Signification des uniformes colorés des Gardes Suisses au Vatican

par Olivier
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Signification des uniformes colorés des Gardes Suisses au Vatican
Suisse, Italie, Vatican

À chaque échéance historique majeure, comme le décès du pape François en 2025, le rôle et les traditions qui entourent la papauté ressortent avec force, rappelant que l’histoire dépasse bien les actualités éphémères. Parmi ces traditions, les Gardes Suisses, reconnus pour leurs uniformes chatoyants, attirent particulièrement l’attention. Cette unité d’élite, composée d’environ 135 membres, protège personnellement le pape et représente l’une des armées les plus petites du monde.

L’origine de cette garde remonte au début du XVIe siècle, lorsque Matthäus Schiner, évêque suisse, proposa de constituer une troupe permanente chargée de la protection du souverain pontife. Cette initiative précéda l’accession au pontificat de Léon X en 1513, né Giovanni de’ Medici, issu de la puissante et influente famille florentine des Médicis. Les couleurs vives des uniformes des Gardes Suisses — rouge, jaune et bleu — correspondent précisément à celles de cette famille, dont l’influence marqua profondément l’histoire italienne et européenne.

Garde suisse en marche lors d'une procession

Origine des couleurs liées à la famille Médicis

Les couleurs de l’uniforme, bien qu’étonnamment associées à une famille italienne, trouvent leur justification dans la puissance des Médicis, perçus par certains comme des souverains tyranniques, mais aussi comme de grands mécènes des arts. Leur soutien permit la création d’œuvres majeures telles que « La Naissance de Vénus » de Botticelli et le David en bronze de Donatello. Originaires modestes au XIIe siècle, les Médicis dominèrent rapidement des secteurs clés comme la banque florentine et le commerce de la laine, construisant un réseau complexe de rivalités et d’alliances entre grandes familles.

La présence d’un membre des Médicis, Giovanni di Lorenzo, devenu pape Léon X, explique en grande partie l’adoption de leurs couleurs par la garde. Ainsi, l’uniforme des Gardes Suisses ne se limite pas à une fonction militaire, mais traduit aussi une symbolique honorant cette lignée. Une autre version, moins officielle, suggère que seul le rouge proviendrait des Médicis, tandis que le bleu et le jaune seraient hérités de la maison della Rovere, famille du pape Jules II, prédécesseur de Léon X.

Garde suisse en faction devant une porte

Évolution des uniformes des Gardes Suisses

Le design des uniformes puise dans les tenues militaires du début du XVIe siècle, correspondant à la période de création de la garde. Les Gardes peuvent porter leurs uniformes dits « de gala », ou ajuster des pièces d’armure par-dessus, et alterner les coiffes entre casques à plumes et bérets basques, qui sont les couvre-chefs actuels. Les armes traditionnelles associées à la garde, telles que hallebardes, rapières et dagues, renforcent le caractère historique et solennel de l’ensemble.

Au fil des siècles, si les couleurs sont restées constantes, les détails du costume ont subi des modifications. Sous le pontificat de Pie X (1903-1914), l’uniforme se parait d’une broderie différente, et c’est durant cette période que le commandant Jules Repond, en poste entre 1910 et 1921, redessina le modèle actuel. Son inspiration provint de fresques peintes par Raphaël, qui avaient immortalisé la garde. Il introduisit notamment les fameuses rayures verticales pour interrompre la gaine rouge du veston et du pantalon, apportant ainsi une touche d’élégance dynamique.

Garde suisse armé portant une armure

Règles et traditions associées aux uniformes

Les Gardes Suisses doivent être des hommes célibataires, suisses, âgés de 19 à 30 ans et catholiques. Lorsqu’ils accomplissent au moins cinq années de service, ils ont la possibilité de conserver leur uniforme. Toutefois, plusieurs règles strictes s’appliquent : les uniformes restent toujours la propriété du Vatican et doivent être retournés après le décès ou la fin du service. Ces tenues ne sont donc pas de simples costumes, mais bien des symboles précieux liés à un engagement historique et religieux.

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