Savoir : ce que la série « Making a Murderer » a omis de révéler
Lorsque la série documentaire est parue en décembre 2015, elle a immédiatement suscité de vives polémiques autour de la culpabilité ou de l’innocence de Steven Avery et de son neveu Brendan Dassey. Réalisée sur treize ans, la série, répartie en dix épisodes, présente interviews, extraits d’archives et éléments de contexte, mais laisse paraître des zones d’ombre susceptibles de modifier la perception du procès et la personnalité d’Avery.
La série relate l’histoire d’un homme du Wisconsin, injustement condamné pour agression sexuelle et réhabilité par la suite grâce à la preuve ADN, avant d’être à nouveau reconnu coupable d’un homicide impliquant la photographe Teresa Halbach, âgée de 25 ans. Les avocats de Steven Avery et de Brendan Dassey luttent pour faire annuler leurs condamnations, arguant que leurs clients n’auraient rien à voir avec le crime.
Parmi les faits non évoqués, plusieurs éléments retiennent l’attention :
- Avant sa condamnation pour viol, Steven Avery était accusé d’avoir exercé des violences envers son épouse, Lori. Selon un rapport de police du comté de Manitowoc, sa belle-sœur dénonçait des coups portés par Avery, qui auraient poussé Lori à chercher refuge dans un centre d’aide contre la violence domestique.
- Après son exoneration, Avery entama une relation avec Jodi Stachowski, également présentée dans la série comme une alliée. Or, Jodi révéla plus tard que Steven l’aurait menacée de mort, à elle et à sa famille. Elle confia même avoir simulé son soutien pour se protéger et s’éloigner de lui, allant jusqu’à prendre des mesures extrêmes pour fuir cette relation.
Autre élément important, les antécédents d’accusations de violences sexuelles à l’encontre d’Avery n’ont pas été intégralement explorés. Outre des menaces ayant visé un de ses cousins, des allégations font état d’un comportement agressif ; une jeune fille aurait été intimidée par Avery, qui l’aurait menacée avec une arme pour qu’elle ne révèle pas des faits d’agression. Une autre victime, qui n’osa jamais porter plainte par peur de représailles, a également confié avoir été agressée par lui.
La série évoque rapidement la condamnation d’Avery pour viol et tentative de meurtre, avant d’être disculpé par une preuve ADN. Cependant, le passé de l’accusé, marqué par d’autres allégations d’agressions sexuelles, demeure en retrait des faits présentés.
Un autre détail non abordé concerne l’implication de la photographe Teresa Halbach, venue pour réaliser un reportage automobile sur la propriété d’Avery. D’après des témoignages recueillis par divers médias, Halbach avait déjà visité les lieux et, ce qui la mettait mal à l’aise, aurait vu Avery apparaître vêtu uniquement d’une serviette, un détail qui aurait influencé sa décision de ne plus revenir. Le jour de sa disparition, Avery aurait même interdit à la revue de recourir à son nom, prétextant une précédente rencontre, et les relevés téléphoniques montrent plusieurs appels masqués de sa part.
Certains considèrent que ces appels pouvaient servir d’alibi, permettant à Avery d’avancer que Halbach ne s’était pas présentée lors du rendez-vous prévu.
Un autre point déterminant concerne l’évidence ADN. Alors que la série laissait entendre que des preuves auraient pu être trafiquées par les forces de l’ordre, l’élément de sueur découvert sur le véhicule de Halbach, et attribué à Avery, renforce la thèse d’un contact direct avec la victime. Le procureur Ken Kratz souligne qu’il serait presque impossible de planter une preuve de sueur de cette manière, d’autant plus que cette trace ADN fut présentée lors du procès, même s’il fut évoqué que le transfert pouvait théoriquement provenir d’une négligence lors de la manipulation du véhicule par un agent.
Enfin, des révélations choquantes concernent Brendan Dassey, le neveu d’Avery, qui affirme que ce dernier l’aurait abusé sexuellement, ainsi que ses frères. Les déclarations de Dassey, faites lors de son interrogatoire, évoquent des contacts inappropriés qui renforceraient la pression subie par le jeune homme, dont le faible QI aurait facilité la manipulation par Avery. Malgré ces allégations, l’avocat d’Avery maintient son innocence.