Les stocks de maquereaux en danger : Une situation critique

par Olivier
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Les stocks de maquereaux en danger : Une situation critique
France,Royaume-Uni,Norvège

L’essentiel

  • En dix ans, les stocks de maquereaux dans l’Atlantique Nord, la Manche et la mer du Nord ont chuté de manière alarmante en raison de la surpêche.
  • Les scientifiques du CIEM préconisent une réduction des captures de 77 % pour l’année prochaine afin de tenter de reconstituer les populations.
  • Selon l’Union des armateurs de France, la raréfaction résulterait surtout du non-respect des quotas par des États côtiers comme le Royaume‑Uni et la Norvège, et non des pays européens qui affirment respecter les limites.

Populaire au barbecue, bon marché et riche en oméga‑3, le maquereau figure parmi les poissons les plus consommés en France. Pourtant cette ressource montre des signes de déclin préoccupants : le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) alerte sur des populations proches du seuil critique. Dans les eaux froides de l’Atlantique Nord, de la Manche et de la mer du Nord, la biomasse est passée de 7,26 millions de tonnes en 2015 à 2,8 millions de tonnes dix ans plus tard.

Plusieurs facteurs expliquent cette chute : le réchauffement climatique pousse les bancs plus au nord, mais la cause principale reste la surpêche. Malgré l’instauration de quotas, leur application est souvent défaillante en l’absence d’accord solide entre les États riverains — Union européenne, Royaume‑Uni, Norvège, Islande et Îles Féroé. Sur quinze ans, la somme des quotas unilatéraux de maquereaux a « excédé l’avis scientifique de 39 % en moyenne », soit environ six millions de tonnes pêchées de trop, relève le CIEM.

« Sans action urgente, les stocks de maquereaux courent un risque bien réel d’effondrement », met en garde Erin Priddle, directrice Europe du Nord de l’ONG britannique Marine Stewardship Council (MSC), qui milite contre la surpêche.

Britanniques et Norvégiens ne jouent pas le jeu

Pour inverser la tendance, les experts du CIEM recommandent une réduction drastique des captures — de l’ordre de 77 % — dès l’année suivante. L’ONG MSC avertit que ne pas respecter cet avis diminuerait fortement les chances de reconstitution des stocks et presse « les décideurs à suivre les avis scientifiques ». « Les gouvernements doivent dépasser l’impasse politique et travailler ensemble pour convenir de quotas conformes à l’avis du CIEM et assurer ainsi la durabilité de cette espèce, avant qu’il ne soit trop tard », poursuit Erin Priddle.

En France, la filière pêche reconnaît le problème. « On observe en effet depuis cinq ou dix ans une baisse de la biomasse car on pêche trop de maquereaux », admet Jérôme Jourdain, secrétaire général adjoint de l’Union des armateurs de France (UAPF). Mais, selon lui, le principal responsable n’est pas l’ensemble des pays européens qui respecteraient les quotas, mais d’autres États côtiers. « On s’était mis d’accord sur une juste répartition en 2014 mais depuis le Brexit, les Britanniques et les Norvégiens ne jouent clairement pas le jeu et chacun essaie de pêcher toujours plus », regrette‑t‑il.

« Peu de chances » de trouver un accord

Le dossier est d’autant plus complexe que des flottes, notamment russes, opèrent également dans les zones internationales, et « personne ne sait ce qu’ils pêchent », souligne Jérôme Jourdain, conscient du poids des enjeux géopolitiques. Une nouvelle réunion des États côtiers est programmée à la mi‑octobre pour tenter de renouer avec l’accord de 2014, mais le secrétaire général adjoint de l’UAPF se montre pessimiste : « On espère revenir à cet accord initial de 2014 mais il y a peu de chances qu’un terrain d’entente soit trouvé. »

Pour les pêcheurs français, l’inquiétude est déjà tangible. « C’est très frustrant car on n’a jamais augmenté nos captures. Mais à cause du non‑respect des règles par certains États, on va devoir pêcher beaucoup moins. On n’a pas d’autre choix que de s’adapter à la ressource naturelle », conclut‑il.

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