Le mariage tumultueux de Nina Simone : amour et souffrance

par Olivier
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Le mariage tumultueux de Nina Simone : amour et souffrance
États-Unis, France

Nina Simone, 1969

Née Eunice Kathleen Waymon en 1933 à Tryon, en Caroline du Nord, Nina Simone est devenue une icône incontournable de la musique américaine du XXe siècle. Prodige du piano, elle jouait d’oreille dès l’âge de trois ans, ancrée dans une famille profondément religieuse, sa mère étant une pasteure méthodiste et son père un prédicateur laïque. Brillante élève et major de sa promotion, elle rêvait pourtant de poursuivre une formation musicale supérieure, un projet malheureusement contrarié par des pratiques discriminatoires et des difficultés financières.

Acceptée à la célèbre Julliard School de New York dans l’espoir de devenir la première pianiste de concert afro-américaine majeure, elle dut abandonner ses études faute de moyens. Refusant de se résigner, Nina Simone se produisit alors dans des clubs d’Atlantic City sous un nom de scène qui allait devenir légendaire. De cette modeste entrée en matière naquit une carrière exceptionnelle : elle enregistra plus de 90 albums entre 1958 et 1974, mêlant habilement jazz et musique classique.

Parmi ses succès, on compte six morceaux classés dans le Top 100, dont le célèbre « I Loves You Porgy » en 1959. Au-delà de son héritage musical, Nina Simone s’est aussi imposée comme une voix forte du mouvement des droits civiques. Pourtant, derrière cette figure publique rayonnante, sa vie privée fut marquée par de profondes souffrances.

Nina Simone et sa fille, Lisa

Deux mariages jalonnèrent sa vie sentimentale, le premier, court, avec un homme blanc lié à la scène nocturne d’Atlantic City, et le second, plus connu, avec Andrew « Andy » Stroud, ex-détective à Harlem devenu son manager. Leur rencontre en mars 1961 précéda rapidement leur union puis la naissance de leur fille Lisa en septembre 1962. Cette période coïncida avec l’apogée de sa carrière et son installation avec sa famille à Mount Vernon, une banlieue verdoyante de New York.

Malgré le succès artistique, la réalité restait sombre. L’épuisement dû aux tournées incessantes, ainsi que des troubles psychiatriques dont le public ne prit pleinement conscience qu’après sa mort en 2003, assombrissaient son quotidien. Les journaux intimes de Nina Simone, publiés en 2010, dévoilent des violences conjugales régulières, reflétant une douleur profonde : « Ces coups, je ne les supporte pas », écrivait-elle, « ils détruisent tout en moi – ma confiance, ma chaleur, mon esprit. »

Nina Simone en fin de vie

Le divorce de Nina Simone en 1970 marqua la fin de cette union tumultueuse, mais pas la fin de ses combats personnels. En protestation contre la guerre du Vietnam, elle refusa de payer ses impôts, ce qui la poussa à fuir les États-Unis, débutant par la Barbade, puis le Libéria, avant de mener une vie errante à travers l’Europe. Malgré l’éloignement, ses luttes contre la maladie mentale – vraisemblablement un trouble bipolaire – persistaient.

Elle finit par s’installer en France, pays où elle enregistra son dernier album en 2003, l’année même où elle succomba à un cancer du sein. Son parcours, marqué par des traumatismes profonds sur fond de réussite artistique, témoigne de la force et de la résilience d’une femme qui, malgré la douleur, a su laisser une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique et des droits civiques.

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