Doit-on craindre un superséisme dévastateur au Japon ?

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Doit-on craindre un superséisme dévastateur au Japon ?
Russie, Japon

Portrait de Manon Minaca

Un séisme de magnitude 8,8, survenu au large de la péninsule du Kamtchatka en Russie, a déclenché une alerte au tsunami dans tout le Pacifique, y compris au Japon, à Hawaï et en Polynésie. Ce type d’événement est rare mais se produit périodiquement, environ tous les cent ans. Ces super séismes peuvent causer d’importants dégâts, et leur anticipation reste un défi scientifique majeur. La chercheure CNRS Anne Replumaz, à l’ISTerre de Grenoble, apporte des éclairages sur ce phénomène.

Les séismes d’une telle intensité sont-ils rares ?

Oui, un séisme de magnitude 8,8 figure parmi les plus puissants jamais enregistrés, se plaçant dans le top 10. Par exemple, le séisme de Tohoku au Japon en 2011 a atteint la magnitude 9,1. L’échelle de magnitude est logarithmique, ce qui signifie qu’un 9,1 libère beaucoup plus d’énergie qu’un 8,8, et ce dernier beaucoup plus qu’un séisme de magnitude 7.

Peut-on anticiper ces événements ?

Il est possible de déterminer où ces séismes peuvent se produire, notamment dans les zones de subduction en mer, bien identifiées autour du Pacifique. Ces zones apparaissent clairement sur des cartes satellites comme Google Maps sous forme de bandes sombres en mer. Cependant, la date exacte d’un séisme à un endroit précis demeure imprévisible. On observe une récurrence d’environ un grand tremblement tous les cent ans, avec une marge d’erreur de cinquante ans, ce qui ne permet pas de prévoir précisément ni l’année, ni le mois.

Les scientifiques analysent les archives historiques, les dépôts laissés par des séismes passés et les catalogues de séismicité pour tenter d’estimer ces intervalles, mais il n’existe aucun signe précurseur fiable détecté avant que ces phénomènes ne se produisent.

Un superséisme, est-ce possible ?

L’échelle de magnitude étant théoriquement ouverte, un séisme pourrait atteindre une magnitude de 9,5, au-delà du 9,1 de Tohoku en 2011. Ce dernier séisme avait surpris car la centrale nucléaire de Fukushima était équipée pour un tremblement de magnitude 8 accompagné de vagues d’environ 3 à 4 mètres, mais non pour un événement aussi puissant que celui qui a frappé la région. La magnitude élevée est liée à la longueur de la faille rompue, qui peut s’étendre sur plusieurs centaines de kilomètres. Une rupture totale simultanée le long de cette faille, bien que jamais observée, reste possible et engendrerait un séisme exceptionnel.

Quelles seraient les conséquences d’un superséisme ?

À partir d’une magnitude 7, les dégâts peuvent être considérables, mais ils dépendent fortement de la préparation des infrastructures et de la densité de population. Le séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie en 2023 a causé plus de 50 000 morts du fait de constructions non adaptées aux risques sismiques. En revanche, un séisme de même ampleur au Japon, où les normes antisismiques sont strictes, aurait causé très peu de dégâts humains et matériels.

La présence de centrales nucléaires dans la zone touchée, comme Fukushima, augmente les risques de catastrophes majeures. La topographie locale influe aussi sur l’impact des tsunamis : des falaises élevées protègent mieux contre les vagues, tandis que les zones plates amplifient leur propagation sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les séismes de subduction sous-marine produisent souvent les plus grands tremblements, générant des tsunamis qui propagent les dommages loin des côtes, contrairement aux séismes terrestres où les dégâts sont généralement plus localisés.

Comment se protéger de ces phénomènes ?

La préparation en amont reste essentielle car la prédiction temporelle exacte d’un séisme n’est pas possible. Évacuer une région avant un tremblement de terre est donc impraticable. En cas de forte secousse, la priorité est de minimiser les pertes humaines grâce aux constructions antisismiques et à des dispositifs d’alerte efficaces.

Les ondes sismiques circulent très rapidement, mais la propagation plus lente des tsunamis permet désormais d’alerter la population en quelques minutes, à condition que les systèmes d’alerte et d’évacuation soient bien organisés. Cela permet aux habitants de gagner des hauteurs sûres, comme le sommet d’immeubles ou des collines proches, réduisant ainsi les risques pour la vie humaine.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire