Un minuscule fossile en ambre réécrit l’histoire des oiseaux
Il est facile d’imaginer les animaux modernes comme les héritiers directs de géants jurassiques : beaucoup d’espèces préhistoriques ressemblent à des versions énormes de leurs descendants actuels. Parmi ces géants, on retient des noms évocateurs — du serpent colossal Titanoboa aux crocodiles antiques comme Machimosaurus rex — et bien sûr le Tyrannosaurus rex, littéralement le « roi des lézards tyrans », champion de la pop culture selon Live Science.
Cependant, la découverte d’un spécimen minuscule enfermé dans l’ambre change radicalement cette image : elle montre que, du côté des dinosaures, la taille pouvait aussi pencher à l’extrême petit. Ces observations invitent à repenser les trajectoires évolutives qui mènent des théropodes — ancêtres des oiseaux — aux formes aviennes modernes, comme le notait l’Australian Broadcasting Corporation.
Un crâne vieux de 99 millions d’années
En 2016, les scientifiques ont mis au jour un crâne pris dans l’ambre et daté d’environ 99 millions d’années, provenant du nord du Myanmar. Le fossile a immédiatement attiré l’attention par sa taille extrêmement réduite : la boîte crânienne mesurait à peine un peu plus de 7 millimètres.
Ce minuscule crâne appartient à une espèce jusqu’alors inconnue nommée Oculudentavis khaungraae. Les chercheurs, dont le paléontologue Luis Chiappe, ont présenté l’étude dans la revue Nature, soulignant l’absence d’équivalent dans le registre fossile de roche (lithique) en raison de sa dimension exceptionnelle.
- Taille du cerveau / boîte crânienne : ~7 mm, comparable au colibri-abeille, l’oiseau le plus petit aujourd’hui.
- Morphologie : larges orbites et bec pourvu de dents — un mélange surprenant de traits aviens et reptiliens.
- Régime probable : insectivore, adapté à capturer de petites proies.
- Origine de la petite taille : possiblement liée à la miniaturisation observée chez des espèces isolées, par exemple sur des îles.
Malgré ces indices, certains éléments du crâne restent énigmatiques : sa structure générale ne s’aligne ni sur celle des oiseaux actuels ni sur celle des théropodes classiques. Oculudentavis apparaît donc comme une anomalie biologique susceptible de modifier certaines interprétations de l’évolution des oiseaux.
Ces révélations illustrent à la fois la diversité des stratégies évolutives et la valeur exceptionnelle de l’ambre pour conserver des détails anatomiques rares, offrant des fenêtres inédites sur des formes de vie perdues et sur l’histoire profonde des oiseaux.