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Les glaciers fondent à un rythme alarmant, bien plus rapide que ce que prévoyaient jusqu’à présent les chercheurs. Une étude internationale publiée dans la revue Science révèle que jusqu’à 76 % de leur masse pourrait disparaître dans les prochains siècles si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites. Cette fonte massive, alimentée par l’augmentation des températures causée par l’activité humaine, menace gravement l’approvisionnement en eau et contribue à la montée du niveau des mers.
Cette recherche, menée par une vingtaine de spécialistes et basée sur huit modèles climatiques, propose une cartographie détaillée des scénarios de fonte à long terme. Elle met en lumière une sensibilité des glaciers au réchauffement bien plus élevée que prévue. Même dans le scénario optimiste où les émissions cesseraient immédiatement, les glaciers perdraient néanmoins 39 % de leur volume actuel, en raison de l’inertie thermique du système climatique.
Chaque dixième de degré compte
« Chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire compte », avertit Lilian Schuster, coautrice de l’étude et chercheuse à l’université d’Innsbruck. Si la planète franchit la barre des +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les glaciers pourraient perdre entre 85 et 90 % de leur volume, avec une disparition totale attendue pour ceux situés en Scandinavie. En revanche, si l’humanité parvient à limiter le réchauffement sous +1,5 °C, plus de la moitié des glaciers actuels pourrait être préservée.
La fonte n’est toutefois pas homogène selon les régions. Depuis le début du siècle, le volume global des glaciers a diminué d’environ 5 %, avec des disparités marquées : -2 % en Antarctique, mais jusqu’à -40 % dans les Alpes. Ces dernières, tout comme les Rocheuses en Amérique du Nord, sont particulièrement vulnérables en raison de leur altitude, de leur taille et de leur emplacement.
La température de l’air : un facteur aggravant
L’étude souligne également que la température de l’air au-dessus des glaciers augmente en moyenne 80 % plus vite que la température globale, ce qui accentue la vulnérabilité des zones de haute altitude. Ce réchauffement accéléré, déjà observable, a des répercussions directes et inquiétantes.
Récemment, en Suisse, l’effondrement partiel d’un glacier causé par des éboulements a détruit en partie un village, illustrant la gravité des risques encourus. Cet événement survenu peu avant l’ouverture d’un sommet international de l’ONU consacré aux glaciers à Douchanbé, au Tadjikistan, souligne l’urgence d’agir face au réchauffement climatique.
