Comment sont fabriqués les stickers parfumés ?
Soyons honnêtes : les stickers parfumés, ou « scratch-and-sniff », sont un phénomène intrigant. Imaginez un lémurien plongeant son doigt dans une boue de jungle en décomposition, puis reniflant son doigt avant de plonger son nez dans le sol. C’est à peu près à cela que nous ressemblons lorsque nous utilisons un sticker parfumé. Aucun autre produit ne jongle aussi habilement entre un « mélange parfumé efficace », une « surface porteuse efficace » et un « vernis de finition efficace » (selon l’Institut de l’Art et de l’Olfaction). Cela nous donne un aperçu de la science des matériaux et de la fabrication chimique derrière ce qui a commencé comme un phénomène publicitaire atypique.
Mental Floss détaille le processus de création des stickers parfumés. Tout commence par le mélange d’huiles parfumées, d’eau et d’un polymère cosmétique synthétique tel que la « polyoxyméthylène urée ». Ce mélange est agité jusqu’à ce que l’huile se décompose en billes microscopiques. Ensuite, un catalyseur chimique permet à de petites coquilles en plastique de se former autour de chaque bille. Ces billes sont mélangées avec un adhésif et de l’eau jusqu’à obtenir une « pâte » épaisse. Cette pâte est ensuite appliquée sur du papier par divers procédés, notamment la sérigraphie (passant la pâte à travers un écran), l’impression offset (roulant en continu du papier à travers une presse à imprimer), l’impression flexographique (utilisée pour les stickers parfumés) et l’extrusion (pour les échantillons de parfums). Une fois grattée, la zone parfumée libère les billes huileuses : voilà comment l’odeur fait son effet.
Made How aborde quelques étapes supplémentaires, comme le lavage des billes d’huile avant de préparer la pâte. Ce site propose également des infographies utiles des processus en usine.
Le terme « Scratch ‘N Sniff » est en réalité une marque déposée pour un produit spécifique, comme l’explique The Sun, à l’instar de « Kleenex » pour désigner des mouchoirs. Ce produit a été introduit pour la première fois en 1965 grâce à la chimiste Gale Matson, qui a découvert le processus de « micro-encapsulation » décrit ci-dessus alors qu’elle travaillait pour la société 3M. À l’origine, elle cherchait des méthodes pour créer du papier « sans carbone », utilisé pour les copies que l’on presse afin de transférer de l’encre sur des duplicata. Des décennies plus tard, on trouve des papiers parfumés aux odeurs succulentes : pneus de voiture, roses, salami, allumettes brûlées, mouffette, eau de Cologne Calvin Klein, lessive, l’odeur d’une voiture neuve, et bien d’autres encore.
Les stickers parfumés ne se limitent pas aux publicités des années 90 et aux souvenirs humoristiques. En 2010, l’artiste Sissel Tolaas, connue comme « la cartographe olfactive de premier plan au monde », a expliqué à The Atlantic qu’elle créait une carte parfumée des villes du monde, incluant Mexico, Vienne et Paris. Elle s’aventure littéralement à renifler les trottoirs, les poubelles et les cabines téléphoniques abandonnées. Elle a même élaboré des cartes parfumées de la ville de New York, intégrant l’odeur du « métro en plein été ». Pour l’aider dans ses études, elle utilise un appareil appelé « chromatographe à gaz/spectromètre de masse » (GCMS), pour intégrer sa technologie dans le terrain. Un détail amusant : il semble que le fait de gratter et de sentir soit suffisamment répandu pour mériter une étude sur le terrain.
Parallèlement, l’Institut de l’Art et de l’Olfaction organise des « Ateliers sur la Mécanique des Odeurs » où les participants peuvent créer leurs propres senteurs à l’aide de la méthode DIY des stickers parfumés.