Gestion de la sexualité des animaux en captivité en France

par Olivier
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Gestion de la sexualité des animaux en captivité en France
France

L’essentiel

  • L’émission Planète C s’est rendue dans un zoo de Bretagne, avec deux anciens soigneurs, pour comprendre la gestion de la sexualité des animaux captifs en France.
  • La reproduction est coordonnée par l’Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA), qui regroupe plus de 400 structures et décide quels individus peuvent se reproduire entre eux.
  • Les zoos recourent principalement à deux méthodes de contrôle des naissances : la séparation des sexes dans les enclos ou la contraception hormonale (pose d’implants).
  • En cas de naissances non souhaitées, certains parcs pratiquent le « culling » : l’abattage ou l’euthanasie des nouveau-nés. Cette pratique est assumée dans les pays nordiques, mais reste taboue en France.
  • Le thème de la sexualité animaux captivité est au cœur des débats soulevés par ces pratiques.

Des images qui relancent la polémique

Cet été, des vidéos tournées par une association ont montré deux soigneurs penchés sur une orque mâle de Marineland : l’un pratiquant une stimulation sexuelle pendant que l’autre le maintient au bord du bassin. Ces images, largement diffusées sur les réseaux, ont suscité une forte indignation. Le parc aquatique d’Antibes a défendu l’acte comme une réponse aux pulsions liées à la puberté de l’orque, justification contestée par des associations de défense animale qui y voient un entraînement au prélèvement de sperme.

Face à ces révélations se pose la question : comment la sexualité des animaux en captivité est-elle encadrée, que prévoit la loi et quels actes sont réellement pratiqués ?

Une sexualité gérée au niveau européen

Valentin Gillet, assistant chef soigneur au Safari de Peaugres (Ardèche), décrit une organisation stricte encadrant les accouplements : « Les zoos ne décident pas seuls des individus qui se reproduisent entre eux ». Le parc de Peaugres appartient à l’EAZA, qui coordonne les programmes de reproduction à l’échelle européenne.

Un coordinateur, nommé par l’association, tranche en fonction de paramètres génétiques pour déterminer quels individus doivent se reproduire et dans quelles structures ils doivent être placés.

La contraception animale… un cadavre dans le placard ?

Loïck Aubry, ancien soigneur, et Jérôme Pensu, expert contre le trafic d’animaux sauvages, ont décrit les coulisses d’un parc breton où ils ont travaillé. Dans certains espaces où les animaux vivent en semi-liberté, le contrôle des naissances est difficile, selon eux. Ils évoquent une « hypersexualité » liée aux conditions d’enfermement et une prolifération conduisant parfois à l’euthanasie.

La méthode la plus courante reste la séparation des sexes dans les enclos. Lorsqu’elle est impossible pour certaines espèces ou certains parcs, on recourt aux implants hormonaux. Mais ces dispositifs entraînent des effets secondaires : selon Muriel Arnal, fondatrice d’une association de protection animale, chez les cétacés ils peuvent provoquer kystes et cancers. Ils peuvent aussi altérer la fertilité à long terme, comme cela a été observé chez une lionne du Safari de Peaugres devenue stérile après le retrait d’un implant, d’après Valentin Gillet.

Que deviennent les petits de ces accouplements ?

Pour l’Assistant Chef Soigneur, les parcs se veulent « une réserve génétique d’animaux menacés » et redistribuent ensuite les petits selon les besoins de reproduction ou d’exposition décidés par les coordinateurs.

Cependant, des militants dénoncent une mauvaise gestion de ces plans de reproduction et remettent en cause l’objectif de conservation : en captivité, la consanguinité est presque inévitable et certains animaux descendent d’un seul couple, ce qui fragilise la viabilité des populations. C’est le cas cité d’okapis et de rhinocéros indiens exposés dans des parcs européens.

« Le taux de consanguinité est saturé […] les individus sont pratiquement tous génétiquement dégénérés. On peut relâcher des animaux consanguins dans la nature, et estimer qu’elle fera le ménage, mais le taux de mortalité chez les jeunes est sûrement dû à cette problématique de la consanguinité », explique Jérôme Pensu.

Certains lionceaux nés dans des parcs français sont, selon ces témoignages, non viables et euthanasiés par injection léthale.

Le culling, ou l’euthanasie des petits

Des naissances peuvent être jugées non souhaitées pour des raisons de place ou de coût. Lors de sa première journée comme assistant soigneur dans un parc de Bretagne, Loïck affirme avoir assisté à la mise à mort brutale de deux chevreaux non désirés. Cette pratique, nommée « culling », est ouverte dans certains pays nordiques, notamment pour les girafons et lionceaux, mais reste très taboue en France. Valentin Gillet nie que ce soit la politique de son parc.

Jérôme dénonce par ailleurs un faible taux de réintroduction dans les habitats naturels et accuse certains zoos de se focaliser sur le maintien de leurs collections plutôt que sur la conservation effective des espèces.

« Aujourd’hui, la disparition progressive des zones sauvages, le braconnage, la concurrence avec l’Homme, la pollution des habitats naturels et le changement climatique engendrent la disparition accélérée des biotopes pouvant abriter ces animaux, et freinent la réintroduction pérenne des individus dans un habitat naturel viable. »

Pratiques nécessaires ou déchirantes ?

En France, les textes encadrant la détention d’animaux sauvages ne précisent pas les méthodes de contrôle des naissances autorisées. La contraception est permise à condition de respecter « les principes de bien‑être animal », sans détail sur les techniques admises.

La question est posée : la meilleure façon de protéger ces espèces ne serait‑elle pas, avant tout, de préserver leurs habitats naturels ?

Retrouvez la vidéo entière en haut de l’article, et l’émission Planète C tous les lundis à 16h00.

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