En pleine vague de canicule qui frappe la France, notamment le Sud-Ouest, la température a atteint 41,6 °C cet après-midi à Bordeaux, la capitale de la Nouvelle-Aquitaine, battant ainsi le précédent record de 41,2 °C enregistré le 23 juillet 2019, selon Météo-France.
La chaleur s’est intensifiée tout au long de la journée : la barre des 30 °C a été franchie dès le matin, et à midi, le thermomètre affichait déjà 36 °C. Conséquence directe, la fréquentation à Bordeaux était bien moindre qu’à l’accoutumée, les habitants et touristes préférant se diriger vers l’océan lorsque c’était possible.
Le miroir d’eau, emblématique aménagement situé sur les quais face à la place de la Bourse, a été l’un des endroits les plus fréquentés. Les familles et visiteurs n’ont pas hésité à venir s’y rafraîchir malgré la chaleur écrasante. Marylène, une Bordelaise, raconte : « On a beau être du Sud-Ouest et habituées aux fortes chaleurs, on s’est quand même fait avoir : on est sorties sans eau et sans brumisateur. » Elle et son amie Kathleen de Toulouse ont donc aussitôt décidé de s’équiper avant d’aller se promener dans des ruelles ombragées et découvrir une nouvelle librairie rue Saint-James.
Kathleen ajoute avec humour qu’elles auraient sans doute préféré aller à la plage plutôt qu’affronter la canicule urbaine. « On y est allées samedi, on aurait dû faire l’inverse. »
Léa, une autre Bordelaise, habitante de la rive droite, souligne les effets aggravants des bâtiments en pierre, qui stockent la chaleur qu’ils restituent ensuite : « En ville, on subit beaucoup plus les canicules. Heureusement, j’ai de la famille à la campagne et cet après-midi, je pars me réfugier dans une maison dans les Landes, où l’air est plus frais près de l’océan. » Elle juge ces épisodes de chaleur répétés, qui s’intensifient d’année en année, « clairement anxiogènes » et appelle chacun à agir à son niveau face au réchauffement climatique, même si le défi reste immense.
Lorraine, originaire de Bordeaux mais installée à Lille, profite des heures plus fraîches du matin pour visiter la ville avant de retourner chez ses parents à Gradignan. Là, une petite piscine gonflable aide à faire face à la chaleur, tout en veillant à une consommation d’eau raisonnable. Julien, en vacances avec sa famille, partage la même stratégie en se réfugiant dans une maison équipée de climatisation et d’une piscine.
Mesures municipales face à la canicule
Face à la vigilance rouge en vigueur et la canicule qui s’intensifie, Bordeaux est en alerte maximale. Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient et de l’économie sociale, explique que cette vague caniculaire a débuté vendredi avec une alerte jaune, passée à orange puis à rouge. La journée de mardi reste également sous surveillance maximale avant une légère baisse mercredi, suivie d’un nouveau pic prévu en fin de semaine avec des températures proches des 39 à 40 °C.
La municipalité a mis en œuvre des politiques de prévention ciblant les personnes les plus vulnérables, notamment un fichier recensant 3 600 personnes âgées de plus de 70 ans à contacter régulièrement.
Par ailleurs, un plan de végétalisation ambitieux a été lancé pour « rafraîchir » la ville à long terme, avec 57 000 arbres supplémentaires. Ces efforts sont cependant compliqués dans le centre historique où la protection du patrimoine architectural limite souvent la végétalisation, imposée par l’architecte des bâtiments de France. Malgré cela, des espaces de fraîcheur ont pu être créés dans divers quartiers.
Sur le court terme, des brumisateurs et fontaines à eau ont été installés dans les espaces publics. Les horaires des parcs et jardins sont étendus jusqu’à 23 heures, et ceux des piscines jusqu’à 20 heures, avec une surveillance prolongée des plages jusqu’à 20 heures également. Certaines cours d’école végétalisées restent ouvertes les week-ends et pendant les vacances afin d’offrir un espace rafraîchissant aux habitants dépourvus d’extérieur.
« Nous faisons face à un défi immense pour rafraîchir la ville, souligne l’élu, car nos villes ont pris retard face à l’accélération du réchauffement climatique. »