était de confectionner soi-même le cadeau, ce qui témoignait d’une attention et d’un savoir-faire particuliers.
En ce qui concerne les cadeaux destinés aux dames, ceux-ci dépendaient fortement du statut social, du fait qu’elles soient mariées ou non, ainsi que du lien qui les unissait au donateur. Les victoriens offraient souvent des savons parfumés, des bijoux, des mouchoirs, des châles, des aiguilles à tricoter ou encore des fruits, des bonbons et des fleurs. Ces choix reflétaient une coutume nuancée, mêlant praticité et symbolisme selon les circonstances.
Les clubs de la oie : une astuce pour avoir le dîner de Noël sur la table

Depuis des siècles, la oie occupe une place de choix lors du repas traditionnel de Noël. En effet, cet animal est typiquement de saison deux fois par an, dont une phase arrive à point nommé pour les fêtes de fin d’année. Ainsi, elle était considérée comme la viande festive par excellence à l’époque victorienne.
Cependant, tout le monde ne pouvait pas se permettre d’acheter une oie de Noël. Pour y remédier, de nombreux foyers participaient à ce que l’on appelait des « clubs de la oie ». Le principe était simple : chaque famille versait une petite somme hebdomadaire sur plusieurs mois. Arrivé le moment de Noël, elle avait accumulé suffisamment pour acquérir son oiseau festif.
Parfois, cette contribution s’accompagnait d’une bouteille de gin ou d’un service de cuisson. En effet, la plupart des maisons ne disposaient pas de fours adaptés pour cuisiner une oie entière. Il était courant que les boulangers locaux gardent leurs fours allumés afin d’aider les familles à préparer leur repas de fête.
Dans les années 1840, grâce à l’importation de volailles, la oie devint plus accessible. Elle était alors souvent servie avec d’autres mets typiques de Noël, comme le pudding de Noël, les mince pies (tartes aux fruits) et le vin chaud épicé, formant ainsi un festin traditionnel symbolique du Noël victorien.
Santa started to become a thing again

Le Père Noël, figure emblématique de Noël aujourd’hui, n’a pas toujours eu cette place centrale. Autrefois, la fête de la Saint-Nicolas se célébrait le 6 décembre. Saint Nicolas, reconnu depuis des siècles comme un généreux distributeur de cadeaux, a vu son rôle évoluer avec le temps, notamment au cours de la Réforme protestante au XVIe siècle.
À cette époque, la figure de Saint Nicolas tomba quelque peu en désuétude. La célébration fut déplacée à Noël et la figure centrale devint Jésus-Christ. Cependant, pour gérer le comportement des enfants, on inventa des personnages comme Krampus ou Pelznickel, chargés de punir les enfants turbulents.
C’est durant l’époque victorienne que le Père Noël commença véritablement à renaître dans l’imaginaire collectif. Il n’y avait pas encore de croyance généralisée en un homme magique et mystique venant du Pôle Nord pour distribuer des cadeaux. Ce changement fut grandement encouragé par les écrivains, poètes et caricaturistes victoriens qui souhaitaient faire de Noël une fête plus chaleureuse et familiale.
Les familles victoriennes retrouvaient pour leurs enfants des lectures inédites à l’approche de Noël, comme le poème The Children’s Friend de 1821, où Saint Nicolas conserve son rôle de donateur, mais dénué de toute connotation religieuse. L’année suivante apparut A Visit From St. Nicholas, connu également sous le titre The Night Before Christmas, qui contribuera à populariser cette nouvelle image.
Au fil du XIXe siècle, l’idée d’un Père Noël jovial, potelé, barbu et souriant prit de plus en plus d’ampleur. Cette version du Père Noël, telle que nous la connaissons aujourd’hui, fut en grande partie façonnée par le dessinateur politique américain Thomas Nast, laissant une empreinte durable sur les fêtes de Noël modernes.
Les crackers de Noël représentaient un élément incontournable des festivités victoriennes. Selon Victoriana Magazine, l’un des cadeaux populaires était un petit présent d’amour appelé “kiss”. Il ne s’agissait pas d’un baiser au sens traditionnel, mais d’une miette de papier de soie torsadé contenant un bonbon et un court poème ou une phrase en vers. Cette coutume, née en France, avait gagné l’Angleterre, et c’est durant l’époque victorienne que les Anglais la perfectionnèrent de manière significative.
Dans les années 1850, un confiseur londonien nommé Tom Smith imagina une version plus proche des crackers tels que nous les connaissons aujourd’hui. En plus du bonbon et du mot d’amour, il créa un emballage plus large qui éclatait d’un bruit sec lorsque les deux moitiés étaient tirées. Cette idée fut inspirée par le crépitement d’un bûcher. Rapidement, certains bonbons furent remplacés par de petites surprises, témoignant d’une évolution vers des cadeaux plus variés.
Vers 1900, les crackers contenaient également un petit chapeau en papier. Cet accessoire ludique permettait aux Victoriens de se parer d’une tenue festive aussi fantaisiste que celle de nos contemporains. Cette tradition illustre parfaitement comment les coutumes de Noël victorien alliaient gaieté et innovation, contribuant à façonner l’esprit des fêtes que nous perpétuons aujourd’hui.
À l’époque victorienne, la célébration de Noël ne se limitait pas à l’Angleterre. Tandis que les Britanniques forgeaient des traditions de Noël désormais bien ancrées, les Américains, eux, peinaient à trouver une identité commune autour de cette fête.
Jusqu’aux alentours de 1850, les États-Unis ne possédaient pas une idée claire ni uniforme de ce qu’était Noël ni de la manière de le célébrer. En effet, Noël ne devint un jour férié fédéral qu’en 1870, ce qui souligne combien le sentiment d’une fête nationale cohérente était encore flou à cette époque.
Les pratiques variaient énormément selon les régions :
- Les communautés puritaines ne célébraient pas Noël, jugeant qu’elle ne figurait pas dans les prescriptions bibliques.
- Pour certains groupes, Noël n’était qu’une journée banale et sans importance particulière.
- En revanche, certaines élites comme les planteurs de Virginie, fortement attachés à leurs racines britanniques, profitaient de cette période pour chasser, festoyer, danser et rendre visite à leurs proches — perpétuant ainsi les usages anglais liés à la fête.
Au fil du siècle, une transformation s’opéra avec l’urbanisation croissante et l’accélération du rythme de vie. Cette évolution fit naître un fort désir d’une fête consacrée à la bienveillance, à la convivialité, et au partage d’un moment paisible où les individus pouvaient se rassembler et apprécier la compagnie les uns des autres.
Vers 1900, environ un foyer américain sur cinq avait adopté la tradition du sapin de Noël, le décorant lui-même. Ce tournant s’explique en grande partie par la Guerre de Sécession.
Selon David Anderson, professeur d’histoire américaine à l’université de Swansea, la Guerre de Sécession a conduit l’ensemble de la population, tant au nord qu’au sud, à réfléchir sur ce qui comptait vraiment : la famille.
Pendant cette période, Noël est devenu un moment où les femmes s’engageaient comme bénévoles dans les hôpitaux ou confectionnaient des colis destinés aux soldats, que ce soit des vêtements ou des paniers alimentaires, des gestes qui étaient profondément appréciés.
Quant aux soldats éloignés de chez eux, ils s’efforçaient de recréer un peu de l’esprit de Noël là où ils se trouvaient. Des petits sapins étaient dressés et décorés dans les tentes, des jeux étaient organisés, des chants entonnés, et des histoires sur leurs familles racontées.
Ces hommes écrivaient à leurs proches, rêvant d’un Noël passé en famille plutôt qu’au front. Comme le souligne l’historiographie, c’est cette aspiration collective qui, une fois la guerre terminée et les survivants rentrés, a conféré à Noël une importance bien plus grande et nationale.
À l’époque victorienne, Noël sur une plantation d’esclaves revêtait une dimension complexe et ambivalente, mêlant fausse générosité et dure réalité. Selon les historiens Shauna Bigham et Robert E. May, de nombreux propriétaires d’esclaves profitaient de cette période pour afficher une image « bonne et généreuse ». Ils distribuaient ainsi de la nourriture supplémentaire, de l’alcool, voire des cadeaux aux esclaves.
Mais cette soi-disant charité s’accompagnait d’attentes précises : les esclaves devaient montrer leur gratitude de manière ostentatoire. Le jour de Noël était souvent rythmé par des chants, des danses et, dans certains cas, des festins où turkeys et boissons alcoolisées étaient servis. Les enfants pouvaient recevoir des douceurs telles que des oranges ou du chocolat, tandis que les adultes avaient parfois droit à du tabac ou à un vêtement neuf.
Cependant, cette période festive n’était qu’une parenthèse avant une réalité bien plus sombre : le lendemainde Noël coïncidait en effet presque toujours avec le « Hiring Day », ou « jour des embauches ». Ce jour redouté marquait la fin des contrats de location d’esclaves et le début d’un nouvel engagement, souvent conclu dans le cadre de ventes aux enchères massives.
Selon Time, cette journée, surnommée aussi « Heartbreak Day » (jour du cœur brisé), était synonyme de séparation cruelle pour de nombreuses familles d’esclaves. Noël devenait alors un moment empreint d’angoisse, passant entre une célébration temporaire et la sombre attente d’éloignement forcé des êtres chers.
Un des signes emblématiques de la saison de Noël, encore très présents aujourd’hui, est représenté par les fameux chaudrons rouges de l’Armée du Salut. Bien souvent, on entend d’abord les sonnettes de leurs collecteurs avant même de voir ces fameuses marmites, qui se répandent dans chaque ville à cette période festive. Curieusement, ces chaudrons étaient déjà bien visibles à l’époque victorienne, témoignant d’une tradition née au 19ème siècle.
Fondée en 1878 par William Booth, un prédicateur évangélique anglais qui s’autoproclamait « Le Général » et habillait ses membres en uniforme militaire, l’Armée du Salut a rapidement étendu sa présence. Dès 1880, une première troupe fut envoyée à New York pour poursuivre des objectifs communs des deux côtés de l’Atlantique : convertir les pécheurs et venir en aide aux démunis.
C’est en 1891 que l’un de ses capitaines, Joseph McFee, eut l’idée d’organiser un festin de Noël pour les plus déshérités de San Francisco. Prenant un chaudron à crabes suspendu à un trépied, il plaça ce premier récipient destiné à collecter des dons. Ce geste simple marqua le début d’une belle tradition caritative : en peu de temps, ces chaudrons rouges apparurent à travers les États-Unis, permettant de financer, chaque année, des repas de Noël à des milliers de personnes.
De nos jours, cette initiative reste une des plus importantes collectes caritatives du pays. Pour donner une idée de son ampleur, les collecteurs de l’Armée du Salut ont amassé 142,7 millions de dollars en 2018 seulement. Un héritage victorien qui perdure et témoigne de l’esprit solidaire de Noël.
