Histoire
Yuan Shikai, figure politique majeure et controversée de la Chine, est né en 1859 dans une famille aristocratique. Dès son jeune âge, il fut bercé par les classiques confucéens tout en s’initiant aux arts martiaux et aux stratégies militaires. Très tôt, le destin de Yuan fut lié à la voie militaire. Après avoir échoué à plusieurs reprises aux concours de la fonction civile, il se tourna résolument vers l’armée, voie qui lui permit de s’illustrer et d’accéder aux hautes sphères du pouvoir.
Les premières années de sa carrière furent marquées par son engagement auprès du mouvement de modernisation, qui puisait son inspiration en Europe et en Amérique. En 1881, il intégra l’armée Huai en tant qu’assistant du général Wu Changqing. Ce passage en force fut confirmé lors de son séjour en Corée, où la situation politique instable et les luttes de pouvoir offrirent à Yuan l’opportunité de démontrer son habileté en matière de stratégie militaire et de réforme moderne.
En Corée, alors que le pays sombrait dans le chaos entre isolationnistes et progressistes, Yuan Shikai sut imposer l’ordre en réprimant avec efficacité une révolte. Ses actions durant cette période lui valurent le rôle de conseiller suprême en politiques gouvernementales et la responsabilité de former des centaines de soldats aux techniques de guerre moderne. Grâce à ces exploits, il participa activement à la défense coréenne contre une tentative de coup d’État orchestrée par des factions cherchant à renverser l’ordre établi.
De retour en Chine, Yuan éleva rapidement sa carrière. Dans les années 1890, il prit en main la formation des troupes qui deviendront plus tard l’Armée Beiyang, force majeure de la fin de la dynastie Qing. Nommé procureur en chef en 1897, puis président du Conseil de l’Industrie l’année suivante, il ne tarda pas à s’imposer sur le plan politique. Soutenant l’impératrice douairière Cixi face aux rivalités entre partisans de l’empereur Guangxu et ceux de l’impératrice, Yuan participa activement aux manœuvres politiques de l’époque, notamment en faisant détenir l’empereur pour renforcer sa position.
Sa carrière prit une tournure décisive lors de la répression de la rébellion des Boxers dans la province du Shandong, alors qu’il préférait contenir le soulèvement plutôt que de suivre les ordres de soutien en faveur des combattants anti-étrangers. Au tournant du siècle, fidèle à son ambition de modernisation, il soutint la mise en place d’universités, de chemins de fer et de réformes économiques tout en consolidant son pouvoir militaire.
En 1911, lors du soulèvement de Wuchang qui annonçait la fin de la dynastie Qing, Yuan Shikai fut nommé chancelier. Destiné à être le successeur de Sun Yat-sen à la tête de la jeune République chinoise, il usa de son armée pour se positionner comme le fondateur du nouvel État. Alors qu’il imposait son autorité en éliminant ses adversaires politiques et en dissolvant le parlement, la tension monta dans le pays qui sombra peu à peu dans une ère de troubles. Après une tentative controversée de se proclamer empereur, qui fut abandonnée en moins de trois mois, Yuan Shikai mourut en 1916, laissant derrière lui une Chine déchirée et prélude à l’ère des seigneurs de guerre.