Un photographe français finaliste du Wildlife Photographer of the Year

par Olivier
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Un photographe français finaliste du Wildlife Photographer of the Year
Costa Rica, France, Grande-Bretagne

L’essentiel

  • Emmanuel Tardy a vu l’une de ses photos sélectionnées parmi 60 636 au concours Wildlife Photographer of the Year : un paresseux accroché à un poteau de fil barbelé au Costa Rica, photographié lors d’un embouteillage provoqué par l’animal traversant la route.
  • Pour lui, cette image illustre « le contraste entre le monde sauvage et le monde domestique créé par les hommes » et constitue « une photo triste qui démontre la scission qui est en train de se créer entre l’homme et la nature ».
  • Ce photographe naturaliste de 57 ans rêve désormais de capturer l’image du loup, projet qu’il considère « en réserve comme un rêve un peu inaccessible ».

La sélection et le concours

C’est la sélection dont rêve tout photographe naturaliste. En attendant de savoir s’il fera partie des grands gagnants le 14 octobre, Emmanuel Tardy, 57 ans, a déjà le privilège d’avoir été sélectionné comme finaliste du Wildlife Photographer of the Year parmi les 60 636 photographies envoyées depuis le monde entier. C’est une photo de paresseux, accroché à un piquet de fil barbelé au Costa Rica, qui a retenu l’attention du jury du prix organisé par le Natural History Museum de Londres.

Que peut-on voir sur la photo sélectionnée ?

On voit un paresseux accroché à un poteau en ciment entouré de fil barbelé. L’image met en évidence le contraste entre le monde sauvage et le monde domestique créé par l’homme. À l’arrière-plan, la profondeur de champ dévoile un chemin menant vers la civilisation : un animal sauvage perdu au milieu d’un environnement anthropisé, qui n’a rien à faire là.

Quelles sont les circonstances de la prise de vue ?

Il s’agit d’une photo d’opportunité. Emmanuel Tardy était en vacances au Costa Rica avec son épouse et s’est retrouvé dans un embouteillage près de La Fortuna. Le bouche-à-oreille indiquait qu’un paresseux traversait la route. Une fois arrivé sur place, il a constaté beaucoup d’agitation et de personnes sorties de leurs véhicules pour photographier l’animal. Le paresseux, stressé, s’est figé sur le poteau.

Ils ont choisi de ne pas augmenter le stress de l’animal : garés un peu plus loin, ils ont attendu que la foule s’éloigne. De loin, Emmanuel a composé mentalement sa prise de vue pour minimiser le temps près du paresseux. Quand il est revenu à sa hauteur, il s’est mis à quatre pattes pour adopter une posture peu imposante, a pris trois ou quatre photos en environ une minute, puis est reparti de la même façon.

Est‑ce compliqué de photographier un animal comme le paresseux ?

Oui. Le paresseux descend rarement de son arbre et se trouve généralement entouré d’une végétation dense. Il ne descend que pour ses besoins environ une fois par semaine ; il faut donc être là au bon moment. Quand l’occasion se présente, c’est le rêve. Pour cette image, l’animal n’était pas placé comme Emmanuel l’aurait souhaité : ce n’est pas le style de photo qu’il cherchait initialement.

Pourquoi cette photo ne vous convient‑elle pas totalement ?

« C’est une photo triste qui démontre la scission qui est en train de se créer entre l’homme et la nature. » Emmanuel Tardy explique qu’il pense que l’on prend le pas sur la nature et que cela le touche particulièrement. Cette image constitue un témoignage des erreurs que l’on commet. Toutefois, ce n’est pas le type de photo qu’il aime promouvoir : il privilégie les portraits d’animaux dans leur milieu naturel, très épurés, pour mieux les valoriser.

Comment êtes‑vous arrivé dans cette sélection du Wildlife Photographer of the Year ?

Un peu par hasard, bien qu’il suive ce concours depuis des années. Tout photographe rêve en secret d’apparaître parmi les 100 photos sélectionnées chaque année. En 2015, il avait déjà passé les présélections avec une image plus classique, proche de son style habituel, mais n’était pas allé plus loin. Pendant dix ans, il n’a pas eu d’image à soumettre selon lui. Dès son retour à la voiture après la prise de vue au Costa Rica, il a su qu’il proposerait cette photo au concours.

Quelle a été votre émotion quand vous avez appris que vous étiez retenu ?

La surprise a d’abord été teintée d’incertitude car Emmanuel parle très mal anglais. En recevant le courriel d’annonce, il l’a relu plusieurs fois, s’est servi d’un traducteur et a demandé à son épouse, qui parle anglais, de confirmer la nouvelle. C’est une immense joie et une vraie reconnaissance du travail quotidien. Il anticipe toutefois une réaction émotionnelle plus forte lorsqu’il verra son image imprimée au Natural History Museum.

La photo de rêve

La photo qu’il souhaite encore faire est celle du loup. C’est un animal qu’il n’a jamais rencontré et dont il retarde la quête. Beaucoup de photographes ont déjà réalisé des images de loup, mais pour lui ce projet reste « en réserve comme un rêve un peu inaccessible ». Il décrit le loup comme un animal de proximité et mythique, comparable à d’autres espèces emblématiques.

Le livre des 100 plus belles photos du Wildlife Photographer of the Year paraît le 15 octobre aux éditions Biotope. Prix : 34 euros.

Tags : photographie, paresseux, Costa Rica, animaux, protection animale, France, Grande-Bretagne, Nature, Wildlife Photographer of the Year

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