Science
Les poulpes sont des créatures fascinantes, dotées d’une intelligence remarquable. En effet, ils comptent environ 130 millions de neurones, la majorité étant localisés dans leurs huit bras, leur permettant ainsi de naviguer dans des labyrinthes, résoudre des problèmes complexes et mémoriser des solutions. Outre leurs prouesses intellectuelles, ces invertébrés possèdent des caractéristiques physiologiques surprenantes : trois cœurs dont deux propulsent le sang au-delà des branchies tandis que le troisième assure la circulation vers les autres organes.
Contrairement à d’autres animaux, le poulpe ne dispose pas de squelette. Ses bras sont constitués d’une corde nerveuse et de trois faisceaux musculaires. La perte d’un bras peut survenir à la suite d’une blessure, d’une attaque de prédateur, ou même par auto-cannibalisme, un processus souvent douloureux. Cependant, aussitôt qu’un bras subit un traumatisme, un processus de régénération démarre, donnant naissance à un membre neuf et fonctionnel.
On a même observé que les bras détachés semblent posséder une autonomie surprenante, réagissant pendant près d’une heure après leur détachement, et, si une source de nourriture est présente, tentant de se nourrir.
Le processus de régénération s’effectue par un phénomène nommé morphallaxie, qui consiste en la réorganisation des tissus pour favoriser la croissance de nouveaux éléments sans formation de cicatrice. Ainsi, les cellules prolifèrent pour recouvrir la plaie, divisant et se spécialisant afin de former, entre autres, les ventouses et les faisceaux nerveux. Un rôle clé est joué par une protéine spécifique nommée AChE.
Voici quelques points clés sur ce mécanisme fascinant :
- En trois jours, les cellules couvrent la blessure et adoptent une forme initiale semblable à un crochet.
- Après deux semaines, se forment les cellules souches et les vaisseaux sanguins.
- En environ 130 jours, soit quatre mois, le bras régénéré atteint une fonctionnalité et une taille complètes.
Une étude de 2013 a permis d’amputer une petite extrémité de bras et de constater que les niveaux d’AChE augmentaient significativement pendant la formation des ventouses, pour ensuite revenir à la normale une fois le bras entièrement reconstruit. Les scientifiques espèrent ainsi approfondir la compréhension du rôle de l’AChE dans ce processus, ce qui pourrait un jour révolutionner la médecine régénérative appliquée aux membres humains.
