Le réseau fongique sous nos pieds
Poursuivant le fil sur la nature, examinons comment les plantes échangent des informations et des ressources grâce à un véritable «internet» souterrain constitué de filaments fongiques. Cette architecture discrète relie racines et organismes en un réseau d’échanges surprenant, qui transforme la simple idée de communication des plantes.

Des expériences montrent que des plantes blessées — par exemple des plants de tomate coupés ou desséchés — émettent des sons ultrasoniques que certains chercheurs interprètent comme des signaux de détresse. Mais la communication ne se limite pas à des appels à l’aide : via le réseau fongique, les végétaux peuvent aussi influencer le destin de leurs voisins, parfois de façon bénéfique, parfois de façon antagoniste.

Les structures responsables de ces échanges sont les mycéliums, denses tissages de filaments qui constituent l’essentiel du corps des champignons. On parle parfois de «wood wide web» pour évoquer ce réseau fongique, tant sa fonction rappelle celle d’un internet naturel entre plantes. Concrètement, le mycélium permet plusieurs interactions clés :
- partage de nutriments entre plantes reliées au réseau ;
- transfert d’eau et d’éléments essentiels comme l’azote et le phosphore ;
- amélioration des défenses immunitaires des plantes en facilitant l’échange de signaux ;
- transmission de composés toxiques ou inhibiteurs qui peuvent ralentir la croissance de végétaux concurrents ;
- service réciproque : les plantes fournissent des glucides et d’autres ressources au réseau fongique.
Certaines espèces ont même développé des stratégies fines : certaines attirent activement des champignons et des bactéries bénéfiques, tandis que d’autres, comme certaines orchidées, exploitent le réseau pour puiser discrètement des nutriments fournis par des arbres voisins. Ainsi, la communication des plantes via le mycélium n’est ni purement altruiste ni entièrement hostile, mais une palette complexe d’échanges et de manœuvres écologiques.
En explorant ce monde souterrain, on comprend mieux comment les interactions invisibles façonnent la vie visible des forêts et des cultures, et comment la notion de communauté végétale s’étend bien au-delà de ce que l’on voit à la surface.
