L’axolotl, symbole mexicain en danger critique d’extinction

par Olivier
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L'axolotl, symbole mexicain en danger critique d'extinction
Mexique

L’axolotl, avec son sourire singulier et ses branchies en éventail, semble tout droit sorti d’un conte d’heroic fantasy. Cet amphibien mexicain, capable de régénérer ses organes, est aujourd’hui omniprésent dans la culture populaire, mais malheureusement quasiment disparu à l’état sauvage.

Depuis 2021, l’axolotl a conquis le monde virtuel en apparaissant dans plusieurs jeux vidéo comme Minecraft, Fortnite, Roblox ou Pokémon. Sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, il cumule des milliards de vues grâce à son charme unique qui bouleverse les jeunes générations.

Selon Ivan Lazcano Sanchez, maître de conférences à l’Institut de neurobiologie de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la popularité numérique de l’axolotl repose en grande partie sur son “sourire” atypique, qui crée un lien affectif puissant avec le public.

Une icône ancestrale

Dans la civilisation aztèque, l’axolotl était déjà un animal fascinant, considéré comme une incarnation du dieu Xolotl, symbole de transformation et de résilience. Aujourd’hui, son image reste profondément ancrée dans la culture mexicaine, notamment grâce à son statut comparable à celui du dragon en Chine.

Il est devenu un véritable emblème national, présent sur de multiples supports : peluches, vêtements, billets de banque et jeux vidéo. Un jour lui est même dédié, le 1er février. Sa bouille figure fièrement sur les billets de 50 pesos, représenté dans son habitat naturel.

Une situation alarmante à Xochimilco

Malgré ce symbolisme fort, l’habitat naturel de l’axolotl, situé dans la région de Xochimilco, est gravement menacé. Cette zone endémique est désormais englobée par la grande métropole de Mexico, qui s’étend rapidement et grignote les marécages où seuls quelques centaines d’axolotls survivent encore à l’état sauvage.

Les canaux subissent une pollution importante due aux eaux usées non traitées, aux déchets et aux produits chimiques agricoles. Cette dégradation environnementale met en péril l’ensemble des 17 espèces endémiques d’axolotls au Mexique, toutes confrontées au même danger critique d’extinction.

En outre, la concurrence exercée par des espèces invasives, introduites dans les années 1970 pour développer la pêche, reste problématique. Ces poissons prédateurs s’attaquent aux œufs et aux juvéniles d’axolotls, accentuant ainsi leur déclin. La situation est donc qualifiée de “gravissime” par les experts comme Laurent Sachs, chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle.

La double face de la popularité

La notoriété grandissante de l’axolotl est une « arme à double tranchant ». Si elle donne une visibilité essentielle à cette espèce, elle peut aussi faire croire à tort que sa survie est assurée, alors que les populations sauvages déclinent rapidement. Par ailleurs, nombreux sont les axolotls vendus illégalement, capturés ou élevés en captivité, qui sont ensuite abandonnés dans la nature, ce qui crée des problèmes de compétition entre espèces.

Les spécialistes appellent donc à ne pas réduire l’axolotl à un simple animal de compagnie ou un phénomène viral. Il est crucial de le considérer comme une espèce en danger critique qui nécessite des efforts de conservation accrus.

La chance de sa “bouille mignonne”

Le charme indéniable de l’axolotl pourrait pourtant être son salut. “Être mignon joue un rôle capital dans la conservation des espèces,” souligne Laurent Sachs. À l’image de l’ours polaire, dont la disparition suscite l’émotion, l’axolotl attire le soutien du grand public, des médias et des autorités locales. Cette affection facilite la collecte de financements indispensables pour des initiatives telles que les chinampas-refugios, de petits écosystèmes protégés où l’axolotl peut se reproduire à l’abri des menaces.

Face à cette urgence, Gerardo Ceballos, chercheur à l’UNAM, recommande de poursuivre les campagnes de sensibilisation auprès du public et des décideurs politiques, de renforcer les actions de conservation, de protéger les populations restantes et de développer des programmes de réintroduction afin d’éviter que l’axolotl sauvage ne devienne qu’un souvenir figé sur un billet de banque.

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