J. Bruce Ismay, homme d’affaires anglais, était président et directeur général de la White Star Line, la compagnie maritime britannique à l’origine du Titanic. Fidèle à sa réputation, Ismay ne manquait jamais le voyage inaugural de l’un de ses navires, comme le relate l’Encyclopedia Titanica. Ainsi, lorsqu’il embarqua à bord du Titanic le 10 avril 1912, accompagné de son valet Richard Fry et de son secrétaire William Henry Harrison, rien ne laissait présager la tragédie à venir.
Souvent décrit comme « l’homme qui possédait le Titanic », Ismay est aujourd’hui une figure controversée. En tant que dirigeant, il considérait que 20 canots de sauvetage suffisaient pour un navire transportant 2 800 passagers, conformément à la réglementation britannique qui n’exigeait alors que 16 embarcations. Pourtant, le naufrage du Titanic le confronta à un terrible paradoxe : il monta lui-même à bord d’un canot de sauvetage lors de la nuit du 14 avril, après que le navire eut heurté un iceberg.
Selon Frances Wilson, auteure de How to Survive the Titanic: The Sinking of J. Bruce Ismay, l’examen de son rôle reste trouble : certains affirment qu’Ismay monta dans le premier canot disponible, tandis que d’autres suggèrent qu’il y fut sommé par le capitaine. Ismay, lui, préféra relater une version héroïque, assurant qu’il n’avait pris place qu’après avoir veillé à ce que tous les autres passagers aient quitté le pont, aidant au passage à charger huit autres canots.
La dernière image d’Ismay fut entachée par les enquêtes qui suivirent la catastrophe maritime. De nombreuses questions furent posées sur son comportement et ses décisions. D’après la Britannica, il fut longuement interrogé et démentit avoir encouragé le capitaine Edward J. Smith à accélérer le navire, malgré les avertissements d’icebergs, dans le seul but d’arriver plus tôt à New York et faire la une des journaux.
La réputation d’Ismay fut profondément affectée. Sa femme, Julia, était si marquée par le drame qu’elle empêchait qu’on en parle en sa présence. Néanmoins, il fut finalement disculpé, comme le rapporte la BBC. Malgré cela, l’ombre de l’incident planait sur lui jusqu’à la fin de sa vie : il quitta la White Star Line et la compagnie International Mercantile Marine un an seulement après le naufrage.
Selon Historic UK, il participa néanmoins à la création de fonds de pension pour les veuves des victimes. Il s’éteignit en 1937, à l’âge de 74 ans, dans sa résidence londonienne, laissant derrière lui un héritage complexe mêlant responsabilité, controverse et humanité.