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Malgré l’omniprésence de la technologie et des réseaux sociaux dans notre société moderne, certains choisissent un mode de vie plus simple, délaissant les commodités contemporaines comme l’électricité, les téléphones ou les voitures. C’est le cas des Amish, un groupe religieux chrétien fondé à la fin du XVIIe siècle par Jakob Ammann, issu du mouvement mennonite. Dans cette communauté, le monde moderne est largement rejeté : l’électricité est quasi inexistante, les téléphones sont bannis des domiciles, et les déplacements s’effectuent uniquement en calèche tirée par des chevaux, à l’exception des New Order Amish, une branche plus progressiste.
La mode vestimentaire amish reflète également ce refus de la modernité. Les hommes arborent de longues barbes, des chapeaux noirs à larges bords, des costumes sombres, des chemises simples et des bretelles. Les femmes portent des robes longues sobres, des bas, des châles ou capes posés sur les épaules, et des bonnets couvrant leurs cheveux non coupés, une règle vestimentaire stricte et emblématique.

Un détail surprenant dans leurs tenues est l’absence quasi totale de boutons. En effet, hormis les chemises masculines où des boutons ordinaires peuvent parfois être employés, les gilets et manteaux se ferment grâce à des crochets et des agrafes, tandis que les robes des femmes se ferment avec des épingles ou des pressions. Pourquoi cette aversion pour les boutons ? Cette particularité, loin d’être un simple choix esthétique, revêt une portée symbolique importante.
Les boutons, symboles d’ornementation et de vanité

La simplicité est l’un des quatre piliers fondamentaux de la culture amish, aux côtés de la foi, de la famille et de la communauté. Ce mode de vie épuré distingue cette communauté de la société moderne, souvent centrée sur la possession matérielle. Les boutons sont perçus comme des éléments décoratifs, associés à la vanité, ce qui va à l’encontre de l’idéal de simplicité prôné par les Amish. Plus encore, les boutons sont vus comme un symbole d’individualité, contraire au principe d’égalité entre les membres, indépendamment de leur statut social ou financier.
Les alternatives privilégiées sont les épingles droites, ainsi que les crochets et agrafes, qui répondent uniquement à une fonction pratique sans ornementation superflue.
Par ailleurs, les fermetures éclair sont absentes des vêtements amish. Leur rejet s’appuie sur la notion allemande de Gelassenheit, concept désignant calme et maîtrise de soi, auquel correspond un rythme de vie lent et réfléchi. Or, les fermetures éclair offrent rapidité et facilité, incompatibles avec cette philosophie.
Les exceptions à la règle des boutons

Quelques exceptions sont toutefois tolérées concernant les boutons. Par exemple, les hommes peuvent porter des boutons sur les chemises, à condition qu’ils soient cachés par un gilet ou un manteau. Les boutons visibles sur les vêtements masculins sont interprétés comme un signe militaire, en contradiction avec l’engagement pacifiste des Amish. Chez les New Order Amish, les règles pour les hommes sont similaires, tandis que pour les femmes, des boutons décoratifs mais non fonctionnels peuvent être portés sur les robes.
Les enfants bénéficient d’une certaine indulgence, notamment les nourrissons, pour lesquels des vêtements à boutons facilitent le changement. De même, les personnes ayant des besoins spécifiques ou des difficultés physiques peuvent utiliser des boutons lorsque cela répond à une nécessité réelle, plutôt qu’à un luxe inutile.
Principes vestimentaires universels au sein de la communauté
Indépendamment des considérations sur les boutons, le choix des couleurs dans les vêtements amish est strictement régulé. Les tons vifs et les motifs sont proscrits au profit de teintes sobres comme le noir, le marron, le vert foncé ou le bleu marine, symboles d’humilité. Cette discrétion visuelle est perçue comme une manière de se rapprocher de la divinité.
La modestie est également une vertu essentielle dans la tenue amish. Les bras sont couverts par de longues manches et les jambes cachées sous des pantalons ou des robes longues, évitant ainsi toute exposition de la peau. Cette pudeur s’appuie sur la conviction qu’honorer son corps reçu de Dieu passe par une tenue respectueuse et intégrale.
Ainsi, si les Amish « boutonnent » leurs vêtements sur le plan symbolique, ils évitent en particulier les boutons réels, témoin de leur engagement pour la simplicité, la modestie et l’égalité.
