Sommaire
L’essentiel
- La web-série « L’appart du futur – Bienvenue dans la biosphère urbaine » est diffusée sur ARTE.tv et YouTube dès le 15 octobre.
- Devant la caméra, Caroline Pultz et Corentin de Chatelperron métamorphosent un logement de 26 m² en appartement low-tech.
- But : tenter d’imaginer comment il nous serait possible de vivre en réduisant drastiquement notre empreinte environnementale… ce qui n’est pas si facile.
Vers un autre futur ? En septembre 2023, Caroline Pultz et Corentin de Chatelperron tentent une expérience insolite. En transformant un appartement de 26 m² de Boulogne-Billancourt en logement low-tech, ces jeunes quadras repartent d’une page blanche et aménagent leur nouveau lieu de vie avec un but : réduire drastiquement leur empreinte sur la planète. Quatre mois durant, Coco et Coco chamboulent tout. Ils immortalisent leurs expériences, parfois radicales, à travers une web-série. En huit épisodes, L’appart du futur – Bienvenue dans la biosphère urbaine teste et envisage des solutions pour nos habitats, envisagés comme de véritables écosystèmes de demain, avec une « façon joyeuse et agréable de respecter les objectifs fixés pour 2050 par le Giec ». Si joyeuse et agréable que cela ?
Objectif à atteindre : 2050
Vous pensiez être exemplaire en éteignant la lumière derrière vous ? En plaçant l’aiguille de votre thermostat sur 19° et non plus 20° ? Voire en compostant vos déchets alimentaires ? Certes vertueuse, cette stratégie du colibri, où chacun apporte sa petite pierre à la protection de l’environnement, ne pèsera cependant pas lourd en 2050.
En 2050, il faudra selon le Giec que nous ayons tous divisé par cinq nos émissions de CO2 ou encore divisé par dix notre consommation d’eau pour limiter le dérèglement climatique et vivre sur une planète supportable.
Après dix ans de recherches, Caroline Pultz (éco-designer) et Corentin de Chatelperron (ingénieur) ont voulu imaginer l’appartement de ce futur… pas si lointain, avec le mode de vie qui va dedans. « On est aussi partis du constat que tout le monde nous disait qu’il fallait que nos modes de vie changent, mais que personne n’apportait de solutions », confie Corentin de Chatelperron, par ailleurs fondateur du Low-tech Lab et de Biosphère-expérience.
Après avoir mené plusieurs projets et recensé à travers le monde des solutions low-tech, voilà donc ces technologies utiles, simples, réparables et économes en ressources, mises en application (avec le support d’experts) dans une « biosphère urbaine ». Attention, vous n’êtes peut‑être pas prêts…
Entre douche brumisante et élevage de grillons
Au fil des huit épisodes (de 17 minutes) de la web-série réalisée par Valentin Baillet et Ronan Letoqueux pour ARTE.tv, on découvre par exemple comment se confectionner un lit et isoler un appartement à base de chanvre. Soit. Mais aussi faire sa lessive avec un lave-linge raccordé à un rameur afin d’éviter de consommer de l’électricité (tout en faisant du sport, l’équivalent de 7 km pour une lessive !). Pourquoi pas.
On apprend comment se laver avec une douche brumissante au milieu d’une culture de champignons comestibles qui poussent sur un mur végétal… Ou que l’on peut faire pipi et caca dans des toilettes vivantes dans lesquelles des larves de mouches soldats réduisent par cinq le volume de nos excréments.
Et l’on note les recettes pour élever des grillons afin de confectionner de bons petits plats en les cuisinant sur des plaques de cuisson alimentées par notre propre biogaz.
Des tutoriels sont également disponibles en ligne pour passer au low-tech en fabriquant un four solaire, un moteur à énergie musculaire, de la lessive en poudre, cultiver des pleurotes… ou encore élever des mouches soldats : wiki.lowtechlab.org.
Les premiers retours du public sur cette expérience semblent un peu contrastés : « la douche brumissante, les gens la veulent, bien qu’il y ait un frein technique à son développement. Ils sont moins adeptes des grillons dans l’assiette, c’est un frein culturel dans une société où l’on a tendance à rejeter le vivant des villes », constate Corentin de Chatelperron.
Des réussites et des échecs
« Plein de trucs ont bien marché. D’autres, comme le “biodigester” pour produire notre gaz, ou la culture de la spiruline ont mal fonctionné », confie Corentin qui raconte cette aventure low-tech dans son livre L’appart du futur (Actes Sud/ARTE Éditions).
Bon point : avec Caroline Pultz, Corentin de Chatelperron a dépassé l’objectif de réduction de consommation d’eau (1,6 m³ seulement, consommés en 120 jours). Mais mauvaise surprise : malgré leurs efforts, souvent importants, Caro et Coco ont quand même émis 2,9 tonnes de CO2 (contre les 2 tonnes qu’ils espéraient atteindre). « C’était le coup dur à la fin : savoir que ces deux tonnes constituaient un objectif hyper-ambitieux », déplore Corentin.
Néanmoins, il ressort beaucoup de positif de cette expérience qui vient développer de nouveaux imaginaires, notamment pour les plus jeunes qui peuvent redécouvrir quelques éléments de L’Appart du Futur, actuellement exposés à La Maison de la Planète de Boulogne-Billancourt : La Maison de la Planète. D’autant, assure Corentin, qu’il y a vis-à‑vis d’eux « un vrai problème avec les promesses d’Elon Musk et les films de science-fiction ». Selon l’ingénieur : « beaucoup de gens ont envie de changer les choses mais se sentent isolés. Dès qu’ils sont plus nombreux, dès qu’ils sont des centaines, cela prend beaucoup de puissance. Ils passent du statut de marginaux à celui de pionniers ».
*72, allée du Forum, du mercredi au samedi de 9h00 à 12h00.
Mots-clés : écologie, appartement low-tech, empreinte carbone, ARTE, Boulogne-Billancourt, France
