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À Biarritz, les températures ont atteint 27 °C le 12 novembre, soit plus de 12 °C au‑dessus des normales saisonnières : un constat qui illustre la chaleur exceptionnelle dans le Sud-Ouest en novembre. Ce phénomène, qualifié d’« hallucinant pour une mi-novembre », soulève des interrogations sur ses causes et ses conséquences à court et moyen terme.
Comment expliquer cette chaleur pour un mois de novembre ?
La situation s’explique principalement par un flux de sud établi autour d’une dépression profonde nommée Claudia, positionnée au proche Atlantique. Les dépressions tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre : ici, elles entraînent un vent de sud qui ramène de l’air doux, voire chaud, depuis des latitudes plus basses — en l’occurrence l’Espagne et le nord du Maroc.
À cela s’ajoute un effet de foehn lors de la traversée des Pyrénées. L’air qui s’élève sur les reliefs forme des nuages puis, en redescendant côté nord, se comprime et se réchauffe : il devient alors sensiblement plus chaud que la température qu’il avait à la même altitude de l’autre côté de la chaîne. La combinaison de cet apport d’air méridional et de l’effet de foehn explique les températures remarquables observées, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques.
Quel est le lien entre cet air doux et les poussières désertiques ?
Les poussières du Sahara ne sont pas la cause principale de la hausse actuelle des températures. Le point commun est le vent de sud : ce dernier peut arracher du sable au désert saharien et le transporter jusqu’en France. Ces particules peuvent épaissir un voile nuageux et opacifier le ciel, diminuant la luminosité.
« Au gré d’une situation météo favorable, les aérosols désertiques vont passer par la France à partir de mercredi soir. Prévision 11-15 nov 2025 – modèle #MOCAGE domaine régional #CNRM @meteofrance.com : contenu total en aérosols désertiques sur la colonne atmosphérique. #dust #saharandust »
Même si le sable saharien n’augmente pas directement la chaleur, il peut nuire aux glaciers et à la couverture neigeuse via l’effet d’albédo. La neige propre réfléchit la majeure partie du rayonnement solaire ; si elle est recouverte de sable, la surface devient plus sombre et absorbe davantage d’énergie, ce qui favorise la fonte. Dans les conditions actuelles, ce risque n’est pas assuré, mais il demeure possible en novembre.
Ces températures sont-elles inédites ?
Les conditions observées cette semaine donnent lieu à des valeurs quasi estivales dans le Sud-Ouest : minima proches ou supérieurs à 20 °C à Biarritz et maximales attendues entre 24 et 27 °C, voire légèrement plus localement. Avoir une minimale n’étant pas descendue sous 20 °C est rarissime dans l’histoire de la station — c’était déjà arrivé une seule fois récemment.
Cependant, il ne s’agit pas nécessairement de la journée de novembre la plus chaude à l’échelle nationale : des journées de novembre 2015 ont enregistré des valeurs supérieures. En revanche, les températures minimales observées pourraient compter parmi les plus douces jamais relevées pour une matinée de novembre.
À partir de vendredi, la situation devrait se dégrader avec l’arrivée d’un temps plus perturbé (pluies, nuages, vents) et une bascule progressive vers une circulation d’ouest puis du nord‑ouest. Les températures retomberont nettement : on passera d’une moyenne proche de 21 °C dans le Sud cette semaine à environ 11 °C la semaine suivante, avec des gelées possibles dans la moitié nord du pays et dans les vallées montagneuses du sud.
Peut‑on attribuer ces valeurs au réchauffement climatique ?
Le vent de sud lui‑même n’est pas une conséquence directe du changement climatique. En revanche, le fait que ces masses d’air atteignent des températures aussi élevées en novembre est partiellement lié au réchauffement climatique : l’air apporté depuis l’Espagne et le nord du Maghreb est déjà plus chaud que la normale. Des études d’attribution pourront plus tard quantifier précisément dans quelle mesure le réchauffement a amplifié ces valeurs dans la situation météorologique donnée.
