Dans l’histoire de la boxe professionnelle, un nom reste la référence ultime : Muhammad Ali. Près de quarante ans après son dernier combat et quatre ans après son décès, ce nom évoque encore l’excellence pugilistique. Pourtant, il n’a pas toujours porté ce nom emblématique. Né Cassius Clay, il avait déjà remporté une médaille d’or olympique ainsi que le titre de champion poids lourds sous ce patronyme.
En 1964, Clay annonça qu’il ne souhaitait plus être appelé par son nom de naissance. Il adopta d’abord brièvement le nom de Cassius X, avant de faire le choix définitif de Muhammad Ali. Ce changement fut officialisé dans une déclaration enregistrée par Elijah Muhammad, chef de la Nation de l’Islam. Ali déclara alors : « Cassius Clay est un nom d’esclave. Je ne l’ai pas choisi et je ne le veux pas. Je suis Muhammad Ali, un nom libre – cela signifie “aimé de Dieu”, et j’exige que les gens l’utilisent lorsqu’ils s’adressent à moi. »
Ce choix est étroitement lié à sa conversion à la Nation de l’Islam, un mouvement religieux dirigé par Elijah Muhammad. Ce groupe s’appuyait principalement sur les enseignements de l’islam, tout en y intégrant des revendications spécifiques, notamment l’aspiration des Afro-Américains à une « liberté totale et complète », ainsi que leur « pleine égalité au sein de la société ». Selon Elijah Muhammad, il fallait par ailleurs instaurer des écoles séparées, où « tous les enfants noirs seraient éduqués, enseignés et formés par leurs propres enseignants ». Le leader prônait aussi l’interdiction des mariages mixtes ou des mélanges raciaux, comme exposé dans son traité de 1965, Message To The Blackman in America.
L’adhésion ferme d’Ali à ces convictions lui valut des déclarations contestables. Par exemple, lors d’une interview en 1975 pour Playboy, il affirmait : « Un homme noir devrait être tué s’il fréquente une femme blanche. »
La vie de Muhammad Ali est ainsi un parcours riche et complexe, souvent simplifié à l’extrême. En parallèle de certaines positions controversées, il a pris des décisions remarquables, comme renoncer à des années importantes de sa carrière pour protester contre la guerre du Vietnam. Il a également servi comme diplomate américain sous la présidence de Jimmy Carter, selon certaines sources. En revanche, il est aussi documenté qu’il ait accepté des distinctions décernées par le Ku Klux Klan, témoignant de son soutien vocal à la ségrégation, comme rapporté dans la presse.
L’histoire de Muhammad Ali illustre les contradictions et les tensions qui ont marqué la société américaine de son temps, tout en restant une légende dont l’impact dépasse largement la simple sphère sportive.