Le Green Deal européen en danger : quel avenir pour l’écologie ?

par Olivier
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Le Green Deal européen en danger : quel avenir pour l'écologie ?
France, Allemagne, Italie, Hongrie
Xavier Regnier

En France et en Europe, les appels à réduire les normes environnementales se multiplient. La montée de l’extrême droite, le retour à la présidence de Donald Trump, la distorsion de concurrence et la course à l’intelligence artificielle créent un contexte particulièrement favorable aux industriels, qui mettent en avant le risque d’un déclin économique de l’Europe. Olivier Costa, politologue, met en garde : revenir sur ces textes, parfois complexes, aura des conséquences directes sur la capacité de l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques.

La semaine dernière, le Sénat a avisé une réintroduction des néonicotinoïdes, insecticides nocifs pour les pollinisateurs, interdits en France depuis 2018. Actuellement, la France se distingue par des normes plus strictes que celles de l’Union européenne, où ces pesticides sont toujours autorisés. Cependant, ce recul s’inscrit dans une tendance inquiétante de « dérégulation » des normes environnementales dans les Vingt-Sept.

« Ce genre de discours n’est pas nouveau, » nuance Costa, habitué aux va-et-vient entre régulations visant à protéger les citoyens et arguments selon lesquels les normes étouffent l’économie. À Bruxelles, les appels à défaire le Green Deal se font de plus en plus pressants, notamment en provenance de pays comme l’Italie et la Hongrie. Albin Wagener, enseignant-chercheur, évoque une forme de climatoscepticisme de plus en plus influente qui remporte des batailles économiques et politiques.

L’influence de Donald Trump

La conjoncture politique actuelle est moins favorable à l’écologie qu’en 2019, lorsque les Verts avaient connu un sursaut significatif. Les dernières élections européennes ont révélé une avancée de la droite et de l’extrême droite dans les pays membres. Olivier Costa évoque également l’impact de l’agressivité commerciale de la Chine et le scepticisme alimenté par la présidence de Donald Trump, ce dernier contribuant à une mythologie de la sortie d’accords climatiques sans conséquences significatives.

Au sein de l’UE, des nations comme l’Allemagne et la France envisagent de revenir sur l’interdiction des moteurs thermiques pour 2035, tandis que des critiques concernant la directive « CSRD » se font entendre.

Climatoscepticisme ambiant

Le ministre français chargé de l’Europe évoque a plaidé pour une « pause réglementaire massive », servant les intérêts des entreprises. Selon Costa, la mise en place de règles pour répondre aux objectifs de l’accord de Paris se heurte à des enjeux économiques. Les industriels exploitent cette situation pour revendiquer une distorsion de concurrence avec les États-Unis.

Les gouvernements adaptent également leurs politiques au contexte actuel, utilisant l’argument de la nécessité d’un équilibre entre militance écologique et climatoscepticisme. Le climat ne semble plus être une priorité, et l’économie prédomine.

La fin du pacte vert, une fausse solution

Toutefois, abandonner le Green Deal ne suffira pas à résoudre le déclin économique de l’Europe. Costa met en garde : « L’Union européenne n’a quasiment pas de pétrole et n’est pas forte en IA ; supprimer les règles ne permettra pas de faire face aux États-Unis. » Au contraire, il plaide pour le développement continu des technologies vertes, dans lesquelles l’Europe demeure en avance.

Retoucher le Pacte vert aurait des répercussions sur la capacité de l’Europe à remplir ses engagements climatiques. Wagener alerte sur les conséquences à long terme, notamment l’augmentation des enjeux sanitaires liés à la pollution. Récemment, des analyses ont montré que 43 % des échantillons d’eau du robinet contenaient des « polluants éternels ». Que se passera-t-il si les lois deviennent moins ambitieuses ?

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