Le 8 mai 2025, après moins de deux jours de délibérations par les cardinaux réunis au Vatican, plus de 1,4 milliard de catholiques romains ont découvert l’identité de leur nouveau pape. Lors de la cérémonie solennelle au cours de laquelle le pape Léon XIV — né à Chicago sous le nom de Robert Prevost — fit sa première apparition publique sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, la célèbre et colorée Garde Suisse était présente, escortée par une fanfare militaire.
Alors que l’attention du public était principalement concentrée sur le nouveau souverain pontife, certains ont pu s’interroger sur la musique jouée par la fanfare. En réalité, comme la plupart des nations, le Vatican dispose d’un hymne national : l’« Hymne Pontifical », également appelé « Inno e Marcia Pontificale » (Hymne et Marche Pontificale en italien).
Cette œuvre est signée du compositeur français Charles Gounod, célèbre au milieu du XIXe siècle. Elle fut interprétée pour la première fois en 1869, à l’occasion du 50e anniversaire de l’ordination du pape Pie IX. Après plusieurs évolutions liées à l’établissement progressif du Vatican en tant qu’État moderne — bien que de petite taille — c’est cet « Inno e Marcia Pontificale » qui est devenu l’hymne de fait lors des grands événements pontificaux, notamment au moment où le pape Léon XIV leva les bras en tant que premier pape nord-américain.
L’hymne pontifical, adopté officiellement 81 ans après sa création
L’Église catholique remonte à près de 2 000 ans, aux temps de Jésus-Christ, et son organisation n’a jamais été réputée pour adopter rapidement les nouveautés. Ainsi, alors que la Marche pontificale de Charles Gounod fut très bien accueillie lors de sa création en 1869, elle ne fut adoptée officiellement comme hymne du Vatican qu’en 1950, soit 81 ans plus tard.
Cette lenteur administrative fut compensée par un grand sens du cérémonial. L’hymne précédent, composé par l’Autrichien Viktorin Hallmayr — chef d’une formation militaire basée à Rome — avait été en usage depuis 1857. La veille de Noël 1949, cet ancien « Hymne Pontifical » fut joué dans la cour San Damaso attenante à la basilique Saint-Pierre, accompagnée de l’annonce officielle de son remplacement par la « nouvelle » composition de Gounod, vieille pourtant de plus de huit décennies.
Il est important de noter que, malgré son appellation, l’« Hymne Pontifical » n’est pas considéré par le Vatican comme un véritable hymne national. Néanmoins, il en revêt toutes les fonctions symboliques : il est joué lors de la levée du drapeau vatican, chaque fois que le pape reçoit des chefs d’État (en parallèle avec leurs hymnes nationaux), ainsi que durant de nombreuses visites officielles à l’étranger.